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REPORTAGE

Cameroun : Bogo, une terre d’accueil pour les déplacés internes


Alwihda Info | Par Ahmed Abdoul-Aziz - 25 Août 2022


Elles sont environ 5000, les victimes du conflit Arabes Choas contre Mousgoums qui vivent paisiblement sur trois sites répartis dans cet arrondissement.


La question est de savoir ce que sont devenus les déplacés internes, victimes du conflit intercommunautaire entre Arabes Choas et Mousgoums qui a déclenché en décembre 2021 à Logone Birni dans le département du Logone et Chari.

En effet, l’on constate qu’environ 5000 d’entre eux ont trouvé refuge dans l’arrondissement de Bogo, département du Diamaré (région de l’Extrême-Nord). Ici, trois sites leurs sont aménagés, à savoir : Ardjaniré, Ourro Djouboulé et Kourdaya. Pour le sous-préfet de Bogo, « il était question pour nous, en tant qu’autorités, d’accueillir rapidement ces personnes en détresse afin de réduire leur souffrance », affirme Hassan Ahmadou.

S’agissant de leur provenance, les victimes viennent de plusieurs localités qui étaient les principaux foyers du conflit. On peut citer Logone Birni et Zina, dans le Logone et Chari, Guirvidig, Pouss et Maga, dans le Mayo Danay et aussi de Maroua. Pour le cas de ceux venant de Maroua, outre ceux qui sont installés au Complexe sportif de Domayo, il faut souligner qu’il s’agit des déplacés qui s’étaient réfugiés dans un domicile privé au quartier Dougoï et qui ont tout simplement rejoint les membres de leur famille qui les ont précédés à Bogo.

A écouter le témoignage de l’un d’eux, « la vie à Maroua était très difficile pour nous, malgré le soutien des autorités et les âmes de bonne volonté », laisse entendre Boukar Mahamat. « Là-bas, nous étions parqués dans un enclos où nous étions séparés de nos épouses, ce qui rendait la vie familiale difficile. Or, ici à Ardjaniré, nous sommes confortablement installés, il y a de l’espace et le HCR nous a construit des abris qui nous permettent de mieux jouir de notre intimité, voilà pourquoi j’ai préféré venir ici », poursuit notre source.

Dans la peau d’un déplacé
En ce qui concerne le quotidien de ces déplacés internes, toutes les conditions sont prises pour les assister, souligne le sous-préfet de Bogo. « Nous bénéficions de l’accompagnement des organisations humanitaires (PAM, le HCR, l’OIM, NRC, ADES…) et bien d’autres qui apportent une contribution qui vient en appui à ce que l’Etat fait déjà, nous en sommes reconnaissant », affirme Hassan Ahmadou.

« Mais, sauf que beaucoup reste encore à faire », fait-il constater. « Nos déplacés ont faim, car l’apport en denrées alimentaires n’est pas suffisant, il en faut un peu plus », déclare l’autorité. Pour les déplacés, qu’il s’agisse de Ardjaniré, Ourro Djouboulé et Kourdaya, « la vie ici est mille fois mieux qu’à Maroua qui est une grande ville. Nos enfants ne sont pas habitués au mode de vie de la ville, nous sommes mieux ici », témoigne Djanaba, une maman de dix enfants.

Pour justifier ces propos, elle poursuit en disant qu’« ici la brousse n’est pas loin, nous pouvons facilement y aller chercher du bois pour vendre ou aller cultiver dans les champs contre de l’argent, ce qui n’était pas le cas à Maroua ».

S’agissant de l’option d’un éventuel retour dans leur village qu’ils ont abandonnés en fuyant la cruauté du conflit, « aucun retour n’est envisageable, la peur continue à me gagner et pire encore, je n’ai plus rien comme bien, j’ai tout perdu. Je préfère rester ici où l’Etat et les ONG nous donnent à manger », déclare Hassan Saïd, venu de Guirvidig.

Mais pour le sous-préfet de Bogo, « il s’agit des Camerounais, ici à Bogo ils sont chez eux et libres d’y rester. Ils retourneront quand ils le voudront, mais personne ne les chassera », rassure Hassan Ahmadou.

Des abris construits pour accueillir les déplacés interne dans l’arrondissement de Bogo.
Des abris construits pour accueillir les déplacés interne dans l’arrondissement de Bogo.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)