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Tchad : le pagne du « 8 mars » échappe au contrôle de la commission


Alwihda Info | Par Ahmat Abdoulaye et Anass Ali Moussa - 28 Février 2023


La gestion de la vente et de la distribution des étoffes, qui devrait être confiée à la commission mise en place par le ministère du Genre et de la Solidarité nationale, est malheureusement entre les mains du prestataire.


Tchad : le pagne du « 8 mars » échappe au contrôle de la commission
À quelques heures du lancement des festivités de la SENAFET, les étoffes de l'édition 2023 font défaut à N'Djamena.

Certaines femmes dénoncent la hausse des prix, d'autres déplorent l'insuffisance des étoffes initialement subventionnées par le ministère. Il semblerait que le prestataire joue un jeu dont lui seul connaît les règles.

La gestion de la vente et de la distribution des étoffes, qui devrait être confiée à la commission mise en place par le ministère du Genre et de la Solidarité nationale, est malheureusement entre les mains du prestataire. Ainsi, la commission mandatée par le ministère est contrainte de ne pas exécuter ses attributions.

Selon certains membres de ladite commission, il y a deux poids, deux mesures. Le prestataire serait un poids lourd. Sur 1000 balots commandés, il semblerait que la commission n'ait vu que la moitié. Le comble dans cette histoire, c'est que des vendeurs d'étoffes circulant dans certains points de vente arnaquent les acheteurs.

Des pagnes subventionnés à 5000 F CFA sont vendus au-delà du prix fixé par le ministère. « Je suis vraiment déçue cette année, le prix du pagne est fixé à 5000 F CFA et on nous vend à 7000, 10 000, voire 12 000 F CFA l'unité, et après on nous parle de valorisation des droits de la femme », s'insurge une jeune femme rencontrée dans les locaux de la maison nationale de la femme tchadienne.

Pour sa part, la commission en charge de la gestion, saisie par le manège de ces vendeurs ambulants d'étoffes, dit procéder à l'arrestation de quelques-uns et continuera de les chercher afin que tout revienne à la normale.

La commission justifie cela par le manque des étoffes, car selon elle, le prestataire tarde encore à remplir sa part du contrat. À la veille de la Semaine nationale de la femme tchadienne, des femmes des institutions et des associations ont adressé des demandes préalables à la commission afin d'entrer en possession des étoffes qui leur serviront pour la fête.

Cependant, il y a lieu de rappeler que la ministre en charge de la femme a déclaré dans une communication, tenue le 21 février 2023, que le pagne SENAFET/JIF 2023 sera vendu à 5000 Fcfa sur l'ensemble du territoire national. Mais en pratique, c'est tout le contraire, comme l'a constaté Alwihda.

Au moment où nous mettons sous presse, des agents du ministère du Genre et de la Solidarité nationale ont notifié à Alwihda qu'elles n'ont pas encore des pagnes pour la fête. Cette énième prestation de pagnes est décriée par les membres de la commission, qui ont fait un état des lieux à la ministre.

Interrogé dimanche à la télévision nationale sur les récurrentes problématiques liées au prix, la ministre Amina Priscille Longoh a clarifié que les pagnes ne sont pas un élément central mais contribuent uniquement à améliorer les festivités. Elle a rappelé que depuis deux ans, le président de Transition Mahamat Idriss Deby a décidé de subventionner les pagnes pour permettre aux femmes de mieux fêter.

« Mais il y a un problème, d'abord les pagnes, nous ne les confectionnons pas pour toute la population. Nous avons 16 millions d'habitants approximativement, deux millions approximativement à N'Djamena, alors que les pagnes que nous confectionnons sont à peu près pour 5% de la population à N'Djamena. Il faut aussi les envoyer en province. La demande est plus que l'offre. Nos services font en sorte que les prioritaires soient les personnes inscrites à l'ordre du défilé, c'est pour ça que sont confectionnés les pagnes ».

Et d'ajouter : « mais le paradoxe fait en sorte que les mêmes femmes pour lesquelles nous confectionnons ces pagnes sont celles qui contribuent à la surenchère ». Elle déplore ces pratiques encouragées par la « précarité sociale », poussant certaines femmes à prendre de grandes quantités et à revendre sur les marchés.

Ce qui « contribue à donner un rendu négatif de cette semaine », tranche la ministre. Pourtant, le Tchad est le « seul pays au monde à avoir accorder toute une semaine à la femme ».



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)