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TCHAD

Tchad : sortir de la dépendance pétrolière, le pays face au défi de la diversification


Alwihda Info | Par Ndafogo Salmanou Ludovic - 17 Octobre 2025



Puits de pétrole au Tchad (image d'illustration). AFP/SONIA ROLLEY
Puits de pétrole au Tchad (image d'illustration). AFP/SONIA ROLLEY
Depuis plus de deux décennies, le pétrole constitue la principale ressource économique du Tchad.

Depuis le lancement de l’exploitation en 2003, l’or noir représente en moyenne plus de 60 % des recettes budgétaires et près de 90 % des exportations du pays. Une dépendance lourde, qui expose l’économie nationale à la volatilité des cours mondiaux et limite la capacité de l’État à investir durablement dans d’autres secteurs productifs.

La chute des prix du baril, notamment en 2014 et en 2020, a rappelé la vulnérabilité d’un modèle fondé sur une seule ressource. Le PIB du Tchad, estimé à environ 12,9 milliards de dollars en 2024, selon la Banque mondiale, a connu des fluctuations importantes au gré des crises pétrolières et sécuritaires.

La croissance, qui atteignait près de 9 % en 2004 au début de la production pétrolière, s’est progressivement tassée pour se stabiliser autour de 2,6 % en 2023, selon les estimations du FMI. Conscient de cette fragilité, le gouvernement tchadien mise sur une stratégie de diversification inscrite dans la Vision 2030, « Le Tchad que nous voulons ». Ce document stratégique vise à faire du pays une économie émergente, inclusive et résiliente d’ici la prochaine décennie.

Pour y parvenir, les autorités comptent sur le développement de l’agriculture, des mines, du numérique et des énergies renouvelables. L’agriculture, qui emploie plus de 80 % de la population active, ne contribue pourtant qu’à environ 35 % du PIB. Malgré un potentiel considérable 39 millions d’hectares de terres arables dont moins de 6 % exploitées, le secteur reste dominé par une production de subsistance dépendante des pluies.

Le coton, jadis « or blanc » du Tchad, représente encore une part importante des exportations non pétrolières, mais la transformation locale reste limitée. Le gouvernement tente d’y remédier à travers la relance de la CotonTchad et l’appui aux chaînes de valeur agricoles. Dans le domaine minier, le pays dispose de réserves d’or, d’uranium et de calcaire encore sous-exploitées. En 2023, plus de 50 permis de recherche minière ont été délivrés, mais les investissements restent modestes faute d’infrastructures adaptées et de cadre fiscal attractif.

Le développement des routes, des zones industrielles et de l’énergie électrique demeure un préalable à toute industrialisation. Le numérique apparaît également comme un levier prometteur. Avec un taux de pénétration d’Internet d’environ 30 % en 2024 selon l’ARCEP, le Tchad reste l’un des marchés les moins connectés d’Afrique, mais la progression est rapide. Des initiatives privées et publiques, notamment le projet de fibre optique transsaharien, visent à réduire la fracture numérique et à encourager l’émergence de start-ups locales.

Enfin, la diversification passe aussi par une meilleure gouvernance des finances publiques. Selon le rapport 2024 du FMI, les efforts de réforme engagés par N’Djamena dans la gestion des revenus pétroliers, la transparence budgétaire et la lutte contre la corruption doivent être consolidés pour créer un environnement propice aux investissements. Sortir de la dépendance pétrolière ne se fera pas du jour au lendemain.

Mais le Tchad, riche de ses terres, de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, dispose des atouts nécessaires pour réussir sa transformation économique. Encore faut-il que la volonté politique, les réformes structurelles et l’investissement dans le capital humain se conjuguent dans la durée. Le pari de la diversification reste un chantier national, mais aussi une urgence pour préparer l’avenir au-delà du pétrole.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)