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TCHAD

Tchad : "On cherche à inculquer aux hommes les valeurs intrinsèques de la femme", Amalkher Djibrine


Alwihda Info | Par - 18 Décembre 2017


Djibrine Amalkher Souleymane, la représentante de la Ligue internationale de la Ligue internationale des femmes pour la Paix et Liberté au Tchad, a accordé un entretien exclusif à Alwihda Info.


Djibrine Amalkher Souleymane. Alwihda Info
Djibrine Amalkher Souleymane. Alwihda Info
Le rendez-vous est pris au quartier Amriguebe, en plein cœur de N'Djamena. Djibrine Amalkher Souleymane, la représentante de la Ligue internationale de la Ligue internationale des femmes pour la Paix et Liberté au Tchad, a accordé un entretien exclusif à Alwihda Info. Dans un pays où « la majorité des jeunes femmes ne passent pas leur baccalauréat », la présidente de l'institution veut avant tout œuvre pour la sensibiliser la population tchadienne au rôle des femmes dans la société. Gages de stabilité et de paix, elles sont aussi un moteur non négligeable de l'économie. « Les pesanteurs socio-culturels constituent un obstacle majeur pour l’épanouissement de la femme rurale du Tchad », déplore Djibrine Amalkher Souleymane. Explications.

Alwihda Info. Quels sont les objectifs de la Ligue internationale des femmes pour la Paix et la Liberté ?

Djibrine Amalkher Souleymane : L’objectif principal est d’impliquer les femmes, mais aussi les hommes, dans la question de la paix et de la sécurité. On ne peut pas parler d’une paix durable sans l’implication des femmes qui subissent les conséquences néfastes de la violence et de conflit armé. L’organisation participe aussi à la mise en œuvre de la « résolution du conseil de sécurité 1325 femme et sécurité » adoptée en 2000 par l'Organisation des Nations unies (ONU). Cette dernière souligne l'importance d'une pleine participation des femmes, dans des conditions d'égalité, à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu'à l'édification et au maintien de la paix. Cette résolution, nous devons la vulgariser à l’échelle nationale pour que chaque personne puisse se rendre compte qu'il existe un instrument juridique international qui peut les aider.

Cette résolution des Nations unies est-elle adaptée à la réalité tchadienne ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Elle est tout à fait adaptée à la réalité tchadienne. L'histoire a montré qu'en associant une femme dans le groupe de médiateurs pour la résolution d’un différend, celui-ci va rapidement trouver une solution. La femme est en mesure de bien communiquer et de convaincre pour permettre d’estomper un conflit. De plus, la présence de femmes dans le corps en treillis à savoir la police, la gendarmerie et l’armée régulière jouent déjà leur partition dans le cadre de prévention de conflit et de maintien de la paix. Avant cela n’existait pas. C’est l’adoption de cet instrument juridique international de l'ONU qui a permis la réinsertion des femmes dans les différentes couches socio-professionnelles.

Concrètement, comment allez-vous procéder pour mettre en œuvre « la résolution 1325 » de l'ONU ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Nous allons chercher à mettre en place un plan d’action national avec tous les partenaires nationaux et le gouvernement tchadien. On a également organisé un atelier de conscientisation de la femme sur « la résolution 1325 » et sur le rôle que la femme joue dans la prévention de conflit. Nous avons commencé par présenter la Ligue internationale de la femme d’une manière générale et « Wilfp-Chad » en particulier. La directrice du centre Almouna est intervenue pour expliquer le rôle de la femme dans la gestion et la prévention de conflit en tant que vrai chef de famille.

Les hommes ont-ils des responsabilités dans cette campagne de sensibilisation au rôle des femmes tchadiennes dans la société ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Notre institution veut véhiculer à travers ces activités ne s’adressent pas seulement aux hommes, mais à tout le monde. Il faut mettre en place des moyens nécessaires pour sensibiliser une bonne partie de la population sur l’existence et l’importance de cette résolution. Il est également indispensable d’étaler un plan d’action pour la création d’un comité disciplinaire et multidimensionnel. On cherche à inculquer aux hommes les valeurs intrinsèques de la femme. Pour ce faire, celles-ci devront éduquer les enfants aux notions d'égalité et de respect mutuel qui éviteront l’irruption de la violence dans le milieu conjugal dans les années à venir.

Vous agissez à N'Djamena, la capitale. Mais menez-vous des actions de sensibilisation en milieu rural ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Oui. On se sert des nouvelles technologies de l’information et de la communication. On se joint à d’autres associations locales en dépêchant sur place deux ou trois personnes pour les renforcer dans cette campagne de vulgarisation. Ici à N’Djamena, les femmes sont un peu différentes de femmes rurales. C'est pourquoi, des séances de sensibilisation et de formation sont mise en place en amont pour que les femmes soient en mesure de comprendre les problèmes en milieu rural. Premièrement, il faut absolument intégrer dans l’équipe une personne qui parle la langue locale. Deuxièmement, il faut prendre contact avec les leaders coutumiers et religieux. Nous essayons de faire comprendre que les femmes peuvent contribuer au développement de son terroir et à son épanouissement. Mais aussi lui faire comprendre qu'elle a des droits, qu’elle peut les faire valoir auprès des leaders religieux, coutumiers ou bien de responsables administratifs.

En milieu rural, quelles sont les difficultés auxquelles les femmes sont-elles confrontées ?

Djibrine Amalkher Souleymane : En réalité, la femme rurale traverse une panoplie de difficultés liées aux pesanteurs socio-culturelles. En milieu rurales, les femmes pensent notamment qu’elles n’ont pas de droits mais des devoirs en raison de leur infériorité face aux hommes. Elles pensent que c’est la nature, la culture et la religion qui les soustraient à être plus dociles. C’est un défi sérieux qui se pose à nous et qu’il faut le surmonter. Les autres difficultés que nous rencontrons sur place sont liées à la formation. Les femmes n’ont pas de compétence ni de technique de base pour développer les activités génératrices de revenus parce qu’elles ne sont pas autonomes.

Avez-vous des moyens financiers pour vous déplacer sur le terrain dans un pays comme le Tchad ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Nous faisons effectivement face à un problème de moyens. Il faut absolument mettre en place des projets pour financer nos travaux sur le terrain. Pour le moment, c’est une organisation qui se débrouille avec des aides financières externes au Tchad. À un certain moment, les activités que nous menons dépassent largement l’aide que nous recevons. Il nous faut des moyens plus costauds pour permettre à nos activités de se matérialiser sur le terrain.

Avez-vous un message à l’égard de vos sœurs femmes ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Il faut savoir comment se battre. Et pour se battre, il faut une base. Cette base peut-être de différentes formes mais je pense que les bases légales, juridiques, institutionnelles sont très importante. Des cadres juridiques qui nous protègent existent mais les femmes ne sont jamais informées de leur existence. Mais il ne faut pas que les femmes restent le bras croisé. Il faut qu’elles bougent, s’approchent du ministère ou d'une organisation comme la nôtre, qui est disposée à donner toutes ces informations et à former ces femmes.

Dans quelle dynamique abordée l'année 2018 ?

Djibrine Amalkher Souleymane : Pour 2018, la Ligue va lancé une campagne qui s’appelle « Move the Money ». Il s'agit de la reconversion de l’argent de la guerre vers la paix et le développement. On aimerait que les femmes tchadiennes s’approprient vraiment cette campagne et comprennent son importance pour nous appuyer. En même temps, nous allons poursuivre la mise en œuvre de la « résolution 1325 ».

Interview réalisée par Djimet Wiché.
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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