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TCHAD

Tchad : disparition d'antipaludiques, une "situation anachronique, quasi institutionnalisée"


Alwihda Info | Par Dr. Djiddi Ali Sougoudi - 22 Juillet 2019


Le coordonnateur du Programme National de Lutte contre le paludisme (PNLP), Dr Djiddi Ali Sougoudi, médecin infectiologue et paludologue, réagit par rapport à l’intervention du délégué général du Gouvernement auprès de la commune de N'Djamena, Djibert Younous et apporte des précisions sur la lutte contre le paludisme.


L'insalubrité à N'Djamena, au Tchad. © Alwihda Info/archives
L'insalubrité à N'Djamena, au Tchad. © Alwihda Info/archives
Dr Djiddi Ali Sougoudi : le site Alwihda Info rapporte ce qui suit : « Il (le délégué) a affirmé que des instructions fermes ont été données par le chef de l'Etat au ministère de la Santé publique, "pour que les vaccins du paludisme soient gratuits dans tous les centres de santé". »

Je tiens à préciser qu’il n’existe aucun vaccin homologué et efficace à 100% au Tchad ni ailleurs et qu’il faut lever toute confusion entre vaccin et médicaments antipaludiques. Le seul vaccin candidat sérieux contre le paludisme, protégeant à 40%, ce qui est d’ailleurs encourageant, est encore en phase de test dans trois pays africains qui sont le Malawi, le Kenya et le Ghana. Le Tchad n’a pas reçu l’ordre de l’appliquer et attend les résultats de cet essai.

Par contre, les Tests de Diagnostic Rapide (TDR) et les médicaments antipaludiques ont été donnés gratuitement aux 1500 centres de santé du Tchad au mois de mai 2019 pour trois (3) mois de traitement et deux (2) de stock de sécurité. Ces médicaments efficaces, très fiables avec un contrôle-qualité fait au CHMP de Paris, sont déposés au « dernier-kilométrage » c’est-à-dire aux centres de santé sans passer par les délégations sanitaires et les districts pour éviter une rétention des produits pour diverses raisons de logistique ou de pénurie artificielle ou retard quelconque de livraisons.

J’ai lu sur le même site ce qui suit : « Mais, là également, nous constatons que des agents véreux essayent de vendre ces médicaments à la population ou refusent carrément de soigner ces malades si la personne n'a pas d'argent. Vous, chefs de carrés et chefs de quartiers, vous êtes plus près de la population et c'est une mission que nous vous confions. Vous vérifierez et nous signalerez à temps pour que ces agents répondent de leurs actes", a indiqué Djibert Younous. »

Je confirme qu’effectivement de nombreux responsables des centres de santé n’arrivent pas à tracer et justifier la disparition des antipaludiques et des Test de diagnostic rapide (TDR) livrés avec bordereaux à l’appui. Le constat est amer aussi bien dans les centres de santé de la capitale que dans les provinces. Le ministère de la Santé est saisi par le PNLP par un courrier officiel pour diligenter des enquêtes afin de situer les responsabilités et sanctionner éventuellement les coupables de cette déperdition suspicieuse. Les inspecteurs du MSP sont à pied d’œuvre et nous attendons impatiemment les recommandations. D’or et déjà, je puis confirmer qu’il y a une impunité totale vis-à-vis de ces responsables et leurs hiérarchies qui ne respectent ni les directives nationales de diagnostic et de prise en charge du paludisme, ni la gestion rationnelle avec redevabilité des intrants mis à leur disposition.

Cette situation anachronique, quasi institutionnalisée, met à mal nos projections et notre ardeur à lutter contre ce fléau qui décime notre population. L’esprit véreux du lucre et du gain facile éblouit la moralité de ces agents qui ne reculent pas devant leurs méthodes rodées de voler et vendre dans le marché noir les antipaludiques gratuitement mis à la disposition de la population par le gouvernement et par les partenaires.

Quand au curage des caniveaux, j’apporte cette opinion mienne : il ne suffit pas de creuser des caniveaux qui deviennent des simples rigoles et fosses des eaux de pluie stagnantes puisque ces caniveaux n’ont ni une pente d’écoulement ni un aboutissement à des stations de traitement d’eau. Les caniveaux à la tchadienne contribuent plutôt à la prolifération des gîtes de moustiques pour leurs pontes et pour leur pullulation. Et quel malheureux contraste. Il faut revoir les méthodes de gestion des eaux de pluie et autrement.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)