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Tchad : des habitants de Gassi "traumatisés" par l'incinération d'un chinois


Alwihda Info | Par Djibrine Haïdar - 26 Février 2020



Tchad : des habitants de Gassi "traumatisés" par l'incinération d'un chinois. © Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : des habitants de Gassi "traumatisés" par l'incinération d'un chinois. © Djibrine Haïdar/Alwihda Info
L'avocat Maître Alain Kagonbé a fait part mardi de son indignation suite à un "scandale" qui s'est passé le 16 janvier 2020 au quartier Gassi à N'Djamena.

"Un citoyen chinois né le 9 août 1971 est décédé le 29 octobre 2019. Le corps a été conduit à Gassi, un quartier habité, pour semble-t-il être incinéré. A l'appui de cet acte, ce comportement cruel et dégradant, les gens ont brandi une soi-disant réquisition spéciale aux fins d'incinérer un corps", a expliqué Maître Alain Kagonbé, en présence d'habitants du quartier.

Faisant part de son incompréhension, il a estimé que les articles 192 et 197 du Code de procédure pénale visés dans la réquisition du substitut du procureur n'ont rien à voir avec l'incinération. "C'est un hors sujet".

L'avocat a souligné que l'incinération est un procédé qui tend à obtenir la crémation d'un sujet décédé, non pas dans un cercueil mais de recueillir les restes dans une urne. L'incinération doit se passer dans des conditions de dignité pour respecter la mémoire du défunt, mais aussi hygiénique pour ne pas exposer les autres.

"L'incinération ne consiste pas à allumer le feu et à bruler une personne, mais à mettre le cercueil dans un premier temps dans un four crématiste chauffé à 900°C. Le corps n'est pas brulé par les flammes mais par un four chauffé à 900°C. Les os sont réduits en cendres puis récupérés dans une urne qui soit est remise à la famille pour être conservée, soit la cendre va être éparpillée", selon l'avocat.

"Des grillades"

D'après Maître Alain Kagonbé, "on a assisté à ce qu'on peut appeler l'holocauste. C'est de l'holocauste, c'est des grillades. Ça s'est passé hors du respect de la dignité de la personne humaine, ça s'est passé dans un quartier habité. Des enfants, des femmes, des hommes ont été témoins de cet acte cruel. On n'incinère par le corps à l'air libre. Ils ont pris la personne qui n'était pas dans le cercueil, ils l'ont pris sur ce lit, ils ont monté des bois et des pneus et ils l'ont grillé dessus. Vous conviendrez avec moi que naturellement les os ne peuvent pas être réduits en cendres par ce procédé."

Il a affirmé "qu'aucune législation tchadienne n'autorise l'incinération. Même en Chine où l'incinération est faite, c'est fait dans un crématorium, hors de la vue des personnes. Et la personne n'est pas grillée au feu comme si l'on grillait la viande, comme si l'on était en train de rôtir une chèvre ou un mouton. Ce qui s'est passé c'est indigne. On n'a pas respecté la dignité humaine. Au lieu qu'on vienne amuser la galerie en disant que le procureur a pris des réquisitions spéciales, dans la procédure d'incinération l'autorisation est accordée par M. le Maire du lieu où il y a eu le décès ou de la mise en bière du défunt. Il n'y a pas eu autorisation de la mairie. Les habitants de Gassi ont été traumatisés, scandalisés, choqués. Que cet acte ne puisse plus jamais se répéter dans notre pays. Si on veut incinérer des corps, qu'il y ait des lois qui prévoient des procédures d'incinération des corps et qu'on construise des crématoriums. Que la personne ne soit pas grillée comme un méchoui."

La population de Gassi "témoin de ces affres a été extrêmement choquée", a souligné Maître Alain Kagonbé.

"Les gens ne peuvent plus manger de la viande parce qu'ils ont vu. Voilà le cerveau, excusez-moi, je suis obligé de vous dire exactement les choses comme telles. Le cerveau qui coule, qui explose dans l'orbite crânienne. Voilà les os, et ça on dit que c'est l'incinération ? Ça ne se passe dans aucun pays au monde, ça s'est passé à N'Djamena, une capitale. A Gassi, un quartier habité et habitable. Personne ne peut savoir exactement de quoi ce sujet est décédé", a conclu l'avocat qui a également présenté des images.

"Nous ne vivons pas dans un État de droit"

De l'avis de Ndormadjingar Abel, un habitant de ce quartier du 7ème arrondissement, "ce qui est arrivé à la population de Gassi est une situation réelle. Dans ce pays, c'est comme si nous ne vivons pas dans un État de droit. Les gens ne nous respectent pas dans ce pays. Nos autorités même ne font pas cas de nos populations. C'est ainsi que les chinois ont profité de la naïveté de l'État tchadien pour faire leur volonté."



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