Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
TCHAD

Tchad : jeunes diplômés sans emploi, entre désillusion et débrouillardise


Alwihda Info | Par Ndafogo Salmanou Ludovic - 8 Octobre 2025


Au Tchad, de plus en plus de jeunes terminent leurs études avec l’espoir d’obtenir un emploi stable. Mais une fois diplômés, la réalité les rattrape : le chômage des jeunes atteint des niveaux préoccupants.


Tchad : jeunes diplômés sans emploi, entre désillusion et débrouillardise
Faute de débouchés, beaucoup oscillent entre découragement, petits métiers et projets improvisés pour survivre.

Des diplômes, mais pas de travail
Dans les rues de N’Djamena, le constat est le même : les jeunes diplômés cherchent désespérément un emploi correspondant à leur qualification. Chaque année, les universités et instituts supérieurs forment des milliers d’étudiants, mais le marché de l’emploi reste saturé.

« J’ai obtenu ma licence en gestion depuis trois ans, mais je n’ai jamais trouvé de poste dans mon domaine », confie Noudjiré, 28 ans, diplômé de l’Université de N’Djamena. « J’ai envoyé des dizaines de dossiers, sans réponse. Aujourd’hui, je donne des cours particuliers pour gagner un peu d’argent. »

Le cas de Noudjiré n’est pas isolé. Selon plusieurs économistes tchadiens, le pays connaît un déséquilibre entre la formation et les besoins réels du marché du travail. Les secteurs public et privé offrent peu de places, tandis que les compétences techniques ou agricoles, pourtant utiles, sont encore sous-valorisées.

Un marché du travail limité
Le secteur public, longtemps perçu comme principal employeur, ne peut plus absorber tous les diplômés. Le gel des recrutements, les réformes administratives et la crise économique ont réduit les perspectives. « Même les concours de la Fonction publique sont rares et très sélectifs », explique Aché, diplômée en droit. « On finit par se dire qu’avoir un diplôme ne suffit plus. »

Le secteur privé, quant à lui, reste peu développé. Les petites entreprises locales manquent de moyens pour recruter, et les grandes sociétés étrangères privilégient souvent des profils expérimentés. Des jeunes sont souvent confrontés à une exigence d'un certain nombre d'années d'expérience qui les élimine.

La débrouillardise comme alternative
Face à ce blocage, de nombreux jeunes se tournent vers l’auto-emploi ou l’entrepreneuriat informel. Certains se lancent dans la vente en ligne, d’autres ouvrent de petits ateliers, font de la photographie, ou proposent des services numériques. « J’ai étudié le Droit, mais je vends maintenant des accessoires de téléphones », raconte Hassan, installé au marché de Dembé. « Ce n’est pas ce que j’avais prévu, mais au moins je gagne ma vie. » Ces initiatives traduisent une volonté de ne pas céder au désespoir.

Pourtant, les obstacles sont nombreux : manque de financement, absence d’accompagnement, formation insuffisante en gestion. Les programmes d’appui à l’entrepreneuriat jeune, souvent soutenus par le gouvernement ou les partenaires techniques, restent limités et difficilement accessibles pour la majorité.

Entre désillusion et espoir
La situation pousse certains à envisager l’émigration vers d’autres pays africains ou le Golfe.
D’autres continuent à croire en un changement possible. « Nous avons besoin d’une vraie politique d’emploi jeune, pas seulement de discours », estime Constant Madjita, diplômé en informatique. « Si l’État soutient les projets innovants, beaucoup de jeunes pourront créer eux-mêmes des emplois. »

Les organisations de la société civile appellent, elles aussi, à repenser la formation professionnelle. Adapter les cursus aux besoins du marché, encourager les métiers techniques et soutenir l’entrepreneuriat local figurent parmi les pistes évoquées.

Un avenir à reconstruire
Malgré la précarité, la jeunesse tchadienne garde une remarquable capacité de résilience. Elle invente, s’adapte et cherche à s’en sortir par ses propres moyens.

Le défi pour les autorités reste immense : transformer cette énergie en moteur de développement. Le chômage des jeunes diplômés au Tchad n’est pas qu’un problème économique c’est un enjeu social et humain. Entre désillusion et débrouillardise, la jeunesse tchadienne montre sa volonté d’agir, malgré les obstacles. Soutenir cette dynamique, c’est investir dans l’avenir du pays.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)