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TCHAD

Tchad : Le Coordinateur du CPFC, Alio Abdoulaye Ibrahim répond aux questions de Jeune Tchad


Alwihda Info | Par Abdou Baya - 17 Août 2013



Alio Abdoulaye Ibrahim
Alio Abdoulaye Ibrahim
1- Jeune Tchad : Mr Alio Abdoulaye Ibrahim Coordinateur du Conseil Patriotique des Forces pour le Changement (CPFC) merci de nous accorder cet interview.

Une fusion vient de se faire entre l'UFCD (Union des Forces pour le Changement et la Démocratie) et le FPRN (Front Populaire pour la Renaissance Nationale) deux principaux mouvements rebelles contre le régime de N’Djamena afin de mettre en place le CPFC dont vous êtes le coordinateur. Déclarez-vous ainsi la reprise des armes contre le régime de N’Djamena ?

Alio Abdoulaye : Sachez tout d’abord que toute l’opposition Politico-militaire est consciente que la solution du problème Tchadien est politique et non militaire. Elle n’a de cesse réclamé l’organisation d’un dialogue politique inclusif pour régler définitivement les problèmes du pays. Mais la réponse du régime au pouvoir se fait toujours attendre. Face à la déliquescence continuelle de la situation du pays, nous travaillons activement sur toutes les voies, y compris la voie militaire pour nous permettre de nous assoir et discuter de l’avenir du pays. La fusion de nos deux ex mouvements participe surtout à la nécessité d’unifier toute l’opposition politico-militaire afin de nous permettre de regarder dans la même direction. C’est un premier pas vers une unité plus large de la résistance.

2- Jeune Tchad Le FPRN et l'UFCD faisaient jadis partie de l'UFR (Union de Force pour la Résistance) une coalition de huit mouvements rebelles présidé par Timan Erdimi qui par la suite s'est éclaté, sont-ils toujours membres de l'UFR?

Alio Abdoulaye : Comme vous le précisez, nos ex mouvements sont membres fondateurs de l’UFR, qui est une coalition des mouvements indépendants, nous osons croire qu’avec une nouvelle dynamique, ceux qui pensent comme nous privilégieront une unité complète de l’organisation. Il reste dans ce cas à reprendre la concertation, s’entendre sur une formule de relance en tirant évidemment les leçons des échecs passés. Au besoin, définir un cadre nouveau si c’est le souhait de tout le monde. Car nous croyons aux vertus du dialogue interne à l’opposition politico-militaire ; c’est une posture de responsabilité. Nous sommes conscients qu’au sortir des combats d’Am-dam nous avons connu beaucoup des problèmes entre nous. Certains ont crée d’autres mouvements, mais nos problèmes ne sont pas plus importants que ceux que vivent nos compatriotes à l’intérieur du pays et pour lesquels nous nous sommes rebellés. C’est pourquoi l’opposition politico-militaire dans sa diversité est obligée de s’assoir pour les solutionner et poursuivre la lutte.

3- Jeune Tchad : Depuis que Khartoum a expulsé en 2010 les trois principaux chefs de la rébellion à Doha, les troupes sur le terrain furent désarmées et aucune hostilité militaire ne fut enregistrée depuis lors. N’Djamena assure avoir complètement anéanti la rébellion. Qu’en dites-vous? Y-a-t-il d’éléments sur le terrain, avez vous les moyens et les capacités d’agir ?

Alio Abdoulaye : Croyez moi, ce n’est pas ce qu’a dit le président Idriss Deby entre la fête du Ramadan 2013et celle de l’indépendance le 11 Août 2013. Il a connu la rébellion et il sait que ce n’est pas au tchadiens qu’on peut dire qu’on a anéanti une rébellion sans solutionner la cause de sa création qui est l’injustice. 2010 a été une étape dans notre lutte. Nous avons connu des difficultés et nous avons tiré les leçons. Nous travaillons pour le reste. Je ne peux révéler maintenant les détails de notre présence sur le terrain.Si le président Deby s’inquiète pour le maintien de son régime ces derniers jours, une fois de plus c’est à lui de savoir qu’il est temps de répondre à notre demande d’un dialogue inclusif.

4- Jeune Tchad En 2008 les rebelles étaient à la porte de N’Djamena, mais ils se sont repliés faute d’entente entre les chefs, n'avez-vous pas peur que le même scénario se répète ?

Alio Abdoulaye : Il est vrai que l’opposition politico-militaire n’avait pas pris suffisamment du temps pour résoudre certains problèmes en février 2008. Mais reconnaissons que la base combattante à accompli ses taches opérationnelles avec courage et détermination et elle est toujours déterminée à poursuivre la lutte. Le scénario de 2008 est dépassé. Il faut reconnaître que les concertations qui ont précédé la création de l’UFR ont permis de faire une avancé sur certains sujets. Nous croyons que nous devons poursuivre les concertations pour solutionner les problèmes auxquels nous faisons face et la prochaine fois sera la meilleure.

5- Jeune Tchad Mais vous savez qu’il est impossible d’entrevoir un dialogue inclusif avec les autorités de N’Djamena ?

Alio Abdoulaye : Nous partons du fait que les hommes changent avec le temps face aux événements. La situation actuelle du pays et le contexte politique international exigent que l’on fasse recours aux amis du Tchad et aux institutions internationales pour faciliter un dialogue entre les Tchadiens. L’arrestation arbitraire des députés, journalistes et blogueurs, la menace permanente qu’exerce le régime sur l’opposition politique interne, sur les organisations de défense des droits de l’homme et les organisations des travailleurs sont suffisant pour que la communauté internationale ne laisse les Tchadiens à la merci de ce régime sans foi ni lois. Le dialogue inclusif s’impose donc.

6- Jeune Tchad Le chef de l'opposant Saleh Kebabo fait objet d'une levée de l'immunité parlementaire, accusé de délit d'outrage, d'atteinte à l'autorité de la Justice et de diffamation selon le régime; à deux ans des élections ; n’est ce pas une stratégie d'écarter l'opposition pour s'organiser aux prochains scrutins?

Alio Abdoulaye : Il n’ya pas que Saleh Kebzabo qui subit l’arbitraire au pays depuis que Idriss Deby est au pouvoir, plusieurs opposants et défenseurs des droits de l’homme ont été assassiné ou sont portés disparus, le cas le plus emblématique est la disparition du Pr Ibni Oumar Mahamat Saleh. Chaque jour qui passe à son lot de violation des droits de l’homme au Tchad. Il n’ya pas de justice au Tchad et pas de liberté. Avec ou sans opposition, dans les conditions actuelles, les élections ne sont qu’un folklore pour légitimer à vie la présidence d’Idriss Deby. L’opposition politique interne est mieux placée pour comprendre cela. Les accords du 13 aout qui devraient permettre de créer les conditions acceptables pour l’organisation d’une compétition électorale équitable ont été violés et enterrés par le pouvoir.

7- Jeune Tchad : Des rumeurs persistantes font états des mouvements armés au Nord, Deby accuse la Libye d’être derrière. Qu'est se passe t-il ?

Alio Abdoulaye : Que des Tchadiens sont mécontent et veulent un changement n’est un secret pour personne. Ils sont partout, leurs revendications sont connues et ils agiront le moment opportun si aucune solution n’est trouvée d’ici la.

8- Jeune Tchad : Adouma Hassaballah chef de l'UFCD est arrêté lors d'un transit à Addis-Abeba en Éthiopie en décembre 2010 est depuis lors il est portédisparu. Quel est son sort?

Alio Abdoulaye : je vous rappelle que le Colonel Adouma Hassaballah est aussi le premier vice président de l’UFR. Cette situation préoccupe nos militants et sympathisants, c’est une des principalesmissions qui m’incombe en tant que coordinateur du CPFC. Nous avons entrepris des démarches avec la famille pour élucider la question. Nos investigations se poursuivent et avec l’aide de Dieu et des organisations de défense des droits de l’homme, tout sera fait pourélucider son cas.

Propos recueillis par Jeunes Tchad



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