Le Tchad, pays sahélien souvent perçu à travers le prisme des urgences climatiques et humanitaires, fait aujourd’hui une entrée dans la dynamique continentale de l’économie circulaire. Grâce au soutien de la Facilité pour l’économie circulaire (ACEF) de la Banque africaine de développement, le pays vient d’adopter une feuille de route nationale pour l’économie circulaire. À travers ce plan ancré dans la « Vision 2030 », le plan national de développement, le
Tchad ne se contente pas de recycler. Il repense la croissance.
Longtemps, au détour des ruelles de N’Djamena, des voix résonnent : « Vous n’auriez pas des bouteilles ? ». Des collecteurs informels récupèrent et revendent à bas prix des déchets réutilisables, perpétuant sans le savoir un modèle d’économie circulaire enraciné dans la nécessité. Aujourd’hui, cette pratique populaire vient de s’élever au rang de stratégie nationale avec la publication officielle le 9 juillet 2025 de la Feuille de route pour l’économie circulaire 2025–2035. Le document valorise des pratiques ayant peu de visibilité et les inscrit dans un cadre structurant, doté d’une gouvernance, d’un financement et d’objectifs chiffrés.
Ce tournant s’inscrit dans une transformation d’envergure portée par la Facilité africaine pour l’économie circulaire, en partenariat avec l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (ACEA). Portées par trois piliers — renforcement des cadres politiques, appui à l’entrepreneuriat circulaire et consolidation d’une coopération continentale — les interventions de l’ACEF permettent aux pays d’ancrer l’économie circulaire comme levier structurant de croissance verte et inclusive. Outre le Tchad, le Bénin, le Cameroun et l’Éthiopie figurent parmi les premiers à opérationnaliser cette vision à travers l’initiative des Feuilles de route nationales pour l’économie circulaire (NCER), en cohérence avec les priorités nationales.
Pour les autorités tchadiennes, l’enjeu dépasse les considérations environnementales. « Cette initiative ne relève pas du luxe, mais bien d’une nécessité vitale pour l’avenir du Tchad. Elle vise à préserver les ressources naturelles, à lutter contre la pollution, à générer des emplois durables et à stimuler l’innovation locale. Elle constitue également une opportunité stratégique pour diversifier une économie encore largement dépendante du pétrole », a déclaré le ministre tchadien de l’Environnement, Hassan Bakhit Djamous.
Dans un pays où plus de 3,7 millions de personnes vivent en insécurité alimentaire, où les pertes post-récoltes dépassent 200 000 tonnes par an, et où moins de 12 % de la population a accès à l’électricité, la feuille de route présente des solutions concrètes : transformer les pertes agricoles en compost, produire du biogaz à partir des déchets animaux, ou encore récupérer les eaux usées pour irriguer les cultures.
Les résultats visés sont à la mesure des défis : réduire de 40 % les déchets non valorisés d’ici 2035, créer plus de 25 000 emplois verts dans des filières locales, et hisser l’accès à l’électricité au niveau médian africain grâce à des solutions circulaires comme la biomasse ou la valorisation des déchets organiques. Des cibles claires, au service d’une transformation systémique.
Pour structurer ces réponses, la feuille de route identifie six secteurs stratégiques — agroalimentaire, déchets, plastiques, construction, eau et énergie — déclinés en trente actions concrètes. Parmi elles, le développement de fermes circulaires inspirées du modèle béninois de Songhaï, l’intégration de matériaux durables dans les normes de construction, et la structuration du recyclage des plastiques par les jeunes entrepreneurs.
À N’Djamena, l’entreprise Karo illustre cette dynamique. Son fondateur, Ghislain Bindah Dingaotabet, collecte chaque année plus de sept tonnes de déchets plastiques. En quatre ans, quinze tonnes ont été transformées en briques écologiques, tandis que la production de biogaz à partir de biomasse animale et végétale se développe jusque dans les zones rurales. « Nous sommes une équipe de jeunes innovants et engagés, prêts à mettre notre énergie au service du pays. Il faut simplement nous donner les moyens de concrétiser nos idées », souligne-t-il
Portée par une nouvelle génération d’entrepreneurs, d’ONG et d’institutions publiques, cette transition circulaire est désormais soutenue par une gouvernance solide. Deux ateliers nationaux ont permis de structurer le processus, et un comité technique spécialisé pilote la mise en œuvre aux côtés des partenaires techniques et financiers.
Avec sa Feuille de route pour l’économie circulaire, le Tchad transforme ses vulnérabilités en leviers d’action. Il mobilise la circularité comme un outil de souveraineté et une voie vers un futur ancré dans les réalités africaines.
Tchad ne se contente pas de recycler. Il repense la croissance.
Longtemps, au détour des ruelles de N’Djamena, des voix résonnent : « Vous n’auriez pas des bouteilles ? ». Des collecteurs informels récupèrent et revendent à bas prix des déchets réutilisables, perpétuant sans le savoir un modèle d’économie circulaire enraciné dans la nécessité. Aujourd’hui, cette pratique populaire vient de s’élever au rang de stratégie nationale avec la publication officielle le 9 juillet 2025 de la Feuille de route pour l’économie circulaire 2025–2035. Le document valorise des pratiques ayant peu de visibilité et les inscrit dans un cadre structurant, doté d’une gouvernance, d’un financement et d’objectifs chiffrés.
Ce tournant s’inscrit dans une transformation d’envergure portée par la Facilité africaine pour l’économie circulaire, en partenariat avec l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (ACEA). Portées par trois piliers — renforcement des cadres politiques, appui à l’entrepreneuriat circulaire et consolidation d’une coopération continentale — les interventions de l’ACEF permettent aux pays d’ancrer l’économie circulaire comme levier structurant de croissance verte et inclusive. Outre le Tchad, le Bénin, le Cameroun et l’Éthiopie figurent parmi les premiers à opérationnaliser cette vision à travers l’initiative des Feuilles de route nationales pour l’économie circulaire (NCER), en cohérence avec les priorités nationales.
Pour les autorités tchadiennes, l’enjeu dépasse les considérations environnementales. « Cette initiative ne relève pas du luxe, mais bien d’une nécessité vitale pour l’avenir du Tchad. Elle vise à préserver les ressources naturelles, à lutter contre la pollution, à générer des emplois durables et à stimuler l’innovation locale. Elle constitue également une opportunité stratégique pour diversifier une économie encore largement dépendante du pétrole », a déclaré le ministre tchadien de l’Environnement, Hassan Bakhit Djamous.
Dans un pays où plus de 3,7 millions de personnes vivent en insécurité alimentaire, où les pertes post-récoltes dépassent 200 000 tonnes par an, et où moins de 12 % de la population a accès à l’électricité, la feuille de route présente des solutions concrètes : transformer les pertes agricoles en compost, produire du biogaz à partir des déchets animaux, ou encore récupérer les eaux usées pour irriguer les cultures.
Les résultats visés sont à la mesure des défis : réduire de 40 % les déchets non valorisés d’ici 2035, créer plus de 25 000 emplois verts dans des filières locales, et hisser l’accès à l’électricité au niveau médian africain grâce à des solutions circulaires comme la biomasse ou la valorisation des déchets organiques. Des cibles claires, au service d’une transformation systémique.
Pour structurer ces réponses, la feuille de route identifie six secteurs stratégiques — agroalimentaire, déchets, plastiques, construction, eau et énergie — déclinés en trente actions concrètes. Parmi elles, le développement de fermes circulaires inspirées du modèle béninois de Songhaï, l’intégration de matériaux durables dans les normes de construction, et la structuration du recyclage des plastiques par les jeunes entrepreneurs.
À N’Djamena, l’entreprise Karo illustre cette dynamique. Son fondateur, Ghislain Bindah Dingaotabet, collecte chaque année plus de sept tonnes de déchets plastiques. En quatre ans, quinze tonnes ont été transformées en briques écologiques, tandis que la production de biogaz à partir de biomasse animale et végétale se développe jusque dans les zones rurales. « Nous sommes une équipe de jeunes innovants et engagés, prêts à mettre notre énergie au service du pays. Il faut simplement nous donner les moyens de concrétiser nos idées », souligne-t-il
Portée par une nouvelle génération d’entrepreneurs, d’ONG et d’institutions publiques, cette transition circulaire est désormais soutenue par une gouvernance solide. Deux ateliers nationaux ont permis de structurer le processus, et un comité technique spécialisé pilote la mise en œuvre aux côtés des partenaires techniques et financiers.
Avec sa Feuille de route pour l’économie circulaire, le Tchad transforme ses vulnérabilités en leviers d’action. Il mobilise la circularité comme un outil de souveraineté et une voie vers un futur ancré dans les réalités africaines.