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INTERNATIONAL

Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale 2023 : priorités et défis mondiaux


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant, humanitaire et journaliste indépendant. - 14 Octobre 2023


Les Assemblées annuelles 2023 du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale de Marrakech sont entrées dans leur 4ème journée, avec des discussions axées sur certains des défis et priorités les plus critiques auxquels est confrontée l'économie mondiale.


Un homme passe devant l'emblème des réunions annuelles 2023 du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech. Photo : FADEL SENNA / AFP)
Un homme passe devant l'emblème des réunions annuelles 2023 du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech. Photo : FADEL SENNA / AFP)
Les principaux points forts de l'événement comprennent les délibérations sur l'urgence de lutter contre le changement climatique, l'impact disproportionné des chocs mondiaux sur les pays les plus pauvres du monde et le soutien essentiel à l'Ukraine.

Lutter contre le réchauffement climatique et lacunes des politiques climatiques
Les Assemblées annuelles 2023 ont mis en lumière le défi complexe que représente la lutte contre le réchauffement climatique tout en respectant la responsabilité budgétaire. Un rapport récemment publié par le FMI (Fiscal Monitor) a tiré la sonnette d’alarme, affirmant que pour éviter les conséquences catastrophiques du changement climatique, un nouveau paradigme politique est impératif. Vitor Gaspar, directeur du département des affaires fiscales du FMI, a souligné que les objectifs et politiques climatiques nationaux actuels sont très inadéquats et pourraient avoir de graves conséquences.

La principale préoccupation soulevée est qu’un recours massif aux subventions et aux mesures de dépenses, comme outils de politique climatique, pourrait entraîner une dangereuse hausse de la dette publique, pouvant atteindre le chiffre intimidant de 50 % du produit intérieur brut (PIB), d’ici 2050. Cet avertissement intervient dans le contexte d’un scénario d’endettement mondial déjà élevé, et de hausse des coûts d’emprunt qui sont de plus en plus difficiles pour les pays pour allouer les ressources financières nécessaires à l’action climatique. Le principal point à retenir du rapport « Fiscal Monitor » est qu’une approche optimisée et intégrée est nécessaire pour faire face à la crise climatique, sans mettre en péril la viabilité budgétaire.

Le « trilemme » de l’action climatique
Le rapport introduit la notion de « trilemme » auquel les décideurs politiques du monde entier sont confrontés : comment trouver un équilibre entre atteindre les objectifs climatiques, maintenir la viabilité de la dette et garantir la faisabilité politique. Atteindre cet équilibre est au cœur du défi climatique, car il nécessite de naviguer sur le terrain périlleux de la conservation de l’environnement, de la prudence financière et du pragmatisme politique.

Pour résoudre ce « trilemme » complexe, le FMI propose une combinaison judicieusement calibrée de politiques basées sur les recettes et les dépenses, avec la tarification du carbone en son centre. La tarification du carbone, affirme le rapport, est un instrument essentiel pour orienter le monde vers un avenir à faibles émissions de carbone. Toutefois, il ne s’agit pas d’une solution isolée et doit être complétée par une série de politiques complémentaires visant à remédier aux défaillances du marché et à encourager les investissements privés dans les technologies à faibles émissions de carbone.

Protéger les communautés vulnérables
Une autre facette cruciale, du défi climatique, est la nécessité de transferts fiscaux importants pour protéger les ménages, les travailleurs et les communautés vulnérables pendant la transition vers une économie verte. Cette dimension de la politique climatique est de la plus haute importance, car les coûts et les conséquences de cette transition peuvent peser de manière disproportionnée sur les personnes marginalisées et économiquement vulnérables.

En outre, le coût budgétaire associé à la combinaison de mesures proposées est variable et pourrait présenter de formidables défis pour les économies émergentes et les économies en développement qui sont aux prises avec un endettement élevé, une hausse des coûts d’intérêt et d’importants besoins d’adaptation et de développement. Pour surmonter ces obstacles, il est conseillé aux pays disposant d’un espace budgétaire limité, de renforcer leur capacité fiscale, améliorant ainsi la mobilisation des recettes et de rationaliser l’efficacité des dépenses.

Coopération mondiale pour l'action climatique
Le rapport souligne la nécessité d’une coordination mondiale, pour faire progresser une tarification mondiale pragmatique du carbone, augmenter le soutien financier externe et faciliter le transfert de technologies établies à faible intensité de carbone. Ces efforts de coopération sont considérés comme essentiels pour soutenir les efforts climatiques des économies en développement, qui manquent souvent des ressources et des infrastructures nécessaires pour progresser rapidement et efficacement vers un avenir durable. L’importance de ces discussions, lors des Assemblées annuelles 2023 ne peut être surestimée.

Le changement climatique est un défi existentiel qui nécessite une action mondiale immédiate et concertée. Les idées et recommandations présentées dans le rapport « Fiscal Monitor » jettent les bases d’une approche plus équilibrée, durable et responsable pour lutter contre le changement climatique, tout en garantissant la prudence budgétaire.

L’impact disproportionné des chocs mondiaux : le sort des nations les plus pauvres
L'une des révélations les plus déplorables des Assemblées annuelles, a été l'impact disproportionné des chocs mondiaux sur les nations les plus pauvres du monde. Le directeur général adjoint du FMI, Kenji Okamura, a mis en lumière cette flagrante inégalité, soulignant que les pays à faible revenu ont supporté le plus gros de ces chocs, subissant une perte cumulée de plus de 6 % de leur PIB réel, au cours des trois dernières années. Il s’agit d’un chiffre stupéfiant, surtout si on le compare aux économies avancées, qui ont enregistré des pertes cinq fois moindres.

Les pays à faible revenu se trouvent dans une position extrêmement précaire, en raison d’une combinaison de conditions financières mondiales plus strictes, de niveaux d’endettement en hausse et d’élargissement des spreads souverains. Le continent africain, par exemple, est confronté avec un déficit de financement considérable, estimé par le FMI à la somme colossale de 225 milliards de dollars à moyen terme. Ces chiffres soulignent les immenses défis auxquels sont confrontés les pays les plus vulnérables du monde, dans leur quête de développement durable.

Opportunité africaine pour une prospérité partagée
Les discussions lors des Assemblées annuelles ont souligné que, remédier aux disparités économiques et aux vulnérabilités des pays à faible revenu, n’est pas seulement un impératif éthique ; cela présente également une opportunité de prospérité partagée. Comme l’a souligné Kevin Chika Urama, économiste en chef de la Banque africaine de développement, plus de 30 % des minéraux pour la transition mondiale vers un avenir durable se trouvent en Afrique.

L’exploitation efficace de ces ressources peut non seulement stimuler les économies africaines, mais également jouer un rôle central dans la transition mondiale vers les technologies vertes. Rania Al-Mashat, ministre égyptienne de la Coopération internationale, a souligné l'importance de combler les lacunes des objectifs de développement durable en tant que mission collective. Ces discussions ont revigoré l'engagement à soutenir les nations les plus pauvres du monde, réaffirmant l'idée selon laquelle la prospérité mondiale partagée est un objectif réalisable.

Soutien continu à l'Ukraine et luttes en cours
L'Ukraine est restée au centre des préoccupations des Assemblées annuelles, le président Volodymyr Zelensky exprimant sa gratitude pour le soutien indéfectible de la communauté internationale. Lors d'une table ronde ministérielle coprésidée par le gouvernement ukrainien, la Banque mondiale et le FMI, les priorités des partenaires internationaux ont été définies. Ces priorités incluent le maintien des sanctions, le soutien à la confiscation des avoirs des agresseurs, la garantie d'un soutien financier à long terme, la stimulation des investissements privés et l'augmentation du financement des projets.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a félicité l'Ukraine pour sa gestion économique compétente, soulignant le fait que l'économie du pays se redresse à un rythme plus rapide que prévu. Des signes positifs apparaissent, concernant la croissance et l'inflation, reflétant la résilience de l'Ukraine. Il est toutefois essentiel de noter que les besoins financiers pour l’année à venir sont plus élevés que prévu, ce qui nécessite un soutien international soutenu. Les discussions lors des Assemblées annuelles ont renforcé l’importance d’un engagement international continu envers l’Ukraine, une nation qui reste à l’avant-garde des défis géopolitiques et économiques.

Programme politique global et chocs violents
Les Assemblées annuelles ont également été marquées par le dévoilement d'un programme politique mondial complet par la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Dans le contexte de la récente prolifération de chocs graves, elle a souligné que le monde est de plus en plus confronté à une croissance lente et à une fragmentation économique. Les chocs graves sont devenus la nouvelle norme et affectent beaucoup de pays et de communautés.

Ces chocs incluent les catastrophes naturelles et, malheureusement, les conflits tels que la guerre en cours en Ukraine, ainsi la Banque et les autorités marocaines offrent un cadre global pour tirer parti du multilatéralisme au bénéfice de tous. Les récents développements au Moyen-Orient ont entraîné des pertes tragiques en vies civiles et des souffrances généralisées. Dans ce contexte, Georgieva a souligné la nécessité d'une unité et d'une collaboration mondiales, soulignant que dans un monde plus sujet aux chocs, les pays ont plus que jamais besoin les uns des autres.

Endettement élevé, taux d’intérêt élevés et croissance faible
Un autre sujet crucial de discussion lors des Assemblées annuelles a été l’écheveau complexe de défis posés par la combinaison d’une dette record, d’un taux d’intérêt élevé et d’une croissance économique atone. Gita Gopinath, première directrice générale adjointe du FMI, a mis en lumière le dilemme financier imminent. D’ici 2030, les marchés émergents et les économies en développement auront besoin de 3 000 milliards de dollars de dépenses supplémentaires, soit l’équivalent d’environ 5,5 % de leur PIB, pour financer leurs objectifs de développement et leur transition vers un avenir respectueux du climat. Le principal défi, comme l’explique Gopinath, est de prioriser les dépenses de manière à maximiser la productivité et la croissance économique. Cela nécessite des choix économiques et des investissements prudents. D

ivers pays empruntent des voies diverses pour relever ces défis. Le Canada, par exemple, donne la priorité à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants dans le cadre de ses plans de dépenses. L'Allemagne poursuit les réformes des marchés du travail et de l'énergie pour stimuler la croissance. Un point crucial de la discussion a été la capacité des économies en développement à augmenter leur pression fiscale de 8 à 9 % du PIB, tout en maintenant leur efficacité, contrairement à de nombreuses économies avancées où la pression fiscale est déjà élevée.

En conclusion
Les Assemblées annuelles 2023 du FMI et de la Banque mondiale de Marrakech, ont été marquées par un examen approfondi des défis mondiaux, des priorités politiques et des efforts de coopération. Le changement climatique, les chocs mondiaux, le soutien aux nations les plus vulnérables et la résolution de la dette, ont été les thèmes clés qui ont dominé les discussions. Ces réunions témoignent de l'engagement mondial à relever ces défis, reconnaissant que les actions et les décisions prises aujourd'hui façonneront l'avenir de l'économie mondiale.

Les politiques et principes discutés fournissent une feuille de route pour un avenir plus durable, plus équitable et plus prospère. Le monde doit travailler ensemble pour lutter contre le changement climatique, soutenir ceux qui en ont le plus besoin et trouver des solutions innovantes aux défis économiques complexes. Marrakech a fourni une plate-forme de coopération mondiale, d'unité et de détermination renouvelée à façonner le paysage économique mondial.

(De gauche à droite) Randa Elnagar, attachée de presse du FMI, Tobias Adrian, directeur du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, Fabio Natalucci, directeur adjoint du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, et Jason Wu, directeur adjoint du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, participent à une conférence de presse. Photo : FADEL SENNA / AFP)
(De gauche à droite) Randa Elnagar, attachée de presse du FMI, Tobias Adrian, directeur du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, Fabio Natalucci, directeur adjoint du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, et Jason Wu, directeur adjoint du Département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, participent à une conférence de presse. Photo : FADEL SENNA / AFP)



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