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TCHAD

Tchad : L'ONU alerte sur une crise humanitaire "catastrophique"


Alwihda Info | Par - 16 Juin 2025


Alors que l'afflux de Soudanais dans les pays voisins se poursuit, la crise dans l'Est du Tchad atteint un "point de rupture catastrophique", a alerté l'ONU vendredi. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), ce pays d'Afrique centrale est en proie à une "catastrophe humanitaire" qui se déroule dans l'une des régions du monde les plus fragiles et vulnérables au changement climatique.


© UNHCR/Andrew McConnell Des réfugiés soudanais arrivent à la ville frontalière d'Adré, au Tchad.
© UNHCR/Andrew McConnell Des réfugiés soudanais arrivent à la ville frontalière d'Adré, au Tchad.


 

"Cette année marque la sixième année consécutive d'insécurité alimentaire au Tchad", a déclaré François Batalingaya, Coordinateur résident et humanitaire de l'ONU au Tchad, depuis N'Djamena.



Une insécurité alimentaire alarmante et exacerbée par le conflit soudanais



Durant la période de soudure, 3,3 millions de personnes auront des difficultés à se nourrir. L'ONU souligne qu'il s'agit d'une augmentation "stupéfiante de 400 %" au cours de la dernière décennie, comparé aux 660 000 personnes touchées en 2015.

 

"Les causes sont claires. Les chocs climatiques s'intensifient, avec un impact dévastateur", a ajouté M. Batalingaya lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève.

 

La guerre qui ravage le Soudan voisin depuis 2023 aggrave considérablement la crise humanitaire au Tchad. Face à l'arrivée massive de réfugiés fuyant les affrontements meurtriers, la situation humanitaire est devenue de plus en plus préoccupante.

 

Depuis le début du conflit soudanais, plus de 850 000 réfugiés ont afflué au Tchad. Ils s'ajoutent aux 400 000 réfugiés soudanais déjà présents, arrivés par vagues au cours des 15 dernières années, triplant ainsi leur nombre en seulement deux ans.;

 

Actuellement, près de 300 000 personnes sont bloquées à la frontière, dans l'attente d'être relogées à l'intérieur des terres. Des dizaines de milliers d'entre elles, majoritairement des femmes et des enfants, dorment à la belle étoile, sans abri, sans accès à l'eau potable ni aux soins de santé.

 

"Ce sont des survivants de la guerre. Ils arrivent traumatisés, affamés et sans rien. Ils racontent des histoires de massacres, de violences sexuelles et de communautés entières détruites", a détaillé M. Batalingaya.




Le Tchad, un pays généreux mais dépassé



Malgré ses propres défis, le Tchad a maintenu ses frontières ouvertes, faisant preuve d'une générosité remarquable. Cet acte survient alors que le pays est lui-même confronté à d'importants problèmes humanitaires et de développement.

 

Selon l'ONU, les cliniques sont débordées face à une hausse de la malnutrition. "Les services de base sont au bord du gouffre. L'hospitalité de longue date du Tchad est mise à rude épreuve".



La menace du choléra et un financement insuffisant



Comme si la situation n'était pas déjà critique, une nouvelle menace se profile : le choléra a été détecté à El Geneina, à seulement 10 kilomètres de la ville tchadienne d'Adré, épicentre de la crise des réfugiés. "Dans des conditions de surpeuplement et d'insalubrité, une épidémie potentielle pourrait être dévastatrice".

 

Sur le terrain, 1,5 million de personnes ont un besoin urgent d'eau potable, mais seulement 105 000 sont desservies, souvent avec seulement 5 litres par jour, bien en dessous de la norme quotidienne de 15 litres.

 

Sur le plan sanitaire, 240 000 enfants nécessitent des vaccins essentiels comme celui contre la rougeole, mais seuls 50 000 d'entre eux les ont reçus.

 

Face à ces besoins colossaux, le plan humanitaire de l'ONU, d'un montant de 1,4 milliard de dollars, n'a été financé qu'à 9 % à ce jour.

 

"Nous faisons tout ce que nous pouvons sur le terrain. Mais sans financement urgent, nous ne pouvons pas passer à l'échelle supérieure. Il ne s'agit pas seulement des réfugiés, mais aussi des communautés tchadiennes qui les accueillent et qui soutiennent la réponse nationale", a insisté le Coordinateur humanitaire de l'ONU, concluant par cette question pressante : "La question est de savoir si le monde va réagir - ou détourner le regard".

Peter Kum
Peter Kum est un jeune journaliste doté d’une expérience d’une quinzaine d’années dans la collecte... En savoir plus sur cet auteur



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