1. L’héritage de l’apartheid et la résistance à la transformation
Après la fin officielle de l'apartheid en 1994, l'Afrique du Sud a mis en place des politiques de transformation sociale et économique, comme la discrimination positive et la réforme foncière. Cependant, certains Afrikaners et groupes d'extrême droite considèrent ces politiques comme une menace pour leur identité et leurs intérêts économiques.
Des organisations comme AfriForum ou Suidlanders dénoncent ce qu'ils perçoivent comme une "discrimination inversée" contre les Blancs, bien que leurs approches diffèrent : AfriForum se positionne comme un groupe de défense des droits civiques des Afrikaners, tandis que Suidlanders, plus radical, se prépare à un effondrement racial du pays.
2. La présence de groupes néo-nazis
Certains groupes extrémistes vont plus loin en adoptant une idéologie néo-nazie, glorifiant l’apartheid et prônant une séparation raciale stricte. Parmi eux, des groupuscules comme l'AWB (Afrikaner Weerstandsbeweging), créé par Eugène Terre’Blanche, qui rêvait d’un État afrikaner indépendant ("Volkstaat"). Bien que l’AWB ait perdu de son influence après la mort de son leader en 2010, il inspire encore certains militants d’extrême droite.
Des manifestations arborant des symboles rappelant le Troisième Reich ou l’apartheid ont parfois lieu, et des forums en ligne servent de plateformes pour diffuser des théories du complot sur un prétendu "génocide des fermiers blancs" (un argument souvent exagéré pour mobiliser l’extrême droite internationale).
3. Un frein à la réconciliation nationale
La présence de ces groupes complique le travail de réconciliation entamé par Nelson Mandela. Le processus de vérité et de réconciliation des années 1990 a permis d'éviter une guerre civile, mais les inégalités persistantes et les tensions raciales restent un problème majeur.
Ces groupuscules sont utilisés politiquement par certains courants pour entretenir la polarisation. Par exemple :
- Certains partis populistes noirs, comme les Economic Freedom Fighters (EFF) de Julius Malema, pointent du doigt les Afrikaners comme un ennemi historique à combattre, ce qui alimente les ressentiments de la minorité blanche.
- L’extrême droite blanche instrumentalise la criminalité et la réforme foncière pour nourrir un sentiment de persécution et justifier des positions radicales.
4. Quel impact de l’annonce de Trump ?
L’appel de Trump à accueillir les agriculteurs sud-africains pourrait être perçu comme un encouragement pour ces groupes extrémistes. Ils pourraient y voir une confirmation de leurs discours sur la "persécution des Blancs" et chercher à radicaliser davantage leurs membres.
Cependant, la majorité des Afrikaners ne partage pas ces idéologies extrémistes. Beaucoup ont accepté la nouvelle Afrique du Sud et cherchent à y prospérer sans adhérer aux discours de haine. L’enjeu pour l’Afrique du Sud est donc de poursuivre ses réformes tout en évitant de tomber dans une spirale de division raciale exacerbée par des influences extérieures.
Maître Abdou DANGABO MOUSSA
Avocat au Barreau de Centrafrique et Représentant légal des victimes à la CPI
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