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Reporters sans frontières, Le Monde et TV5Monde sont heureux et fiers de décerner le prix 2013 pour la liberté de la presse au journaliste ouzbek Muhammad Bekjanov et au quotidien sri-lankais Uthayan. Le nom des lauréats a été dévoilé au cours d’une cérémonie dans la soirée du 27 novembre 2013, à l’hôtel de ville de Strasbourg. Les trophées ont été remis au rédacteur en chef d’Uthayan, Vallipuram Kaanamylnaathan, à son propriétaire Eswarapatham Saravanapavan, ainsi qu’à la défenseure des droits de l’homme ouzbèke Nadejda Atayeva au nom du journaliste Muhammad Bekjanov, incarcéré depuis quatorze ans.
“Cette année encore, nous saluons le courage exemplaire d’hommes et de femmes pour qui la mission d’informer est un combat quotidien. Ils traduisent en actes la liberté de la presse, valeur universelle qu’ils rendent concrète, vivante. Grâce à eux, l’information devient une force capable d’éclairer, de rassembler et de faire progresser la liberté”, a déclaré Alain Le Gouguec, président de Reporters sans frontières.
Ancien rédacteur en chef du principal journal d’opposition ouzbek, Muhammad Bekjanov figure parmi les journalistes emprisonnés depuis le plus longtemps au monde. Au début des années 90, à la tête de la rédaction d’Erk (Liberté), il ouvre le débat sur tous les sujets tabous : la catastrophe écologique de la mer d’Aral, le recours au travail forcé dans les champs de coton, l’état de l’économie... Et devient une bête noire du président Islam Karimov, qui met rapidement en place un régime autocratique et répressif. Une série d’attentats à Tachkent, en 1999, sert de prétexte à ce dernier pour achever de faire taire les critiques : comme de nombreux militants démocrates, Muhammad Bekjanov est contraint sous la torture de signer des “aveux” de complicité de terrorisme et condamné à 15 ans de prison. Quelques jours avant le terme de sa peine, en janvier 2012, le journaliste est condamné à quatre ans et huit mois d’emprisonnement supplémentaires pour “refus d’obtempérer aux exigences légales de l’administration pénitentiaires”. Les très rares visites accordées à ses proches et collègues confirment qu’il est dans un état de santé déplorable. Pas moins de huit autres professionnels des médias croupissent actuellement dans les geôles ouzbèkes, dans des conditions terribles, pour avoir défié la censure omniprésente dans le pays, qui occupe la 164e position sur 179 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Rare média en langue tamoule au Sri Lanka, le quotidien Uthayan est le seul journal à avoir continué d’exister au cours de la guerre civile opposant l’armée régulière à la rébellion du LTTE, entre 1983 et 2009. Fort de ses 28 années d’expérience, ce quotidien proche de l’Alliance nationale tamoule et basé à Jaffna, au nord du pays, est aujourd’hui lu par un cinquième des Tamouls présents dans la péninsule. Dans un pays qui occupe la 162e place sur 179 pays dans le classement de la liberté de la presse, Uthayan n’hésite pas à traiter de sujets polémiques au sein d’une société toujours fragmentée. À de nombreuses reprises, il est la cible de violentes attaques qui mènent une grande partie de ses collaborateurs au départ. En 2011, cinq ans après le décès de deux employés du quotidien, son rédacteur en chef, Gnagnasundaram Kuhanathan, est laissé pour mort après une agression à Jaffna. En avril 2013, les locaux du quotidien à Kilinochchi sont saccagés par des individus armés. Enlèvement de journalistes, menaces de mort, fermeture forcée, destruction de matériel, campagnes de dénigrement : rien n’a été épargné à Uthayan. Le quotidien paye au prix fort son analyse sans concessions de la situation au Sri Lanka et ses révélations régulières sur les activités illégales du gouvernement et des militaires.
Depuis 1992, Reporters sans frontières décerne chaque année un prix international à un journaliste et un média. En partenariat avec Le Monde et TV5Monde, son objectif est d’encourager, de soutenir et de faire connaître le travail de journalistes et de médias ayant contribué de manière notable à la défense ou à la promotion de la liberté dans le monde. Depuis 20 ans, plus d’une trentaine de femmes et d’hommes, de rédactions et d’organisations ont reçu ce prix. Certains ont depuis recouvré la liberté, d’autres ont bénéficié d’une nouvelle forme de protection grâce à cette reconnaissance internationale.
“Nous honorons cette année l’une des plumes les plus connues du combat pour la démocratie en Ouzbékistan. À travers Muhammad Bekjanov, nous souhaitons renouveler notre soutien à tous les journalistes emprisonnés dans ce pays pour avoir courageusement rempli leur mission d’information, a déclaré Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans frontières. Pour Uthayan, la guerre au Sri Lanka n’est pas terminée. Si le quotidien devait succomber aux pressions qui l’assaillent, les exactions commises par les forces de sécurité contre la population dans le Nord du pays pourraient continuer en toute impunité, sans être portées à la connaissance des Sri Lankais et de la communauté internationale. Le courage et l’obstination de la rédaction à rendre compte de toute la réalité de ce pays meurtri forcent le respect et appellent toute notre solidarité."
“Il y a de nombreux prix décernés chaque année mais celui-ci revêt pour nous une importance particulière, déclare Pascal Guimier, directeur de la rédaction de TV5Monde. C’est un prix pour la liberté d’informer, l’une des conditions nécessaires à l’existence de toute vie démocratique. Il était donc évident pour nous d’être associé à Reporters sans frontières et Le Monde à cet événement rendant hommage à tous ceux qui font leur travail avec courage et passion, souvent au prix de leur vie, parce qu’ils ont la profonde conviction que tout cela œuvre et concourt à la liberté de tous."
Reporters sans frontières, Le Monde et TV5Monde tiennent également à rendre hommage à tous les autres nominés de l’édition 2013 :
Dans la catégorie “journaliste” : Reyot Alemu (Ethiopie), Jorge Carrasco (Mexique), Luo Changping (Chine), Ntina Daskapopoulos (Grèce), Ismail Saymaz (Turquie).
Dans la catégorie “média” : Lakome.com (Maroc), L’Eléphant déchaîné (Côte d’Ivoire), Radio Kimche Mapu (Chili).
“Cette année encore, nous saluons le courage exemplaire d’hommes et de femmes pour qui la mission d’informer est un combat quotidien. Ils traduisent en actes la liberté de la presse, valeur universelle qu’ils rendent concrète, vivante. Grâce à eux, l’information devient une force capable d’éclairer, de rassembler et de faire progresser la liberté”, a déclaré Alain Le Gouguec, président de Reporters sans frontières.
Ancien rédacteur en chef du principal journal d’opposition ouzbek, Muhammad Bekjanov figure parmi les journalistes emprisonnés depuis le plus longtemps au monde. Au début des années 90, à la tête de la rédaction d’Erk (Liberté), il ouvre le débat sur tous les sujets tabous : la catastrophe écologique de la mer d’Aral, le recours au travail forcé dans les champs de coton, l’état de l’économie... Et devient une bête noire du président Islam Karimov, qui met rapidement en place un régime autocratique et répressif. Une série d’attentats à Tachkent, en 1999, sert de prétexte à ce dernier pour achever de faire taire les critiques : comme de nombreux militants démocrates, Muhammad Bekjanov est contraint sous la torture de signer des “aveux” de complicité de terrorisme et condamné à 15 ans de prison. Quelques jours avant le terme de sa peine, en janvier 2012, le journaliste est condamné à quatre ans et huit mois d’emprisonnement supplémentaires pour “refus d’obtempérer aux exigences légales de l’administration pénitentiaires”. Les très rares visites accordées à ses proches et collègues confirment qu’il est dans un état de santé déplorable. Pas moins de huit autres professionnels des médias croupissent actuellement dans les geôles ouzbèkes, dans des conditions terribles, pour avoir défié la censure omniprésente dans le pays, qui occupe la 164e position sur 179 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Rare média en langue tamoule au Sri Lanka, le quotidien Uthayan est le seul journal à avoir continué d’exister au cours de la guerre civile opposant l’armée régulière à la rébellion du LTTE, entre 1983 et 2009. Fort de ses 28 années d’expérience, ce quotidien proche de l’Alliance nationale tamoule et basé à Jaffna, au nord du pays, est aujourd’hui lu par un cinquième des Tamouls présents dans la péninsule. Dans un pays qui occupe la 162e place sur 179 pays dans le classement de la liberté de la presse, Uthayan n’hésite pas à traiter de sujets polémiques au sein d’une société toujours fragmentée. À de nombreuses reprises, il est la cible de violentes attaques qui mènent une grande partie de ses collaborateurs au départ. En 2011, cinq ans après le décès de deux employés du quotidien, son rédacteur en chef, Gnagnasundaram Kuhanathan, est laissé pour mort après une agression à Jaffna. En avril 2013, les locaux du quotidien à Kilinochchi sont saccagés par des individus armés. Enlèvement de journalistes, menaces de mort, fermeture forcée, destruction de matériel, campagnes de dénigrement : rien n’a été épargné à Uthayan. Le quotidien paye au prix fort son analyse sans concessions de la situation au Sri Lanka et ses révélations régulières sur les activités illégales du gouvernement et des militaires.
Depuis 1992, Reporters sans frontières décerne chaque année un prix international à un journaliste et un média. En partenariat avec Le Monde et TV5Monde, son objectif est d’encourager, de soutenir et de faire connaître le travail de journalistes et de médias ayant contribué de manière notable à la défense ou à la promotion de la liberté dans le monde. Depuis 20 ans, plus d’une trentaine de femmes et d’hommes, de rédactions et d’organisations ont reçu ce prix. Certains ont depuis recouvré la liberté, d’autres ont bénéficié d’une nouvelle forme de protection grâce à cette reconnaissance internationale.
“Nous honorons cette année l’une des plumes les plus connues du combat pour la démocratie en Ouzbékistan. À travers Muhammad Bekjanov, nous souhaitons renouveler notre soutien à tous les journalistes emprisonnés dans ce pays pour avoir courageusement rempli leur mission d’information, a déclaré Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans frontières. Pour Uthayan, la guerre au Sri Lanka n’est pas terminée. Si le quotidien devait succomber aux pressions qui l’assaillent, les exactions commises par les forces de sécurité contre la population dans le Nord du pays pourraient continuer en toute impunité, sans être portées à la connaissance des Sri Lankais et de la communauté internationale. Le courage et l’obstination de la rédaction à rendre compte de toute la réalité de ce pays meurtri forcent le respect et appellent toute notre solidarité."
“Il y a de nombreux prix décernés chaque année mais celui-ci revêt pour nous une importance particulière, déclare Pascal Guimier, directeur de la rédaction de TV5Monde. C’est un prix pour la liberté d’informer, l’une des conditions nécessaires à l’existence de toute vie démocratique. Il était donc évident pour nous d’être associé à Reporters sans frontières et Le Monde à cet événement rendant hommage à tous ceux qui font leur travail avec courage et passion, souvent au prix de leur vie, parce qu’ils ont la profonde conviction que tout cela œuvre et concourt à la liberté de tous."
Reporters sans frontières, Le Monde et TV5Monde tiennent également à rendre hommage à tous les autres nominés de l’édition 2013 :
Dans la catégorie “journaliste” : Reyot Alemu (Ethiopie), Jorge Carrasco (Mexique), Luo Changping (Chine), Ntina Daskapopoulos (Grèce), Ismail Saymaz (Turquie).
Dans la catégorie “média” : Lakome.com (Maroc), L’Eléphant déchaîné (Côte d’Ivoire), Radio Kimche Mapu (Chili).