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Tchad : exode rural et explosion démographique à N’Djamena, quelles solutions pour loger les habitants ?


Alwihda Info | Par Gloria Ronel - 15 Octobre 2025


Au Tchad, de nombreux jeunes, à la recherche de meilleures opportunités économiques et d’éducation, quittent leurs villages et villes natales pour s’installer à N’Djamena. Ces derniers temps, ce phénomène prend de l’ampleur, provoquant une explosion démographique et accentuant les difficultés socio-économiques dans la capitale.


Dans les zones rurales, les populations perdent leur main-d'œuvre, et la capitale subit une forte pression sur ses infrastructures et services, entraînant le développement de quartiers périphériques sans services adéquats. Neronel Alliance, une jeune femme âgée d’une vingtaine d’année, vivant à Walia dans le 9e arrondissement, justifie sa décision par l’absence de meilleurs conditions de vie à Bodo, le village qui l’a vu naître.

« Les activités agricoles sont souvent dégradées et les opportunités économiques sont rares dans les provinces, c’est ce qui nous poussent à chercher de l'emploi en ville », renchérit-elle. Djelassem Junior, un autre jeune venant de Doba, soutient que : « Les investissements sont massivement dirigés vers N'Djamena. La ville, malgré ses défis, offre plus de modernité et de possibilités que les campagnes, où l'accès à des services de base comme l'éducation ou internet est limité. En tant que jeune avec des ambitions, je suis à la quête d’un avenir meilleur ».

Pour le sociologue tchadien, Agaziz Baroum, l’exode rurale est perçu comme le résultat d’une situation économique difficile dans les provinces, qui s’explique par plusieurs facteurs : Il est vu comme la conséquence d’un déséquilibre qui existe entre les provinces considérées pauvres et la capitale qui est en perpétuelle évolution ».

« C’est un phénomène dynamique souvent causé par la dégradation des activités agricoles et le manque de perspectives économiques dans les provinces, qui poussent les jeunes à migrer dans la capitale », réitère le sociologue.

Selon lui, la plupart de ces jeunes ruraux sont souvent motivés par la recherche d’un emploi et la quête d’une vie meilleure. Les conflits intercommunautaires, les conflits agriculteurs-éleveurs, la pauvreté, les accusations fondées ou à tort des personnes qualifiées de sorciers ou mangeurs d’âme, sont entre autres les raisons qui poussent aussi ces jeunes à migrer dans la capitale.

Agaziz Baroum souligne également que le départ massif des jeunes affaiblit les zones rurales, entraînant une perte de main-d’œuvre et l’abandon de l’agriculture, un secteur pourtant stratégique pour le développement économique du pays. Il estime que l’absence de politiques efficaces d’aménagement du territoire aggrave encore le phénomène.

Pour venir à bout de ce phénomène d’exode rural, le sociologue tchadien propose que l’Etat réétudie ses politiques publiques pour investir massivement dans les zones rurales, dans les infrastructures de base. Il doit encourager l'entrepreneuriat agricole et créer des conditions de vie décentes afin de retenir la jeunesse, en créant de l’emploi, des lieux de loisir. Les autorités doivent revoir leur stratégie de lutte contre la pauvreté, l’impunité, et les conflits sociaux, tout en formant les jeunes ruraux et leur donner de cash pour entreprendre dans leur localité respective.

« Il faudrait aussi noter que, lorsque ces jeunes arrivent à N’Djamena, ils sont confrontés à un problème d’adaptation, d’intégration sociale et de logement, c’est pourquoi ils s‘entassent en dizaine dans une chambre », s’indigne-t-il. Face à l’exode rural, l’Etat doit réguler et diminuer le prix de location à N’Djamena, aménager les voies d’accès aux quartiers périphériques.

Il doit intervenir en construisant des logements sociaux pour les populations à faibles revenus, mettre en place des services sociaux de base orientés vers la santé, l’éducation, l‘eau potable et l’électricité pour rendre les campagnes plus attractives, conclut-il.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)