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Tchad : violence basée sur le genre, entre tabou et quête de justice


Alwihda Info | Par Mogota Clarisse - 30 Avril 2025



Tchad : violence basée sur le genre, entre tabou et quête de justice
La violence basée sur le genre (VBG) désigne toute forme de violence dirigée contre une personne en raison de son sexe ou de son genre.

Elle trouve ses racines dans les inégalités de pouvoir entre les sexes, ancrées dans les traditions, les normes sociales et les stéréotypes. Ce phénomène, malheureusement courant, prend diverses formes : violences physiques, sexuelles, psychologiques, économiques et symboliques.

Une réalité persistante au Tchad
Au Tchad, la violence basée sur le genre est un fléau largement répandu mais encore largement invisible. Elle touche principalement les femmes et les filles, bien que les hommes puissent aussi en être victimes.

Selon une enquête de l’UNICEF (2022), près de 68 % des femmes tchadiennes ont subi au moins une forme de violence basée sur le genre au cours de leur vie. La violence domestique, le mariage précoce, les mutilations génitales féminines et les agressions sexuelles, restent tristement fréquents. Malgré les efforts engagés par les pouvoirs publics, la VBG demeure un sujet tabou. La honte, la peur du rejet social, les représailles et la stigmatisation, dissuadent de nombreuses victimes de dénoncer les faits.

Dans de nombreuses communautés, les normes culturelles imposent le silence, reléguant les victimes dans l’ombre. La société tend à minimiser, voire justifier, ces violences, en attribuant la responsabilité aux survivantes elles-mêmes.

Cadre légal et efforts institutionnels
Le Tchad a pourtant inscrit la lutte contre les discriminations dans sa législation. L’article 14 de la Constitution de 2020 stipule clairement que : « L’État garantit l’égalité entre les sexes et interdit toute forme de discrimination. » De même, l’article 17 réaffirme la protection de la personne humaine en déclarant que : « La personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité, à la liberté et à la protection de sa vie privée. »

Des textes spécifiques comme la loi n°006/PR/2002, relative à la santé de la reproduction, ou encore le Code pénal révisé de 2017, criminalisent les violences sexuelles et les mariages forcés. Cependant, la mise en œuvre reste difficile à cause du manque de formation des forces de l’ordre, de la corruption et du poids des traditions.

Quête de justice et rôle des acteurs
Des ONG comme Œil Féminin, Human Rights Watch, ou encore des réseaux locaux de femmes, militent activement contre la VBG. Elles organisent des campagnes de sensibilisation, accompagnent juridiquement les victimes et plaident pour des réformes institutionnelles. Le ministère de la Femme, le ministère de la Justice et des Droits humains, ainsi que la Police nationale, jouent un rôle dans la prise en charge des cas, bien que leurs moyens restent limités.

Mais pour espérer une justice effective, il faut que les victimes osent briser le silence. Il est indispensable que chaque cas de violence soit signalé dans les commissariats, auprès des autorités compétentes, ou par l’intermédiaire d’associations. Le soutien psychologique est également essentiel dans le processus de reconstruction des victimes.

Une lutte collective et structurelle
La lutte contre la violence basée sur le genre doit être menée à tous les niveaux. Elle passe par : • une éducation inclusive dès le plus jeune âge ; • l’autonomisation des femmes et des filles ;
• la formation des forces de sécurité et des professionnels de justice ;
• des campagnes de sensibilisation à grande échelle ;
• et surtout, un engagement politique fort.

La violence basée sur le genre n’est pas une fatalité. C’est un combat collectif pour une société plus juste, plus humaine et plus équitable. Chaque citoyen, chaque institution, chaque leader a un rôle à jouer. Et chaque victime mérite d’être écoutée, protégée et accompagnée.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)