Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
POINT DE VUE

Du 4ième Pouvoir AU Droit A l'information


Alwihda Info | Par - 1 Octobre 2012






L'expression quatrième pouvoir désigne la presse et les médias. Par extension, le quatrième pouvoir regroupe tous les moyens de communication qui peuvent servir de contre-pouvoir face aux trois pouvoirs classique incarnant l’Etat : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
Ce terme de "quatrième pouvoir" semble supposer que le journalisme ou plus largement les médias disposent des mêmes possibilités que les trois autres pouvoirs. Pourtant la première particularité de ce "quatrième pouvoir" est qu’il ne ressemble en rien aux trois autres.
Il est sans consistance institutionnelle par rapport aux autres. Il est issu d’une multiplicité d’agents qui ne partagent pas tous le même point de vue sur leur profession. La presse appartient au secteur privé dont les intérêts économiques occupent une place prédominante. De plus, ce pouvoir ne dispose pas d’un réel pouvoir de contrainte. Il peut contribuer à un partage d’opinions mais ce sera toujours aux lecteurs de décider d’agir.

La démocratie moderne est caractérisée par le système représentatif. Comme l’indique l’origine de son nom, la démocratie est le pouvoir du peuple. Etant dans des sociétés qui ne peuvent plus fonctionner sur le mode athénien, les démocraties modernes ont mis en place une représentation des citoyens. Toutefois, comme beaucoup l’ont montré, ce système représentatif n’est pas sans faille. Le plus grand risque étant que les représentants élus s’emparent du pouvoir sans rendre de compte aux citoyens.
Le quatrième pouvoir est celui qui empêche le peuple de tomber dans l’esclavage. Il ne peut pas y avoir de représentation efficace des citoyens sans garde-fou. Le pouvoir risque toujours de corrompre les représentants et la presse est là pour leur rappeler leur fonction au sein du système. C’est parce que la démocratie moderne nécessite la représentation, qu’elle va également avoir besoin d’un système de contre-pouvoir.
Le journalisme produit "les conditions d’une compétition loyale pour le pouvoir, tout en restant à l’extérieur du jeu". Ne possédant pas les mêmes moyens ou n’ayant pas d’appui constitutionnel, le journalisme ne peut pas affirmer être sur un pied d’égalité avec les autres pouvoirs, il est à part.
C’est parce qu’il est différent que le journalisme va pouvoir arbitrer le jeu avec les trois autres pouvoirs. "Il ne s’y ajoute pas ; il constitue leur vis-à-vis". Il permet le bon fonctionnement des sociétés démocratiques en créant le débat nécessaire à ce système. Sans lui, il y a un risque de dégénération des trois pouvoirs. S’il était identique aux autres pouvoirs, le journalisme serait inutile puisqu’il serait à l’intérieur et ne disposerait pas d’un point de vue externe.
Le développement des médias de masse, en particulier la télévision et d’internet, a modifié le rôle du journalisme.
Les médias portent l’opinion, ils l’alimentent, la répercutent, ils la mettent en scène ; ils sont à son service. La place de l’opinion prend une telle importance qu’elle a modifiée le rôle même du journalisme : "le journalisme, dans ce dispositif, est clairement le contre-pouvoir ou, plus exactement, l’organe grâce auquel existe et fonctionne le contre-pouvoir par excellence, à savoir le contrôle de l’opinion".
Dans la logique des pouvoirs, ce qui compte, c’est l’opinion. Les médias ne sont que les vecteurs de sa manifestation. Mais cela leur apporte une certaine supériorité par rapport aux autres pouvoirs.

En tant que représentant de l’opinion, le journalisme adopte un nouveau statut dans la société. Il devient le biais par lequel le pouvoir doit passer s’il veut se faire entendre et n’est plus seulement la voie du contre-pouvoir. Le politique utilise les médias s’il veut toucher l’opinion. "Cela veut dire qu’il est obligé d’ajuster son discours aux règles de l’information, quitte à essayer de les tourner à son profit". Le politique est contraint de se soumettre aux règles des médias et au contrôle de l’opinion, ce qui modifie sa manière d’agir tout au moins dans les pays démocratiques.
Le politique se sent forcé de se justifier en permanence vis-à-vis des médias. Chaque action doit passer par le jugement de l’opinion ce qui tend à supprimer tous les actes qui ne pourront pas passer cette barrière.
Il y a eu un glissement des droits de l’homme de la sphère juridique à la sphère idéologique. Cela va avoir une influence sur la presse. L’idéologie des droits de l’homme justifie le rôle civique du journalisme ; elle lui accorde une éminente dignité sociale. Le journalisme devient le Procureur des maux de la collectivité, tantôt en avocat des victimes. Il est le défenseur des opprimés face aux autres pouvoirs.
Les gouvernants n’ont pas d’autre choix que de passer par la presse pour toucher l’opinion mais le problème est que le journalisme est auréolé d’un tour moralisateur et sentimental qui désarme les politiques et les empêche d’évoquer les contraintes de la réalité.
Ils sont ainsi forcés de se soumettre aux médias à la fois sur la forme de leur discours et sur le fond. Cela place les hommes politiques dans une position de faiblesse et contribue à l’amoindrissement du pouvoir politique. Dès lors, le pouvoir politique – la démocratie de contrôle – devient déficient.
La représentation nécessite le débat, la liberté d’expression et d’opinion qui rendent possible le journalisme.
Ainsi la presse est à la fois une conséquence de la construction des sociétés démocratiques mais elle participe aussi à leur bon fonctionnement, elle en est un élément constitutif.
Le premier devoir du journaliste est d’aller sur le terrain. Voir, entendre, comprendre, évaluer, rendre compte, c’est l’essence même du journalisme. Certes les moyens ne manquent pas aujourd’hui pour collecter autrement, et aisément, de l’information : les agences de presse, les medias concurrents, les dossiers et conférences de presse, les réseaux sociaux, etc...
Certes, il peut être plus facile de collecter cette information par téléphone ou échange de courriel, c’est même parfois la seule façon de procéder ! Mais rien ne remplace d’aller sur le terrain. Car cela permet de mieux appréhender la réalité des situations, de mieux sentir, comprendre les enjeux, rencontrer les acteurs, capter l’ambiance voire l’épaisseur d’une situation ou d’un drame.

Devoir et Droit à l’Information
Ce "DEVOIR" du journaliste est le pendant du "DROIT" à l’information que réclament les citoyens de tous les pays : c’est même l’un des fondements de la démocratie. Le citoyen veut savoir, il veut prendre part à la gestion de la cité, il demande de la transparence afin de se forger une meilleure opinion.
Malheureusement, ce DROIT est régulièrement battu en brèche et les organisations de défense des journalistes ne cessent de dénoncer ces manquements : assassinats d’enquêteurs, captures de reporters de guerre, censures et interdictions de parution, intimidations et menaces contre ceux qui mènent des investigations poussées, mais aussi tous les petits tracas que peut subir le journaliste dans sa pratique du métier au quotidien : pressions multiformes, des portes qui se ferment, des interventions "venues d’en-haut", des refus de répondre, des pseudo-règles administratives...
A vrai dire, c’est une tendance naturelle pour toute personne détenant une information, et singulièrement dans les classes dirigeantes, de ne pas la partager en vertu du principe que celui qui détient l’information détient le pouvoir.
Or, dans le cadre d’une démocratie, c’est inadmissible, parce que c’est au peuple qu’appartient le pouvoir ; parce qu’il n’y a pas de gouvernement légitime sans le consentement des gouvernés et que sans information, il n’y a pas de liberté ni de consentement éclairé.

Il n’est donc pas tolérable d’accuser ou de poursuivre un journaliste pour avoir simplement exercé son métier de "mise au jour" de ce qui est caché, ou n’est pas connu. Rien ne le justifie, dès lors que le journaliste a estimé, après réflexion et vérification, en son âme et conscience, que l’information recueillie pouvait être diffusée.
Aujourd’hui comme hier, aujourd’hui peut-être encore davantage qu’hier, les citoyens exigent une information de qualité, crédible et respectueuse des droits de la personne. Une information recueillie, travaillée et diffusée par ceux dont c’est la profession, les journalistes. Comme dans tous les autres métiers, il y a la technique, qui s’apprend, et les usages, les règles de l’art, la déontologie, qui doivent aussi s’acquérir.
Diffamation, Calomnie et Provocation
La diffamation journalistique est une plainte formulée par un tiers contre un journaliste. Ce tiers l'accusant de diffamer, c'est-à-dire de proférer des propos calomnieux et mensongers à son égard. Pour qu'une plainte soit recevable, cinq conditions cumulatives doivent être fournies : atteinte à l'honneur et à la considération, la condition de publicité, l'allégation d'un fait déterminé, l'intention coupable et la mise en cause d'une personne déterminée.
La diffamation est une infraction pénale. Pour que le journaliste soit répréhendable pénalement, il faut qu'il cumule les cinq conditions. Si l'une de ces cinq conditions n'est pas prouvée, la diffamation tombe à l'eau.

Si les cinq conditions sont remplies, le journaliste peut encore espérer s'en tirer dans deux cas : s'il arrive à démontrer sa bonne foi en prouvant une objectivité, une absence d'animosité personnelle et un but légitime dans un premier temps, ou s'il arrive par la force des choses et de son enquête, à prouver que les faits sont avérés. C'est l'exception de vérité.
La liberté d’expression à ses limites, celles-ci sont prévues par le loi et chacun est libre recourir à la justice quand il se sent diffamé ou insulté.
La diffamation est un concept juridique désignant le fait de tenir des propos portant atteinte à l'honneur d'une personne physique ou morale. La plupart du temps, il ne peut y avoir de diffamation que si l'accusation est appuyée par des contre-vérités.
Les gouvernements qui abusent des procédures de diffamation sont accusés de manier celle-ci comme moyen de censure. La liberté d'opinion et d'expression est l'une des premières libertés politiques et plus généralement libertés fondamentales.
En matière de provocation le législateur est confronté à un problème : jusqu’où peut-il laisser dire, écrire ou communiquer des choses susceptibles de pousser à la réalisation d’une infraction ?
D’un point de vue juridique, la provocation peut être envisagée soit en tant que résultat soit en tant que procédé.

En effet, le dictionnaire de la langue française la définit tantôt par "l’action de provoquer" désignant ainsi un procédé personnifié par le comportement du provocateur lui-même, tantôt comme "le fait d’être provoqué": il s’agira ici du résultat obtenu par le comportement provocateur.

La provocation pourrait se définir comme "l’action intentionnelle par laquelle une personne, par tout moyen légalement admis, entend influencer la raison d’autrui en vue d’y établir les conditions les plus favorables à la commission d’un agissement attentatoire". (C’est le cas de la ligne éditorial du blog de Patrick Eric MAMPOUYA).
La provocation vise à s’emparer de la volonté du provoqué pour y substituer une autre (celle du provocateur) pendant un temps plus ou moins long dans l’espoir qu’elle conduira à un agissement condamnable. Pour autant, même si il existe une "relation contraignante" entre le provocateur et le provoqué il ne faut pas assimiler la provocation à la contrainte morale : en effet, l’influence que peut avoir le provocateur sur le provoqué ne prive pas pour autant ce dernier de sa volonté.
La provocation n’intimide pas, elle stimule. L’action qu’accomplit le destinataire de la provocation est toujours le résultat d’une détermination personnelle et consciente.
La liberté d’opinion va de pair avec la liberté d’information et plus spécifiquement la liberté de la presse, qui est la liberté pour un propriétaire de journal ou de média de dire ou de taire ce que bon lui semble dans son journal, sous réserve d'en répondre devant les tribunaux en cas de diffamation ou calomnie.
La calomnie, la provocation et la diffamation étant là aussi, les restrictions imposées à la notion de liberté d'expression pour toute parole publique, comme pour l'incitation à la haine et au meurtre. Son antithèse est la censure qui est la limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d’expression de chacun.
On distingue la censure politique (limitation par le gouvernement de la liberté d'expression) de la censure indirecte, non officielle, mais sous forme de pression en particulier une forme de censure économique. La censure peut aussi être institutionnelle ou sociale par la privation de l'information disponible à des particuliers ou à un groupe. On peut aussi ajouter les phénomènes d'autocensure...



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)