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REACTION

Le Tchad, "un pays très riche où vivent des gens excessivement pauvres"


- 21 Janvier 2018


Le coordinateur du Front de l'opposition nouvelle pour l'alternance et le changement (FONAC), Mahamat Ahmat Alhabo s'est exprimé ce samedi 20 janvier à l'issue d'une conférence de presse. L'intégralité de sa déclaration.


Le coordinateur du Front de l'opposition pour l'Alternance et le Changement (FONAC), Mahamat Ahmat Alhabo. Photo : Alwihda Info
Le coordinateur du Front de l'opposition pour l'Alternance et le Changement (FONAC), Mahamat Ahmat Alhabo. Photo : Alwihda Info
Après 28 ans de pouvoir sans partage, Idriss Deby a conduit le pays dans plusieurs crises gravissimes et inextricables. Ni lui, ni le système qu’il a mis en place ne sont capables de démêler les entre cheveux tissés, sans logique aucune.
Toutes les solutions proposées par le pouvoir sont inappropriées, inopportunes et conflictuelles car elles sont en absolu contradiction avec toutes les grandes théories économiques libérales qu’elles soient Keynésienne et ou Smithienne. Comment peut-on un instant vouloir relancer l’économie d’un pays en réduisant drastiquement le pouvoir d’achat d’une frange importante des principaux consommateurs du pays ?

Dans tous les cas, le pouvoir a largement démontré son incompétence et son incapacité à trouver les solutions aux graves problèmes qu’il a créés dans le pays ! La loi des finances qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et augmente exagérément les impôts et taxes en est la parfaite illustration. Les tchadiens ont attendu, bouche bée, une moindre annonce de sortie de crise du Président Idriss Déby, lors de sa présentation des vœux, le 31 décembre 2017, mais, hélas, ils sont restés sur leur faim.

Le FONAC, soucieux du bien-être de la population, est prêt à apporter sa contribution à la résolution des graves problèmes que connait le Tchad et qui sont : la mal gouvernance, les violations massives des droits humains et de liberté, l’enrichissement illicite et le pillage systématique des richesses nationales.

La situation des libertés et des droits de l’homme au Tchad est marquée par un dégradation généralisée la vie: violations constantes des droits et libertés des citoyens, interdiction systématique de toutes les manifestations pacifiques des partis politiques, des syndicats ou associations de la société civile, arrestation des leaders politiques, syndicaux, journalistes et autres étudiants, instrumentalisation de la justice par le pouvoir, confiscation de la presse publique soumise au seul parti au pouvoir. Le rapport 2017 d’Amnesty International est à cet effet édifiant.

L’Agence Nationale de Sécurité (ANS) créée pour préserver les intérêts extérieurs du Tchad est transformée en police politique du régime aux ordres exclusifs d’Idriss Deby. Elle terrorise, pourchasse, arrête, séquestre, torture et élimine en toute impunité tous ceux qui s’opposent à la politique décadente d’Idriss Déby.

Sur le plan social, la situation est encore plus dramatique : les écoles fermées faute de maitres communautaires qui totalisent plusieurs dizaines de mois de salaires impayés, les retraités ne gagnant pas leur pension, les hôpitaux manquent de médicaments, les années académiques universitaires devenues élastiques.

Il a été dépensé plus de 10 milliards de FCFA pour organiser le recensement biométrique des électeurs mais au bout du compte, le pouvoir, dans son intention manifeste de frauder, a obstinément refusé d’acquérir les kits d’identification. Que vaut un recensement biométrique sans kit d’identification ? Idriss Deby, éliminé dès le 1er tour lors de l’élection présidentielle d’avril 2016, a opéré un coup d’État électoral pour se maintenir au pouvoir.

À l’illégalité du pouvoir exécutif s’ajoute l’illégitimité du pouvoir législatif. En effet le mandat de l’actuelle Assemblée Nationale est arrivé à expiration depuis juin 2015. Les députés siègent à l’Assemblée Nationale sans mandat constitutionnel.

Le Tchad est une République de tous les excès et des contrastes. C’est un pays très riche où vivent des gens excessivement pauvres !

Le pays est classé, chaque année, parmi les derniers selon l’indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). On est dernier du monde dans tous les domaines de la vertu et premier dans ceux du vice.

Les dirigeants expliquent que la crise financière est due à la chute du prix du pétrole. Il serait plus honnête de leur part de reconnaitre que le pétrole tchadien a été hypothéqué à Glencore par ceux-là même qui ont perçu des rétro- commissions mirobolantes. Aujourd’hui le prix du baril dépasse les 65 dollars pour notre pétrole qui a été initialement jugé rentable à 13 dollars le baril par la banque mondiale !

Le Tchad est un pays riche de mille autres ressources, il n’est donc pas honnête d’expliquer la crise financière par la chute du prix du baril.

Où vont donc les recettes qu’engrangent la douane, les impôts, les mines, les taxes sur le carburant et les téléphonies mobiles, pour ne citer que celles-là?

Deby s’enrichit et enrichit ses parents et amis et écarte les autres Tchadiens de la gestion des biens publics. Il considère le Tchad comme sa propriété privée. Il se bat de toutes ses forces pour transformer la République en monarchie pour la gouverner de manière patrimoniale.

La mal gouvernance a, comme un cancer, gangrené toute la vie de la nation. Tous les corps d’État sont atteints gravement : l’administration publique, les forces de défense et de sécurité, la justice, etc... .

Pour diviser davantage la population tchadienne, le pouvoir MPS instrumentalise les divisions nord-sud, musulman-chrétien, arabophone- francophone, etc. L’adage machiavélique de diviser pour mieux régner est utilisé à fond. En conséquence, les conflits intercommunautaires se soldent souvent par d’énormes pertes en vies humaines comme à Miandoum, Bologo, Bébidja, Moussoro, Ngueli, Koumra, Abéché, Tiré, Chokoyan pour ne citer que ceux-là.
Pendant 28 ans de règne, le Général d’armée Idriss Deby Itno a été incapable de bâtir une armée nationale et républicaine. L’administration centrale et territoriale a été dévalorisée : les agents expérimentés et compétents sont remplacés par des semi analphabètes détenteurs de faux diplômes pour qui le détournement et le vol sont devenus le sport favori.

Il y a 25 ans, presque jour pour jour (15 janvier 1993) un échantillon très représentatif de la société Tchadienne s’est réuni en Conférence Nationale Souveraine (CNS) et a adopté les résolutions les plus pertinentes de l’histoire politique du Tchad. Idriss Deby Itno s’est méticuleusement employé à les détricoter, une à une.

Le 13 août 2007, les acteurs politiques ont signé un accord pour relancer le processus démocratique bloqué par le même Idriss Deby. Il l’a systématiquement violé.

Il faut souligner que depuis 1991, le Président Déby a signé des dizaines d'accords avec des organisations politico-militaires Tchadiennes et des Organismes internationales. Il les a, aussi tous, violé.

Aujourd'hui, force est de constater que le Tchad est une fois de plus dans une impasse totale. La situation impose aux dirigeants, une dose minimale de patriotisme et de bon sens pour accepter de jouer franc-jeu et de remettre tout à plat pour repartir sur des nouvelles bases.

Le Forum proposé par le Gouvernement est une mise en scène dont le scénario est déjà écrit et connu des tous. Quel est l’intérêt de la nation à jouer à cette comédie qui ne règlera aucun vrai problème. Le FONAC milite pour la tenue d’un DIALOGUE INCLUSIF qui serait à même de sortir le pays de l'impasse actuelle.

N’est-ce pas que l’hymne de Wassulu dit : «Si tu ne peux organiser et diriger le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus valeureux !»

Il est triste de souligner pour le déplorer que Déby tient mordicus à son Forum qui devra lui consacrer une présidence à vie malgré la médiation de la communauté internationale et notamment le Système des nations unies. Le FONAC a avisé et réitère une fois de plus sa position : il dit oui pour des assises qui posent les vrais problèmes du pays afin de trouver les bonnes solutions.

Je vous remercie pour votre aimable attention.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)