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POINT DE VUE

Cameroun : l’enrichissement illicite préoccupe


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert technique et journaliste indépendant - 8 Septembre 2021


L’opération d’assainissement de l’espace public pourrait rebondir dans les jours à venir, ceci en raison du nombre de dossiers en instance au Tribunal Criminel Spécial (TCS), la juridiction appelée à traquer les prévaricateurs de la fortune publique.


Cameroun : l’enrichissement illicite préoccupe
Des sources très proches d’un ponte déchu, confient aujourd’hui en petits comités, que certains proches collaborateurs du président de la République Paul Biya, l’auraient manipulé, pour le pousser à instruire son incarcération. La lettre ouverte adressée au président de la République, signée de Ndjene Nko’o Parfait, est de toute évidence, une manœuvre de diversion, de la coterie de ce ponte aujourd’hui en disgrâce.
Nous sommes là face à une opération qui consiste à blanchir Moussa, et décrédibiliser Ali, en vue d’un chimérique élargissement et d’un retour à brève ou moyenne échéance, d’un retour aux affaires. Pour cela, il faut absolument décrédibiliser l’entourage présidentiel. Le secrétaire général de la présidence de la République, à travers les dossiers de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), du Port Autonome de Douala (PAD), de la gestion des fonds Covid-19, entre autres, mais également le Directeur du cabinet civil (DCC) de la présidence, outrageusement présenté comme un collaborateur véreux.

Pour certains, la reconduction de Samuel Mvondo Ayolo, dans ses hautes fonctions actuelles, serait une catastrophe pour tous ces Brutus des Tropiques ! Paraphrasant Caton l’Ancien qui disait « Cartago delenda est », l’on peut ainsi dire, « Mvondo Ayolo delenda est ». « Il faut détruire Mvondo Ayolo ». Cette obsession conduit ces Brutus, à livrer délibérément des informations sensibles aux journalistes de certains organes de presse nationaux et internationaux, mais aussi aux activistes de la Brigade anti-sardinards (BAS). Revenant à la lettre commanditée, on peut dire que la supposée fortune prêtée au DCC fait ricaner les vrais fonctionnaires riches du Cameroun. Ces derniers savent que Samuel Mvondo Ayolo est très bas dans la chaîne de l’enrichissement, contrairement à leurs commanditaires notamment, et bien d’autres. C’est le cas de l’actuel directeur de la Programmation des investissements au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), Mvondo Jean Sylvain, ainsi que de son parrain connu, lesquels doivent rire de la maigreur des supposés biens prêtés à Samuel Mvondo Ayolo.

Matricules fictifs dans le fichier de l’Etat
Pourquoi se focaliser sur les ressortissants d’une seule aire géographique. Pourquoi ne parle-t-on jamais des hauts commis de l’Etat, multimilliardaires du Septentrion, de l’Ouest, voire du Littoral. C’est le cas notamment d’un ancien secrétaire général de la présidence de la République, propriétaire à 40% de Afriland First Bank. Laquelle, pèse trois cent milliards de francs CFA. Dans le top 10 de l’enrichissement illicite, des pontes du régime caracolent le tristement célèbre Emmanuel Leubou.

En effet, Emmanuel Leubou, ancien chef de la cellule informatique de la direction des dépenses du personnel et des pensions (DDPP) du ministère des Finances, est apparu comme la victime d’un vaste système qui aurait dépouillé les caisses de l’Etat de plusieurs milliards de FCFA. Ceci à travers des fluctuations anormales de la masse salariale de l’Etat, avec en prime, des avances de solde ou de pension, finalement non remboursées à l’Etat. Condamné à 104 ans de prison, il a réussi le titanesque exploit de créer 2601 matricules fictifs dans le fichier de l’Etat, représentant 1,8 milliard de FCFA de salaire qu’il recevait chaque mois pendant 10 ans. Le Procureur spécial parlera même « d’un coup d’état économique ».

Suivent alors ces pontes du régime, s’étant appropriés des sociétés d’Etat dans le cadre des privatisations des années 1990. Ces dignitaires du régime de Paul Biya se sont partagés le mammouth. De la Regifercam à la Camship, en passant par la Sonel, Chococam, la Socapalm, Hevecam, la Scdm, la Sepbc, Cocam, la Société Camerounaise des Sacheries, l’Oncpb et l’Onpd, il fallait démontrer au président de la République, qu’à la faveur des programmes d’ajustements structurels, imposés par les institutions de Breton Woods (Banque mondiale et FMI), le Cameroun avait tout intérêt à liquider et à restructurer certaines sociétés de son portefeuille, histoire de retrouver les équilibres de son économie. Et comme des abeilles s’agglutinant autour d’une ruche, ou des charognards dégustant la carcasse d’une bête, des personnalités se sont mises à dépouiller l’économie nationale de sa substance, au point d’appauvrir considérablement l’Etat central, tout en rendant le système flexible et peu résilient, alors que l’enrichissement illicite devenait la chose la plus partagée.

Rigueur et moralisation
Entre temps, dans ces transactions où les réseaux et les intérêts se confrontent, le Cameroun se hissait au peloton de tête des pays les plus corrompus au monde. Une « performance » pourtant en déphasage avec le discours présidentiel de rigueur et de moralisation des comportements. Face à cette situation, la lutte contre la corruption, cheval de bataille du président camerounais, est allé crescendo, mettant aux arrêts des personnalités qui jadis proches collaborateurs, mais aujourd’hui dans les mailles de ce qui a été convenu d’appeler « Opération Epervier ». Cette opération d’assainissement de l’espace public se poursuit d’ailleurs, et les jours qui viennent pourraient s’avérer tristes pour certains, si l’on en croit la pile de dossiers qui se forment au Tribunal Criminel Spécial (TCS), la juridiction appelée à traquer les prévaricateurs de la fortune publique au Cameroun.

Il en est également des autres affaires qui ont fait les choux gras de la presse nationale et qui concernent les ministères des Finances, de l’Economie, de la Défense, des Transports, pour ne citer que ces quelques départements qui ont abrité en leur sein, des détournements ayant généré des enrichissements scandaleux depuis près de 40 ans au Cameroun. L’on pourrait évoquer dans le même registre, la braderie du patrimoine immobilier de l’Etat, orchestrée par l’ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, entre 1992 et 1997, aujourd’hui ministre chargé de Mission à la présidence de la République. En outre, pour revenir à Samuel Mvondo Ayolo, il serait intéressant que ses pourfendeurs disent d’où l'argent est détourné. Car, il ne suffit pas de citer les biens de quelqu’un. Et dans un État de droit, la possession de biens n'est pas un délit ou un crime. C'est le détournement qui l'est.

Dans ce qui pourrait apparaitre comme une volonté de ternir l’image des autres, devenus des empêcheurs de tourner en rond, des activistes de la toile et certains patrons de presse locaux se positionnent pour servir les basses besognes des pontes du régime, ceci contre espèces sonnantes et trébuchantes. En définitive, les masques commencent à tomber sur l'identité des personnes tapies dans l'ombre. Et dans leur volonté manifeste de positionnement, ils alimentent leur trésor de guerre, en prévision d'un changement à la tête de l'État. Mais en attendant, le locataire du Palais d'Étoudi, aussi imprévisible qu'il est, n'a pas encore dit son dernier mot.

Le président Paul Biya avec son directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo.
Le président Paul Biya avec son directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo.



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