
Le Président nigérien a affirmé que la France et ses « acolytes occidentaux », ainsi que certains anciens membres du gouvernement déchu, seraient derrière les attaques terroristes qui endeuillent les populations nigériennes ces derniers temps. Il a insisté sur l’intensification des manœuvres de déstabilisation orchestrées par l’ancienne puissance coloniale contre les pays de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).
« Si l’AES réussit, d’autres pays d’Afrique vont vouloir rejoindre la confédération, c’est pourquoi la France et ses sbires font tout pour saboter les efforts des autorités militaires des pays du Sahel », a-t-il déclaré.
Une "guerre néocolonialiste" et des accusations d'enlèvements commandités
Dans cette intervention de plus de trois heures, le chef de l’État nigérien a dénoncé « une guerre néocolonialiste » menée, selon lui, par des puissances occidentales avec l’appui de groupes armés qu’il qualifie d’« auxiliaires néocoloniaux ». « Nous vivons une situation de guerre néocolonialiste menée par les puissances impérialistes avec des auxiliaires néocolonialistes que nous n’appelons plus jihadistes, pour des intérêts géopolitiques et géostratégiques des puissances occidentales néocolonialistes », a déclaré le Général Tiani.
Il a notamment accusé la France d’avoir « planifié les enlèvements d’Occidentaux » dans la région. Selon ses propos, un homme nommé « Boubacrar Dabounguel », utilisé par la France, aurait recruté « trois bandits : Momo, Ibrahim et Oumar » pour enlever « un Espagnol vers Tamanrasset (sud de l’Algérie), une Autrichienne et une Suissesse à Agadez (nord du Niger) ». Le chef de l’État affirme détenir des « éléments » prouvant cette implication, sans toutefois en produire au cours de l’entretien.
Guerre médiatique et réunions secrètes avec des groupes armés
Le Général Tiani a également évoqué une « guerre communicationnelle » qu’il attribue aux anciennes puissances coloniales et à certains partenaires occidentaux. Il a accusé la France de mener des campagnes d’influence numérique et médiatique en recrutant, par l’intermédiaire de ses agences de coopération médiatique, des web-activistes et journalistes dans les pays de l’AES. L’objectif serait de déstabiliser les régimes militaires au pouvoir, manipuler l’opinion publique et affaiblir la Confédération des États du Sahel sur tous les plans.
Le président nigérien a en outre affirmé que des réunions secrètes se seraient tenues à Abuja, au Nigéria, les 25 janvier et 3 février 2025. Ces rencontres auraient réuni des représentants de la France, des États-Unis, du Nigéria, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, ainsi que des délégués de groupes armés terroristes tels que Boko Haram et ISWAP (État Islamique en Afrique de l’Ouest). Selon lui, ces réunions avaient pour objectif de renforcer le financement, l’armement et le soutien logistique de ces groupes pour mener des actions subversives contre les pays de l’AES (Niger, Mali et Burkina Faso).
Le Général Tiani a accusé des relais humanitaires d’avoir été désignés comme circuits financiers pour ces opérations. « Pour tout soutien inférieur à un milliard de FCFA, c’est à travers le compte de la Croix-Rouge nigérienne. Pour les montants supérieurs, via les Croix-Rouge du Bénin, de Côte d’Ivoire et du Nigéria », a-t-il déclaré.
Expulsion du CICR et succès de la force unifiée de l'AES
Dans ce contexte, Abdourahmane Tiani a expliqué la récente expulsion du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) du territoire nigérien, accusant certains de ses représentants d’avoir pris part aux réunions précitées.
Par ailleurs, le Général Tiani a salué les performances de la Force unifiée de la Confédération AES, regroupant le Niger, le Mali et le Burkina Faso, la présentant comme « une réalité qui a démontré ses preuves sur le terrain », contrairement à la « Force en attente » de la CEDEAO, qualifiée d’« inefficace ».
Il a exhorté les populations du Sahel et au-delà à « être fières des efforts en cours contre l’impérialisme occidental malgré l’intensification des actions de déstabilisation et le tapage médiatique qui promet l’apocalypse ».
Ces accusations interviennent dans un climat tendu entre les pays de l’AES et plusieurs chancelleries occidentales, notamment Paris, depuis les coups d’État militaires au Mali (2021), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023). Ces trois pays se sont retirés de la CEDEAO en janvier 2024 et ont renforcé leur coopération sécuritaire et économique au sein de la Confédération AES.