
Cependant, cette situation engendre des coûts économiques considérables pour les familles tchadiennes et prive le Tchad d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, qui pourrait contribuer au développement national.
Un investissement massif dans l'économie camerounaise
À titre d’exemple, l’Université de Maroua, qui accueille 8 000 étudiants tchadiens sur un total de 30 000 étudiants, illustre bien l’ampleur financière de cet exode universitaire.
Dépenses annuelles des étudiants tchadiens à l’Université de Maroua :
- Visite médicale : 3 000 FCFA par étudiant → 24 000 000 FCFA
- Frais d'inscription : 50 000 FCFA par étudiant → 400 000 000 FCFA
- Frais médicaux : 6 000 FCFA par étudiant → 48 000 000 FCFA
- Préinscription : 15 000 FCFA par étudiant → 120 000 000 FCFA
- Logement annuel : 250 000 FCFA par étudiant → 2 000 000 000 FCFA
- Dépenses mensuelles : 60 000 FCFA par étudiant → 5 760 000 000 FCFA/an
Total annuel des dépenses pour les étudiants tchadiens à Maroua : 8 328 000 000 FCFA injectés chaque année dans l’économie camerounaise. Ce chiffre estimatif, qui ne concerne qu’une seule université, démontre le manque à gagner pour l’économie tchadienne.
Pourquoi ne pas investir dans l’enseignement supérieur au Tchad ?
Face à ces sommes colossales dépensées à l’étranger, il devient impératif pour le Tchad de repenser son système universitaire afin de retenir ses étudiants et d’éviter l’évasion financière vers des pays voisins.
Le manque d’infrastructures modernes, de filières adaptées et de formations de qualité pousse chaque année des milliers d’étudiants à s’expatrier, aggravant la fuite des compétences et ralentissant le développement national.
Des solutions pour une université compétitive au Tchad
Pour réduire cet exode universitaire, le gouvernement tchadien devrait :
- Construire de nouvelles universités publiques modernes équipées de bibliothèques, laboratoires et infrastructures adaptées.
- Développer des filières adaptées aux besoins du marché de l’emploi et aux secteurs porteurs comme l’agriculture, l’ingénierie et la santé.
- Recruter des enseignants qualifiés et encourager la recherche scientifique.
- Mettre en place un financement adapté pour l'enseignement supérieur, notamment à travers des bourses d’études et des aides aux étudiants.
- Promouvoir des partenariats universitaires internationaux tout en renforçant les capacités des institutions locales.
L’État tchadien a une opportunité unique de transformer son système éducatif en un levier de développement économique. Au lieu d’investir indirectement dans le système universitaire d’un autre pays, il est temps de moderniser et renforcer l’enseignement supérieur local afin d’attirer non seulement les étudiants tchadiens, mais aussi ceux des pays voisins.
L’avenir du Tchad passe par un enseignement supérieur de qualité, capable de former des cadres compétents qui contribueront au progrès national et limiteront l’exode universitaire coûteux.