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AFRIQUE

RDC : les agences des Nations Unies redoutent une crise humanitaire dans l'est du pays


Alwihda Info | Par Florence Akano, journaliste indépendant et humanitaire - 28 Novembre 2023


Au cours des six dernières semaines, les conflits en cours entre les groupes armés et les forces gouvernementales ont entraîné le déplacement forcé de plus de 450 000 personnes dans les territoires de Rutshuru et Masisi, dans la province du Nord-Kivu.


Des habitants fuyant les combats entre les rebelles du M23 et les forces congolaises près de Kibumba, au nord de Goma. Photo : Africanews.com
Des habitants fuyant les combats entre les rebelles du M23 et les forces congolaises près de Kibumba, au nord de Goma. Photo : Africanews.com
Face à la détérioration de la crise humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) tirent la sonnette d’alarme.

Parmi les déplacés, se trouve Jean Baptiste Munyanzinza, qui réside désormais dans le camp de réfugiés de Bushagara, situé à environ 20 kilomètres au nord de la capitale provinciale. Munyanzinza partage le sort de nombreuses personnes qui ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance à cause des attaques.

« Pendant que nous sommes ici, nous pouvons accéder à de l’aide pour la nourriture. Mais nous ne voulons pas de cette vie de mendicité. À la maison, nous avions des champs, du bétail et nous vivions très bien. Le plus important est d’arrêter la guerre pour que nous puissions rentrer chez nous », a souligné Munyanzinza. Alors que le pays approche des élections, la principale préoccupation de beaucoup, comme Munyanzinza, est le rétablissement de la paix.

Cependant, le HCR et l'UNICEF soulignent que la crise est exacerbée par l'accès humanitaire limité, les principales routes étant obstruées, ce qui entrave l'acheminement de l'aide à ceux qui en ont besoin. Malgré les efforts du HCR pour construire des abris pour plus de 40 000 personnes près de Goma et la distribution de kits essentiels, notamment des bâches, des marmites et des couvertures, la communauté internationale est invitée à remédier aux obstacles à l'accès humanitaire.

Près de 7 millions de personnes touchées par le conflit dans l’est de la RDC ont besoin d’une aide urgente. De récents rapports de surveillance de la protection, datant d'octobre, révèlent une recrudescence inquiétante des violations des droits humains, avec plus de 3 000 cas signalés, soit près du double des chiffres du mois précédent. Les cas de viols, d'assassinats arbitraires, d'enlèvements, d'extorsions et de destructions de biens sont monnaie courante, dressant un sombre tableau de la situation sécuritaire de la région.

Les enfants sont particulièrement vulnérables, puisque les partenaires de protection de l’enfance signalent une augmentation de 130 % des violations entre juillet et septembre 2023, s’ajoutant au nombre déjà élevé enregistré plus tôt dans l’année.

À cette crise s'ajoute le manque important de financement pour les efforts humanitaires en RDC. Le Plan de réponse humanitaire, coordonné pour 2023, couvrant à la fois les besoins financiers du HCR et de l'UNICEF, nécessite 2,3 milliards de dollars.

Cependant, à l’heure actuelle, ce projet n’est financé qu’à 37 %, ce qui laisse un déficit substantiel de ressources nécessaires pour faire face à l’escalade de la crise. « Je viens de rentrer de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où se déroule une crise humanitaire aiguë et complexe, provoquée par un conflit sans précédent qui aggrave l'insécurité alimentaire », déclare un témoin sur le terrain. La situation est décrite comme une crise oubliée, avec des conflits, un accès limité, des crises socio-économiques et climatiques et un manque de financement.

La partie orientale du pays est devenue un point chaud pour les groupes armés non étatiques, entraînant des déplacements massifs de population, et aggravant une situation humanitaire déjà fragile. Depuis mars 2022, environ 5,7 millions de personnes ont été déplacées au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri, ce qui porte le total à 6,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, soit le nombre le plus élevé en Afrique.

Les camps surpeuplés abritent désormais des millions de personnes qui n'ont pas d'alternative, en raison de la violence persistante. La crise prolongée a considérablement accru les besoins à grande échelle, des millions de personnes vivant dans des conditions précaires, et n’ayant pas accès à l’eau potable, aux établissements de santé et aux terres agricoles.

Bien qu’elle soit un pays riche en ressources, la RDC est confrontée à un paradoxe. En tant que producteur important de métaux précieux destinés aux technologies modernes, il compte également le plus grand nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire au monde. On estime que 25,8 millions de personnes, soit trois fois la population de la Suisse, devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë en 2023.

Des soldats de la paix de l'ONU patrouillent dans le village de Logo, dans le territoire de Djugu. Photo : un.org
Des soldats de la paix de l'ONU patrouillent dans le village de Logo, dans le territoire de Djugu. Photo : un.org



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