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REPORTAGE

Tchad : sa belle-famille exige 1 million Fcfa avant d’inhumer sa femme


Alwihda Info | Par Mbainaissem Gédéon - 5 Décembre 2022


En milieu Sara d'une manière générale et en milieu Banana en particulier, après le décès d’une de leurs filles mariées, la famille exige une somme ou le restant de la dot avant l’enterrement de cette dernière.


Un cimetière à N'Djamena. Illustration © Alwihda Info
Un cimetière à N'Djamena. Illustration © Alwihda Info
Cette pratique est appelée "Lar Yo dené", en gambaye, “Kinga Yoh” en Sara, “Tchati Rock boh ” en Toupouri, “Subol houli” en Moundang et “Kila bah” en lélé. Cela se traduit en français par "la peau de la mort", "la hache de la mort", "la dot restante" ou "termine la dot". Elle s’applique à tout homme qu’il soit de l'ethnie ou non, dès lors qu'il a pris en mariage une fille dont la tradition reconnait cette pratique.

Elle est appliquée dans le cas où l’homme n’a pas "doté" ou "terminé la dot" de sa femme ; dans ce cas, les parents exigent ce qu’on appelle "la dot restante" avant les funérailles de leur fille. Même si le corps doit attendre une semaine avant l'enterrement, il faut absolument payer le restant de la dot ou trouver un compromis avec la belle-famille en prenant des engagements.

Par contre, chez les Sara kaba, les Mbay et les gambaye, même si la dot est payée en totalité, la belle-famille exige une somme à la famille du mari. Cela se termine souvent par un arrangement. Soit la somme demandée est payée ou alors les familles parviennent à un arrangement à l’amiable. Au cas contraire, cela entraine des querelles voire des bagarres.

Monsieur W.H, habitant au quartier Chagoua, a été victime de cette pratique la semaine dernière. Il raconte les casse-têtes qu'il a vécu : "une semaine après l'hospitalisation de ma femme qui a succombé par la suite, ma belle-famille a exigé la somme d’un million de Fcfa, le jour de l'enterrement, avant d’inhumer ma femme. D’après la belle-famille, c’est sa tradition. Or, j’ai doté la femme et nous nous sommes mariés légalement devant la mairie. Je suis surpris que ma belle-famille n'ait pas pitié des enfants que madame a laissé et ne s’intéresse qu’à l’argent".

Ils sont finalement parvenus à une entente sur le paiement de la somme de 300.000 Fcfa, ce qui a permis l'enterrement de la défunte, une semaine plus tard. Cette pratique ancestrale est jugée déplorable. "Mais comme c'est la tradition, je suis obligé", se lamente le veuf.

Un notable d'un canton, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, nous donne des détails sur la réalité de cette pratique.

"Chaque ethnie et race a sa tradition. Cette pratique date de très longtemps et nous, en tant que chefs traditionnels, notre rôle est de veiller à la tradition et aux us et coutumes. Cette pratique est imposée à l’homme qui n’a pas fini la dot de sa femme", indique-t-il.

Le notable défend cette pratique, affirmant que la famille a un droit sur la fille, dès lors que la dot n'est pas payée en totalité.

Dans d'autres traditions, quand la femme décède, la belle-famille aligne des billets sur une longue tige. Quelle que soit la somme, le double doit être versé par la famille du mari lors des funérailles. La sommes est ensuite partagée entre les sages de la belle-famille avant le retour au village.

De nombreux hommes se disent victimes de ces traditions et le regrettent après le décès de leur conjointe.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)