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AFRIQUE

Afrique : après une croissance exceptionnelle de son PIB en 2021, place à des incertitudes considérables


Alwihda Info | Par APO - 21 Septembre 2022


La réponse du continent au changement fondamental de la situation alimentaire et énergétique internationale induira un large éventail d’opportunités d’investissement.


Le cabinet international de conseil spécialisé en gestion des risques Control Risks et son partenaire, le cabinet de conseil en économie Oxford Economics Africa ont annoncé aujourd’hui la publication de la septième édition de leur Africa Risk-Reward Index, intitulée « Quand l’incertitude devient une opportunité ».

L’Africa Risk-Reward Index est un guide faisant autorité parmi les décideurs politiques, les chefs d’entreprise et les investisseurs. Le rapport décrit en détail l’évolution du contexte de l’investissement sur les principaux marchés africains et offre une perspective documentée et à long terme des principales tendances qui façonnent l’investissement dans ces économies.

Le PIB de l’Afrique a augmenté d’environ 6,9% en 2021, ce qui reflète une dynamique positive. Cependant, le continent continuera à être confronté à l’incertitude. Les séquelles de la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne ne manqueront pas d’avoir un impact sur les perspectives économiques du continent africain pendant plusieurs années. En 2021, environ 22 millions d’emplois (https://bit.ly/2Z1dRwt) ont été perdus en raison de la pandémie, et 30 millions de personnes ont sombré dans l’extrême pauvreté. On estime que 1,8 million de personnes supplémentaires s’ajouteront à ce nombre en 2022. L’augmentation des prix, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et le changement climatique ont exacerbé la crise alimentaire qui sévit sur le continent. Par ailleurs, le ressentiment antigouvernemental, déjà élevé, est en hausse à travers l’Afrique, les populations estimant que les dirigeants sont incapables de relever les défis socioéconomiques. Cette année, les ratios risque-rendement brossent le tableau d’un continent à la croisée des chemins, où les opportunités abondent dans un contexte de grande incertitude.

Dans notre rapport, nous nous penchons sur les trois grands thèmes décrits ci-dessous et présentons une synthèse de nos points de vue sur le devenir de l’Afrique.

Façonner le rôle de l’Afrique dans la transition énergétique mondiale

Cet article examine comment l’urgence de la transition énergétique mondiale et de l’abandon des combustibles fossiles, combinée à la perturbation des marchés européens de l’énergie, a suscité un regain d’intérêt pour l’énergie en Afrique – à la fois comme source d’énergie pour d’autres parties du monde et en tant que continent susceptible de brûler les étapes du développement grâce à l’adoption généralisée des énergies propres.

Des opportunités existent dans les sous-secteurs de l’énergie (énergies renouvelables, pétrole et gaz, hydrogène) et tout le long de la chaîne de valeur (extraction, développeurs, production, transmission, distribution, exportation) et les gouvernements accueillent favorablement les investisseurs.

« La transition [énergétique] en Afrique doit se faire graduellement ; de nombreux pays doivent et devront exploiter leurs combustibles fossiles tout en développant activement les énergies renouvelables. Les pays à fort potentiel de GNL, tels que l’Angola, le Mozambique, la Tanzanie et le Nigeria, susciteront l’intérêt soutenu des investisseurs et il sera important de suivre les débats sur la fin du torchage », déclare Patricia Rodrigues, analyste senior chez Control Risks.

« Considérant la concurrence entre projets sur des marchés saturés, les acteurs privés devront être conscients des risques politiques ainsi que des problèmes contractuels avec les gouvernements, qui peuvent entraîner des retards. Les investisseurs doivent être au fait des préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) liées à leur secteur économique, vu le potentiel d’écoblanchiment et la nature extractive continue de nombreux projets », ajoute Mme Rodrigues.

Sortir l’Afrique de l’impasse en matière de sécurité alimentaire

La perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales provoquée d’abord par la pandémie de Covid-19, puis plus récemment par le conflit en Ukraine, a mis en évidence la dépendance de l’Afrique vis-à-vis de l’extérieur pour la plupart de ses produits de base, ainsi que les graves lacunes des chaînes d’approvisionnement internes du continent, notamment la chaîne alimentaire. Bien que les pays africains se soient engagés en 2019 à accélérer l’intégration régionale dans le cadre de l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ces défis restent encore largement présents.

En Afrique, la plupart des activités liées à l’agriculture sont des activités de subsistance ; mais lorsque ce n’est pas le cas, le transport des produits agricoles de la ferme au consommateur final est coûteux. L’important déficit énergétique et en infrastructures de transport reste « un obstacle majeur à la résolution de ce problème ».

« La dépendance de l’Afrique à l’égard des importations, même des denrées alimentaires les plus basiques, est l’un des problèmes les plus urgents », selon Jacques Nel, responsable d’Africa macro, Oxford Economics Africa. « Considérant la dépendance du continent à l’égard de l’agriculture pluviale et sa sensibilité au changement climatique, face à la tendance internationale au renforcement de la sécurité alimentaire de chaque pays, cette situation pourrait encore se détériorer. La résolution de ce problème nécessitera des investissements publics et privés dans le stockage et l’entreposage, l’agro-industrie, les infrastructures agricoles et les services financiers. Les avancées technologiques des fintechs et de l’agriculture ainsi que le déploiement de la ZLECAf pourraient favoriser les progrès nécessaires. »

Cependant, le cadre politique très protectionniste du continent empêchera les améliorations à court terme : de nombreux protocoles commerciaux de la ZLECAf restent théoriques. Même au sein des regroupements de pays, comme la Communauté de l’Afrique de l’Est et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, c’est la concurrence qui règne plutôt que la coopération lorsqu’il s’agit de desservir principalement des marchés non africains. Les régimes fonciers sont également une question hautement politisée dans l’ensemble du continent. Parallèlement, les « réussites » dans le secteur agricole concernent souvent une agriculture industrielle axée sur des cultures à faible teneur en calories (telles que l’horticulture et le cacao). Des points d’interrogation demeurent également concernant les capacités de valeur ajoutée et de transformation des produits agricoles, qui se développent en partant d’un niveau très bas à travers le continent.

Des gouvernements à court d’argent font face à une vague de mécontentement

Le ressentiment antigouvernemental est important et augmente parmi de nombreuses populations africaines, les dirigeants étant accusés de ne pas s’attaquer à la hausse du coût de la vie. Bien qu’elle ait provoqué des troubles dans de nombreuses capitales africaines, il est peu probable que cette grogne précipite des changements politiques importants. En effet, les élites soit ignorent les préoccupations ou cooptent des mouvements populaires pour prendre le pouvoir ou renforcer leur propre emprise sur celui-ci, soit elles n’ont tout simplement pas les moyens financiers de faire quoi que ce soit de concret (les systèmes de protection sociale étant défaillants ou inexistants).

Les responsables politiques et les élites ont fait de vagues promesses de réformes, mais il est peu probable que celles-ci soient tenues malgré la colère croissante des populations. Le Nigeria, le Ghana, l’Ouganda et l’Afrique du Sud illustrent bien cette situation, le point commun de ces pays étant que l’opposition y est bruyante et perturbatrice, mais généralement pas assez efficace pour provoquer le changement.

Le Soudan et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont connu une série de coups d’État perpétrés « au nom du peuple » par des militaires qui déposent les dirigeants et leurs partis en place de longue date. Cependant, plutôt que de procéder à de véritables changements, ces régimes militaires renoncent aux transitions ou les reportent, prouvant qu’ils font tout autant partie de l’establishment que les dirigeants qu’ils ont renversés. Ailleurs, au Kenya, le candidat à la présidence, William Ruto, a mené une campagne populiste pour tenter de se différencier des élites. Mais, vu qu’il fait lui-même partie de l’élite du pays, il est peu probable qu’il tienne ses promesses populistes.

Les risques pour la stabilité politique vont s’accroître au cours de l’année à venir, car les défis socioéconomiques exacerbent la gravité des inégalités et soulignent l’incapacité des gouvernements à les atténuer. À l’avenir, les entreprises pourraient être affectées directement ou indirectement par les manifestations et doivent établir des plans de gestion des risques, tels que des menaces sécuritaires indirectes, des retards affectant la chaîne d’approvisionnement, le pillage et le vandalisme, ou le devoir de protection à l’égard de leurs employés.

Méthodologie

Basé sur une combinaison de scores évaluant les risques et les avantages, l’Africa Risk‑Reward Index intègre l’analyse des risques économiques et politiques réalisée par Control Risks et Oxford Economics Africa.

Les scores de risques de chaque pays sont issus de l’EPRE (Economic and Political Risk Evaluator), tandis que les scores des avantages prennent en compte les prévisions de croissance économique à moyen terme, la taille et la structure de l’économie considérée, ainsi que les données démographiques.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)