Tchad : "même le concombre est importé d’Ukraine"

Scène insolite un matin au quartier Amtoukoui dans le 7ème arrondissement de la capitale. Deux motocyclistes en partance pour un chantier ingurgitent quelques sachets de whisky frelaté. L’un deux demande spontanément le prix d’un tas de 3 savons linge de 400 grammes. “Les 3 ne coûtent que 1100 francs’’, répond la vendeuse. “Pourquoi une augmentation de 100 francs’’, interroge l’homme qui achète de coutume le tas à 1000 francs. “Tu ne sais pas qu’il y a la guerre en Ukraine’’, interroge la dame, comme pour se moquer du client pas assez informé. “Ah bon ! Même le savon nous vient désormais d'Ukraine ?’’, interroge le client avec un brin d’ironie lui aussi. “Mon frère, même le concombre est désormais importé d’Ukraine’’, ironise un chauffeur venant de descendre de la voiture sans être invité à la conversation. Toute l’assistance pouffe de rire.

Un peu plus loin à Chagoua dans un petit marché, un trentenaire ayant acheté le “garga’’ pour le petit-déjeuner commande les ingrédients. La vendeuse ne lui donne qu’un sachet d’arôme de marque “Taam’’ produit localement contre 50 francs. “Ça ne se vend plus à 25 francs l’unité ?’’, interroge l’homme d’un ton nerveux. “Les grossistes ont augmenté, j’ai augmenté moi aussi’’, répond la gamine. “Tout le monde dit que la guerre dans quel pays je ne sais, a provoqué la flambée’’, explique la gamine.

Chez les semi-grossistes, les pâtes alimentaires (spaghetti, macaroni) ont quasiment doublé de prix. Le blé n’est pas exporté en quantité en raison du conflit en Ukraine.