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ANALYSE

Tchad : des tueries qui compliquent le vivre ensemble


Alwihda Info | Par Yana Abdoulaye - 14 Février 2022


Après une accalmie retrouvée au lendemain de la prise de pouvoir par le Conseil militaire de transition, la saison des tueries reprend au Tchad. Hier c’était Abéché et aujourd’hui c'est le Moyen Chari. Ces tueries mettent à mal le vivre ensemble dans le pays de Toumaï.


Des populations expriment leur colère au village Sandana, au Moyen-Chari. © DR
Des populations expriment leur colère au village Sandana, au Moyen-Chari. © DR
En moins d'’un mois seulement, le Tchad a enregistré deux actes de tueries exercées sur des paisibles citoyens. Les 24 et 25 janvier dernier à Abéché, dans la province du Ouaddai, une manifestation contre l’intronisation du chef de canton Bani-Halba a fait un 11 morts et une soixantaine de blessés selon le gouvernement. Or, d'autres sources évoquent un bilan de 21 morts, 82 blessés et des arrestations.

La responsabilité de ce massacre est imputée aux forces de l’ordre qui ont fait usage des balles réelles sur la population. Aujourd’hui c’est à Sandana, dans la province du Moyen Chari. Le décès des suites d’un accident occasionne un conflit éleveurs-agriculteurs. Des suites de ce conflit, le village Sandana a enregistré une vingtaine de morts.

Face à des tels événements tragiques, qualifiés de massacre d’une part et d’autre part d'actes de tuerie, les partis politiques et la société civile jugent inadmissible qu’une autorité interprète mal un fait qui fini par créé un conflit. Pour l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD) de Nialbé Romadoumgar Félix, ces violations flagrantes des droits humains entraînant des pertes en vies humaines. Elles sont érigées en règle rallongeant ainsi la macabre comptabilité des périodes sombre de notre histoire.

« À Abéché dans la province du Ouaddai, une répression sanglante s'est abattue sur des manifestants contre l’érection d’un canton le 24 janvier 2022. Et comme si cela ne pas suffit, il s’en est fallu de peu d'assister une fois de plus à une tragédie lors de la tentative d’intronisation du chef de canton de Donia dans le Logone occidental », constate le président du parti l’URD.

Dans la résolution de ces conflits, les autorités administratives figurent en premier sur la liste des responsables de ces actes. Félix Nialbé déplore des récurrentes immixtions du pouvoir politique et des créations arbitraires des cantons avec des chefs contestés.

Sandana, un accident mortel de la voie publique a causé la mort d’un éleveur de la communauté arabe de retour du ferrique. L’Imam de la localité a fait un constat de décès accidentel tandis que le chef de poste de la gendarmerie a conclu à la thèse d’un assassinat par les populations autochtones. « Cette conclusion hâtive a tourné à une boucherie humaine entraînant la mort d'au moins quinze personnes dont des enfants de bas âge et fait plusieurs blessés », informe Nialbé Romadoumgar Félix.

Pour le président du l’USPR, François Djekombé, rien ne saurait justifier de tels actes quand on sait que la mort de l’éleveur à l’origine cette barbarie serait accidentelle. « Et même si la thèse de l’accident n'est pas soutenable par les parents de la victime, dans un État de droit, il aurait été préférable de faire recours à la justice que de se faire justice soit même », estime l'USPR.

Le président de l'UNDR, Saleh Kebzabo, demande aux jeunes de prendre leur destin en main. « Jusqu’à quand ? », s’est interrogé le président de l’UNDR. Il affirme sur sa page Facebook « qu’il ne suffit plus de s'indigner devant le massacre des compatriotes des zones rurales. Il faut immédiatement trouver des solutions pour que ces barbaries s’arrêtent ».

Le leader politique Nialbé Romadoumgar Félix exige du Conseil militaire de transition et le gouvernement de la transition une enquête indépendante situant les responsabilités et prend à témoin l’opinion nationale et internationale face à la tuerie de Sandana. Nialbé Félix demande à ce que les auteurs et leurs complices soient traduits devant les juridictions ; une indemnisation des victimes et des ayants droits ; un démantèlement systématique de tous les ferriques ; et des nominations objectives de gouverneurs, préfets et commandants des légions militaires tenant compte du critère d’homogénéité dans les unités de commandement.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)