
Sur ce tronçon, les véhicules avancent à pas de tortue, naviguant entre nids-de-poule, ornières et ponts délabrés. Cela fait plus de 20 ans qu'aucun projet de réhabilitation sérieux n’a été entrepris, malgré le fait que cet axe fasse partie de la route transafricaine, reliant le Cameroun, le Tchad, la République centrafricaine, et le Congo.
Les habitants sont à bout de nerfs. Les chauffeurs se lamentent : « Il faut du courage et de la patience pour parcourir cette route. C'est depuis le matin que nous avons quitté, mais nous ne sommes toujours pas arrivés à destination », déplore Abakar Ali, un transporteur.y
Des conséquences humaines et économiques
Cette dégradation ne se limite pas à un simple problème de transport ; elle impacte gravement la vie quotidienne. Les élèves arrivent en retard à l’école, les commerçants perdent leurs marchandises, incapables de livrer à temps les produits agricoles vers les marchés, et les malades mettent des heures à rejoindre les centres de santé. Tragiquement, certaines femmes en travail sont contraintes de faire face à des complications et meurent en chemin. Koulayom Valéry, vice-président des transporteurs, indique : « Les femmes en situation d’accouchement compliqué en évacuation à Moundou meurent en route. »Alors que des milliards sont injectés dans des projets de prestige, les routes rurales meurent en silence. Combien de temps encore faudra-t-il attendre pour que Mbaikoro et Békoninga soient enfin reliés à d'autres localités ? L’urgence de trouver une solution est palpable. On ne peut pas parler de développement sans routes.