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Tchad : "nous les supplions, pleurons même pour avoir le gaz"


Alwihda Info | Par Masrambaye Blaise - 15 Août 2022


Les fournisseurs en détail de gaz butane sont à jamais capricieux. Ils refusent des bonbonnes "pas assez neuves", livrent la manne avec affinités.


Des citoyens à la recherche de gaz à N'Djamena, le 13 août 2022. © Mahamat Issa Gadaya/Alwihda Info
Des citoyens à la recherche de gaz à N'Djamena, le 13 août 2022. © Mahamat Issa Gadaya/Alwihda Info
Clarisse, son bébé de six mois. à califourchon sur le dos, traîne deux autres mômes (l'un boitant) dans les eaux boueuses de Boutalbagara jusqu'à Chari Mongo à la recherche du gaz butane. "Il y a une boutique sur l'avenue du 10 octobre qui sert les clients par ordre d'arrivée", informe-t-elle. L'espoir de Clarisse est douché lorsqu'il est 20 heures. Aucune bonbonne remplie n'est disponible. Elle se résout à rentrer. Sur le chemin du retour, elle et ses trois mômes, éreintés, affamés, constatent un attroupement de femmes devant une boutique, bonbonnes vides posées dans les entrejambes. L'attroupement lui redonne un brin espoir. L'espoir comme pour la première fois, s'envole hâtivement. Le boutiquier, un trentenaire referme la porte avec fracas et disparaît après avoir déclaré sèchement "c'est pour mes clients, je ne vous connais pas". "Pardon! Aie pitié de nous!", les supplications des clients n'ont pas fait changer d'avis le boutiquier qui s'en va pour de bon, téléphone accroché à l'oreille.

À Habbéna, Charles, un policier a déserté son boulot ce week-end pour trouver "à tout prix le gaz pour son bébé de 4 mois". Le trajet Habbéna-Farcha a été fortuit. La seule boutique où "cet or" est disponible ne l'a pas servi. "Le boutiquier me dit que mes bouteilles sont vieilles, il ne peut pas les échanger avec les siennes neuves", explique le flic. Rentré, un camion vient de décharger des bonbonnes à quelques encablures de la maison. Son épouse transporte très vite les bonbonnes à la boutique. Le fournisseur "autrefois gentil est devenu orgueilleux. Il m'a refusé le gaz mais on verra", explique la dame, rancunière. "Hier à 22 heures, nous avons supplié, pleuré même pour en avoir mais ils nous ont refusé ma sœur. Nous allons nous rabattre sur le dom", la console sa cousine.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)