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Tchad : des chefs de partis politiques sous surveillance à N'Djamena


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 31 Octobre 2020



Des forces de police déployées vendredi près du siège des Transformateurs à N'Djamena. © DR/Image amateur
Des forces de police déployées vendredi près du siège des Transformateurs à N'Djamena. © DR/Image amateur
Des forces de sécurité étaient toujours visibles ce samedi aux abords de sièges et domiciles des leaders du PLD, Mahamat Ahmad Alhabo, de l'UNDR, Saleh Kebzabo et des Transformateurs Succes Masra.

"À l'heure où j’écris ces lignes, personne ne peut entrer chez moi. Je suis séquestré. Mais pour moi, la lutte ne fait que commencer", a réagi samedi après-midi Saleh Kebzabo sur les réseaux sociaux. "Ensemble avec mes amis de la vraie opposition et ceux de la société civile digne, nous organiserons vaille que vaille notre forum citoyen", a-t-il ajouté.

Joint par Alwihda Info, Succes Masra dénonce une situation qui vise à étouffer l'expression du désaveu. "On ne nous a pas expliqué, les gens qu'on a envoyé ne parlaient que Zaghawa entre eux (...) Ils ont bloqué l'entrée, les deux entrées principales du siège, en empêchant même aux riverains de passer. Sortir oui, mais entrer non. Et sans explications, on n'a pas reçu d'explications particulières", précise le président des Transformateurs.

Il estime que l'état d'urgence sert de prétexte aux autorités pour dissimuler l'impopularité :
"Pour nous, c'est révélateur. Il y a deux choses : je crois que le pouvoir actuel sait qu'il n'est pas populaire et que nous le sommes. Ils se sont cachés derrière l'état d'urgence qui a été prolongé pendant six mois, donc ça veut dire jusqu'aux présidentielles. Leur objectif c'est que jusqu'aux présidentielles, ils peuvent donner des autorisations à leurs partis, à leurs militants de se réunir. Ils peuvent organiser des caravanes, des déplacements, etc. Mais ils ne veulent pas que les Transformateurs puissent galvaniser les gens jusqu'aux élections présidentielles. Donc en se cachant derrière cela, on obligerait les gens d'une certaine manière à se cantonner. Deuxième chose, c'est que notre conférence de presse a été un franc succès, il y a plus de 100.000 personnes qui ont été touchées. Nous pensons que c'est tout ça qui leur fait peur. Ils ne veulent pas qu'on montre au visage du monde entier que les tchadiens, nombreux, n'aiment pas le pouvoir en place. M. Déby, je pense, il a là une dernière chance qui s'offre à lui pour redevenir quelqu'un de sérieux pour le pays à travers les décisions qui vont être prises au forum. 

Succes Masra souligne que les militants de la majorité présidentielle se réunissent sans difficultés, contrairement à l'opposition :
"On nous a interdit d'être dans la salle, maintenant on veut nous interdire d'organiser des réunions dans nos sièges pour pouvoir alerter, mobiliser et motiver nos militants. Je crois que tout ça n'a pas d'avenir. On a refusé aux Transformateurs de participer au forum, et maintenant on veut leur interdire de pouvoir discuter entre eux. On est en Corée du Nord ?

Quelqu'un est allé contrôler une réunion privée d'un membre du parti au pouvoir ? Il n'y a jamais eu de problèmes pour ça. Maintenant les réunions privées, il faut les notifier ? (...) On n'a pas eu d'explications, c'est incompréhensible. Ils sont plutôt dépassés par le nombre de tchadiens qui veulent autre chose. Nous avons nous aussi, aujourd'hui, un système de SMS automatiques qui permet de mobiliser des dizaines de milliers de gens en un message. Je crois que ces choses là les perturbent. Soit ils sont démocrates et ils acceptent le débat contradictoire ; ils ne peuvent pas interdire aux gens d'être dans le forum et en même temps interdire aux gens de se réunir.

On empêche aux riverains de rentrer chez eux, ça, il n'y a qu'un État voyou qui se comporte comme ça. (...) On vient mettre les véhicules pour bloqués les accès. Ça c'est un comportement de voyou."

Les précisions de la Police nationale

La Police nationale indique qu’elle ne fait qu’appliquer les textes. Elle rappelle les dispositions de l’arrêté conjoint n°35 signé le 2 mai 2020 par les ministres en charge des armées et de l’administration du territoire, portant réglementation des attroupements de personnes pendant l’état d’urgence sanitaire.

L’arrêté mentionne que sont interdits les attroupements sur la voie publique et aux domiciles privés, ainsi que l’organisation de réunions et retrouvailles.

Un responsable de la police nationale précise à Alwihda Info que des rassemblements ont lieu sans autorisation. Ainsi, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, les partis politiques peuvent se réunir mais à la condition qu'il y ait une autorisation du ministère de l'Administration du territoire.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)