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REPORTAGE

Double attentat à N'Djamena: c'est la France qui est visée


Alwihda Info | Par huffingtonpost - 22 Juin 2015


Le "verrou tchadien" est en effet à l'articulation de zones de déstabilisation qui affectent aujourd'hui le Niger, la Libye, le Soudan du sud, le Nigéria et la Centrafrique. En frappant en plein cœur de la capitale tchadienne, la secte prouve qu'elle a réussi à implanter des cellules dormantes.


Double attentat à N'Djamena: c'est la France qui est visée
INTERNATIONAL - N'Djamena, la capitale tchadienne, a été frappée, pour la première fois, lundi 15 juin 2015, par un double attentat-suicide, qui a notamment visé le commissariat central de N'Djamena et l'école de police. Au moins 23 personnes ont été tuées, plongeant la population dans l'inquiétude.

Pour beaucoup, cet acte terroriste est le revers de la médaille de l'engagement du président Idriss Déby dans la lutte contre les djihadistes au Mali, en janvier 2013, puis contre les combattants de Boko Haram au Nigeria.

Idriss Déby est le meilleur allié de la France dans la bande sahélienne

Pour s'en convaincre on cherche souvent des preuves.

On le sait, le président François Hollande avait appelé Idriss Déby dés le lendemain du double-attentat pour l'assurer du soutien de la France. Pour le Directeur Afrique du Quai d'Orsay, Jean-Christophe Belliard, le président tchadien est le rempart au "Mal" soudanais -sous-entendu islamiste.

Et il y a plus, le Tchad n'accueille t-il pas l'opération Barkhane de lutte contre le terrorisme au Sahel, tient son état-major dans l'importante base militaire de N'djamena, abrite près de 50% du dispositif militaire de Barkhane, soit plus de 1500 militaires?

Par ailleurs l'intervention tchadienne contre Boko Haram reflète assurément la ferme volonté de Paris d'en découdre avec le groupe armé, soit une position qui fait suit au Sommet de Paris de l'été 2014. Ou encore, l'intervention française au Nord-Mali orchestrée avec le concours l'armée tchadienne qui a dépêché plus de 2000 hommes, sans oublier le sommet de Ndjamena de décembre 2013, qui a conduit à la démission de Michel Djotodia, au profit d'une transition politique à Bangui, suite à l'aggravation de la situation sécuritaire en Centrafrique.

Quant à la France, n'est-elle pas intervenue pour protéger le régime tchadien et conforter la stabilité de toute la sous-région pendant le conflit qui opposait le Tchad à la Libye (1978-1987) grâce à l'opération Manta puis plus tard en moyen de l'opération Épervier en 2006 et en 2008?

Quand Boko Haram réussi à implanter des cellules dormantes au Tchad

Le "verrou tchadien" est en effet à l'articulation de zones de déstabilisation qui affectent aujourd'hui le Niger, la Libye, le Soudan du sud, le Nigéria et la Centrafrique. En frappant en plein cœur de la capitale tchadienne, la secte prouve qu'elle a réussi à implanter des cellules dormantes. "Elle s'est développée deux décennies à travers l'emprise croissante du fondamentalisme intolérant et du wahhabisme, à coups de financements saoudiens et qataris de formation de clercs et de propagande" confiait Jean-Pierre Olivier de Sardan, anthropologue à l'institut pour la recherche et le développement (IRD)

La Bande Sahélienne se radicalise

Dans ce contexte, toute la bande sahélienne a tendance à se radicaliser: au Mali, l'Islam modéré Malikite, pourtant majoritaire peine à éteindre la voix des Wahhabites qui sévissent sous la houlette de l'Iman Dicko, au Burkina, les écoles coraniques tendent à se développer trop souvent hors du contrôle des autorités, et quant au Niger, il fait face à la montée de l'obscurantisme (Zinder, la deuxième ville du pays, avait connu deux journées difficiles en janvier 2015) relève le journaliste Pascal Airault dans l'Opinion.

Le tout sécuritaire marque le pas

Pour l'heure, l'approche tout sécuritaire semble marquer le pas. Ainsi lors de la réunion du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), réunie le 14 mai 2015, les Ministres des Affaires étrangères religieuses et de sécurité ont insisté sur la déradicalisation et la prévention indique Pascal Airault. La France de son côté réfléchit aux moyens d'ancrer la paix durablement.

L'Appui à la Coopération Transfrontalière au Sahel (ACTS), un projet innovant

Et c'est ainsi qu'un projet d'Appui à la Coopération Transfrontalière au Sahel (ACTS), piloté par l'Amiral Marin Gillier, Directeur de la Coopération de sécurité et de Défense au Quai d'Orsay verra le jour dans la région du Liptako Gourma, à cheval sur le Burkina Faso, le Mali et le Niger. (soit une région de 370.000 km2 )

En clair il s'agit de contribuer à la préservation de la souveraineté des états bénéficiaires dans leurs espaces frontaliers communs en renforçant les douanes, la justice, les services sociaux.
L'idée est de travailler à 3 niveaux:

- au niveau local, en mettant en synergie les différentes administrations nationales (police, douanes, santé, éducation etc) et en faisant remonter des informations vers les trois capitales concernées
- au niveau régional en multipliant les échanges bi/tri latéraux (pour éviter des doublons et mieux utiliser les ressources financières),
- au niveau international dans le cadre d'un projet collaboratif, souligne le journaliste Philippe

Chapleau dans son blog lignes de défense.

Notre engagement militaire implique une certaine forme d'humilité

Quoi qu'il en soit, "Notre engagement militaire exige certes des moyens et de la détermination, mais plus encore peut-être du doigté et une certaine forme d'humilité. Il ne faudrait pas en effet apparaître comme l'ancienne puissance coloniale au moment précis où la construction coloniale se dissout devant le retour des structures politiques spécifiquement africaines. C'est assurément, une dynamique que nous avons insuffisamment mesuré au Mali, et que nous serions peu fondés à combattre, alors même qu'ici aussi, les vieilles structures historiques ressurgissent derrière une construction européenne jugée trop artificielle" prévient l'africaniste Bernard Lugan.


http://www.huffingtonpost.fr/olivier-d-auzon/double-attentat-a-ndjamena-france_b_7633938.html



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)