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Tchad: le chaos


Alwihda Info | Par - Җ€BIЯ - - 21 Février 2008


Une bibliothèque est un lieu où on puise des connaissances, une richesse pour le savoir. Et comme tel elle a beaucoup d’importance pour les jeunes, pour les formateurs…Il y a des documents qu’on ne pourra pas du tout trouver parce qu’ils ne sont plus édités. Ils sont rares. C’est quelque chose de capital que les jeunes du lycée et les formateurs ont perdu.



Le Chaos auTchad


Ces images montrent l’intensité avec laquelle les combats se sont déroulésdu samedi 02 au dimanche 03 février 2008 à N’djamena. Filmée par un témoin,cette scène se déroule juste devant le Lycée Sacré-Cœur l’un des champ debataille. Que de dégâts a connu ce Lycée.

Les dommages les plus importants au Lycée du Sacré Coeursont ceux de la bibliothèque. Un obus y est tombé. La bibliothèque a pris feu. Aucun livren’a survécu à l’action des flammes. Seuls  restent des cendres et descadres en fer des tables et bancs. La dalle de l’étage n’est plus solide. Lerisque que le  l'immeuble s’écroule est grand. Les vitres du bâtiment danslequel est situé la bibliothèque et l’administration sont toutes brisées. Onpeut voir beaucoup de trous sur les murs et les fenêtres.

Le bâtiment de la pastorale faisantface à la CEBEVIRHA a reçu aussi un obus. Le mur est cassé, le toit a volé enéclats, le bureau de l’aumônier est méconnaissable. Deux salles de classes, lasalle de couture, la maison du gardien et le mur séparant le lycée et leSECADEV (secours catholique pour le développement) ont reçu des obus.

Tous les bâtiments ont été criblés de balles.L’habitation des sœurs n’est pas du reste. Une balle a troué une porte frôlantune sœur couchée, a traversé la salle à manger en passant sous une table pourfinir sa course dans l’armoire. Plusieurs autres balles ont touché l’habitationdes sœurs. L’une d’elles a reçu des éclats.

Dans la cour, beaucoup de branches gisent à terre. Dèsl’entrée on peut le constater. A droit, le tronc du baobab est déchiqueté. Agauche dans le parking, un caïcédrat en lambeaux. Juste à coté le château d’eauest marqué par un trou d’environ 7cm de diamètre. Selon les témoins, se sontles minutions du véhicule en feu qui l’ont atteint. A coté de ce véhicule calciné on peut voir à terre unbéret rouge à moitié brûlé. Devant cette atmosphère de désolation, M.TchobsalaLessam censeur du second cycle, sidéré,  lâche : « c’estvraiment la catastrophe (…) C’est aberrant qu’on vienne faire de la capitale unchamp de bataille. »

Cette guerre qui n’a arrangé personne en marquant leLycée du Sacré-cœur est venue perturber sérieusement les cours. La reprise nese fera pas dans un avenir proche. Il y a assez de munitions qui n’ont pasexplosé dans le lycée. Les salles ne sont pas en état pour permettre la reprisedes cours.

Fangbo Bruno & Adjeffa Gamma Esaïe

Nous avons RECULÉ d’un pas
Interview : Palou Etienne Bibliothécaire duLycée Sacré-cœur.

Le Lycéedu Sacré-Cœur a formé de nombreux cadres  qui aujourd’hui travaillent dansl’administration tchadienne. La Bibliothèque qui est partie en fumée est lelieu où ils ont puisé les connaissances qui sont à la base de leur réussite. Lebibliothécaire Palou Etienne, qui a passé 20 ans de sa vie dans cettebibliothèque nous livre ses impressions. Exclusivité RAFIGUI Presse Jeunes

RAFIGUI : quellesimpressions avez-vous en voyant la bibliothèque en cendres ?

P.E (PalouEtienne) : C’est désastreux, c’est un choc et c’est écœurant de voir cettebibliothèque partir en fumée. Ca me fait vraiment mal car c’est toute une viepour moi d’entretenir, de gérer cette bibliothèque.

RAFIGUI : Quelle valeur donnez-vous à cettebibliothèque ?

P.E : Une bibliothèque est un lieu où on puise des connaissances,une richesse pour le savoir. Et comme tel elle a beaucoup d’importance pour lesjeunes, pour les formateurs…Il y a des documents qu’on ne pourra pas du touttrouver parce qu’ils ne sont plus édités. Ils sont rares. C’est quelque chosede capital que les jeunes du lycée et les formateurs ont perdu.

RAFIGUI : Quelle quantité de livre contient cette bibliothèque ?

P.E : Nousavons plus de 10.000 volumes.

RAFIGUI : Pensez-vous que le Lycée Sacré-Cœurretrouvera un jour sa bibliothèque ?

P.E : Pourretrouver une bibliothèque pareille, il faudrait que tout le monde s’y mette,les élèves eux-mêmes, les parents, les anciens, les organisations quisoutiennent les jeunes, les ONG. Je pense qu’on peut garnir la bibliothèque, onpeut mettre ces documents à la disposition de la jeunesse qui est assoiffée deconnaissance. Mais il faudrait se rendre à l’évidence qu’on ne pourra pastrouver le fond documentaire rare.

RAFIGUI : Avez-vous un message à donner aux élèves,aux autorités, aux rebelles de manière générale à tous les tchadiens.

P.E : C’estune situation à répétition que nous vivons chaque fois. Mais la destruction quenous connaissons est matérielle et humaine. La bibliothèque qui est détruiteest un puit où  on vient puiser la connaissance. Et si on continue àperdre ces choses, nous ne pourrons pas avancer. On dit souvent que la jeunesseest fer de lance de la nation. Fer de lance par rapport à quoi ? Quand ondétruit les centres de documentation. Chacun doit se regarder à l’intérieur desoi, voir sa part de responsabilité avant de regarder l’autre. On doit discuterfranchement et arriver à une situation de paix. Tant que nous n’avons pas cettepaix, nous continuerons à perdre des vies humaines, du matériel et cela ne nousfera que reculer. Cela ne nous donnera pas à décoller comme les autres pays.Pour le Lycée du Sacré-Cœur, nous avons reculé d’un pas mais si on se soude lescoudes, on peut faire un bond à deux pas.

Fangbo Bruno

 





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