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AFRIQUE

Cameroun : 59 membres de l'opposition torturés par les forces de sécurité


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 27 Juillet 2019



Près de 600 détenus de la prison centrale de Yaoundé, opposants politiques et séparatistes anglophones, se sont mutinés le 23 juillet dernier.  © STRINGER / AFP
Près de 600 détenus de la prison centrale de Yaoundé, opposants politiques et séparatistes anglophones, se sont mutinés le 23 juillet dernier. © STRINGER / AFP
Les autorités camerounaises devraient enquêter rapidement et de manière indépendante sur les sévices corporels et les mauvais traitements auxquels 59 partisans de l'opposition - dont six femmes - auraient été victimes lors de leur interrogatoire devant le Secrétariat d'Etat à la Défense (SED), a déclaré vendredi Amnesty International.
 
Avant de les relâcher, les forces de sécurité les ont battus avec des bâtons et les ont forcés à prendre des positions humiliantes. Amnesty International demande également la libération immédiate de leur dirigeant, Maurice Kamto, et de plus de 100 autres partisans arrêtés arbitrairement six mois après le jour pour leur participation pacifique à des manifestations.
 
« Comme beaucoup d'autres centres de détention non officiels au Cameroun, le SED a la réputation de torturer des détenus. Ces tactiques répressives et brutales visant à faire taire la dissidence doivent cesser », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry, directrice d'Amnesty International, Afrique de l'Ouest et du Centre.
 
« Les autorités judiciaires doivent enquêter sur les allégations selon lesquelles ces 59 membres de l'opposition ont été soumis à la torture et à d'autres formes de mauvais traitements et prendre des mesures concrètes pour traduire leurs auteurs en justice. »
 
Les 59 membres de l'opposition ont été arrêtés le 1er juin lors d'une manifestation pacifique prévue dans la capitale Yaoundé. Emmenés au SED pour y être interrogés sur la manifestation, ils ont été torturés et détenus arbitrairement par les forces de sécurité, qui les ont également mis en garde contre toute participation à une autre manifestation prévue une semaine plus tard.
 
Amnesty International a interrogé plusieurs membres de l'opposition libérés qui ont été victimes de torture ou d'autres formes de mauvais traitements. Ils ont détaillé des techniques comprenant des passages à tabac et des exercices physiques difficiles, notamment contre des femmes.
 
Une femme libérée le 3 juin a déclaré à l'organisation : «Quand nous sommes arrivés, les gendarmes nous ont demandé de faire des exercices physiques, les genoux et les hanches pliés, les bras écartés pour garder l'équilibre… Ils sont passés et m'ont donné des coups de pied à la tête et aux fesses… Puis ils nous ont ordonné de rouler sur le sol tout en continuant de battre leurs chaussures… nous avons été montés et descendus dans les escaliers en position canard. On m'a ensuite demandé de faire des pompes avec les hommes jusqu'à ce que je ne puisse plus continuer. Alors, j'ai encore été battu avec une ceinture.
 
Un autre ex-détenu a décrit le passage à tabac avec des bâtons de bois, des câbles et des matraques : «… Nous avons été conduits au SED où des gendarmes nous attendaient. Chacun d'entre eux était armé d'un bâton en bois, d'un câble et d'une matraque avec laquelle on nous battait aux oreilles et à notre corps. Ils nous ont ensuite forcés à marcher comme un canard dans la boue. 53 hommes et six femmes étaient ensemble, certains pleuraient, étaient traumatisés et choqués. Après notre libération, j'ai passé plus d'une semaine à l'hôpital, souffrant de fractures, d'ecchymoses et de traumatismes. »
 
Alors que certains de ses partisans ont été libérés, Maurice Kamto, arrêté le 28 janvier 2019, est toujours derrière les barreaux six mois plus tard.
 
Une décision d'un tribunal militaire datée du 11 juillet 2019 a indiqué qu'elle était compétente pour les juger et a confirmé les accusations de rébellion, d'hostilité à l'égard du pays, d'incitation à l'insurrection, d'offense contre le président de la république et de destruction d'immeubles et de biens publics contre Maurice Kamto et 107 autres personnes. La même décision a abandonné toutes les charges retenues contre 61 autres partisans et ordonné leur libération. En vertu du droit international, les tribunaux militaires ne devraient pas avoir compétence sur les civils.
 
En janvier, près de 300 partisans du MRC ont été arrêtés arbitrairement avec Kamto. Des arrestations massives ont également eu lieu les 1er et 8 juin. À Douala, où plus de 200 manifestants ont été arrêtés arbitrairement, 30 d’entre eux sont actuellement en détention administrative et attendent de comparaître devant un tribunal ordinaire.
 
«En confirmant que ces membres de l'opposition doivent être jugés par un tribunal militaire, les autorités camerounaises ne respectent pas le droit international. Kamto et ses partisans risquent un procès inéquitable et la possibilité extrêmement troublante de faire face à la peine de mort », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry.
 
"Maurice Kamto et tous ses partisans n'auraient jamais dû être arrêtés. Les autorités devraient immédiatement les libérer et abandonner toutes les charges qui pèsent contre elles."



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