Reporters sans frontières condamne fermement ces méthodes qui relèvent de la persécution pure et simple et dont l'objectif est de réduire l'hebdomadaire au silence. Les journalistes arrêtés doivent être immédiatement libérés et doivent pouvoir reprendre leur activité professionnelle sans être inquiétés.
"J'exprime ma grande inquiétude et ma profonde solidarité envers mes collègues et l'ensemble des journalistes soudanais et j'appelle les autorités à cesser de les harceler. Je crois que cet incident est l'un des pires de toute l'histoire de la censure au Soudan", a déclaré Faisal Elbagir, journaliste d'Al-Midan et fondateur de l'association Journalistes pour les droits de l'homme (Journalists for Human Rights, JHR), contraint à l'exil début 2009 en raison de ses activités militantes.
Dans la nuit du 31 janvier 2011, les forces de sécurité soudanaises ont saisi les exemplaires d'Al-Midan qui se trouvaient à l'impression. Le 2 février, elles ont encerclé les locaux du journal afin d'interpeller quiconque en sortirait. Elles ont ainsi brutalement arrêté et malmené Kamal Karrar, assistant du rédacteur en chef, Ibrahim Mirghani, Khalid Tawfiq, graphiste, Fatma Albashir, Fathia, Samir Salaheldin et Mohamed Rahma, responsable de l'accueil. Les archives du journal ont, en outre, été confisquées.
Ces interventions musclées des forces de sécurité à l'encontre d'Al-Midan font suite à la couverture par le journal des manifestations populaires organisées, le 30 janvier, dans plusieurs villes du pays, notamment à Khartoum et à Omdurman. Reporters sans frontières avait déjà condamné les agissements des forces de sécurité contre les journalistes couvrant les manifestations (http://fr.rsf.org/soudan-censure-et-arrestations-de-31-01-2011,39428.html).
"Nous constatons avec effroi que les autorités soudanaises, loin de calmer le jeu et d'entendre les revendications de la jeunesse du pays, qui constitue le gros des manifestants, renforcent au contraire la répression, notamment contre les médias qui couvrent la contestation. La situation de la liberté de la presse, déjà préoccupante au Soudan, se détériore à vue d'œil depuis quelques jours. L'objectif de Khartoum est d'étouffer l'information", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous appelons le gouvernement à mettre un terme à la persécution des journalistes et à l'obstruction à la circulation de l'information", a poursuivi l'organisation.
Le Soudan figure à la 172e place, sur 178 pays, dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Cinq journalistes sont emprisonnés dans le pays et environ une dizaine ont été arrêtés depuis moins d'une semaine.