POINT DE VUE

Centrafrique : A la croisée des chemins


Alwihda Info | Par Prince Magloire Malleboyako Lamine - 7 Décembre 2013



Un pilleur attrapé par des combattants de l'ex-Séléka lors de la prise de Bangui. Crédit photo : Sources
Il est sans doute probable, que je le veuille ou non, que quelque part, ma destinée soit accrochée à celle de la Centrafrique.

Descendant du terrible Sultan El Senusi, neveu du feu président Ange Félix Patassé, petit neveu de Barthélémy Boganda, neveu des présidents David Dacko et Jean Bedel Bokassa.

Je connaissais le président Kolingba, ami intime de mon père, et son fils Désiré aka 'Dédé ngôzô' était un ami de lycée, au Caron.
Et adolescent à Berengo, notre garde du corps était un certain François Bozizé.

En outre, j'ai eu la fierté de porter fièrement le maillot national en tant qu'ancien international centrafricain de football.
Aussi, où que je tourne la tête, la RCA me colle à la peau.

Une telle filiation donc issue de mes parents devient obligation à réagir au vu de la situation actuelle de notre pays.

Néanmoins, né dans la politique, je le concède, avec des parents qui à de nombreuses reprises furent de grands serviteurs de la Nation, je n'en suis pas resté cependant, à cause, sans doute...très éloigné de la chose politique au sens propre.

Jusque là, j'ai toujours refusé toutes les propositions politiques d'intégration dans le gouvernement venant d'ici et de là, par manque de visibilité pour l'essentiel.

Mais là, depuis le 12 décembre 2012, c'est le cauchemar que vit les compatriotes, et pour reprendre les mots de la rédactrice en chef de LNC dans son fameux Edito que la planète entière a lu grâce au relais de RFI, 'Les chevaliers de l'apocalypse sont sortis des enfers..'

L'Oubangui Chari, notre terre, déjà si fragile a dès lors basculé dans le pire de l'horreur.

Avec les Séléka terme générique, qui quelque part ne recouvre pas la réalité, tant il est composite, le peu qui tenait encore debout fut mis par terre.

La vie humaine en RCA ne vaut même plus celle d'un poulet.

Tant de morts sur seulement une année que l'on ne peut même plus les compter.

Et pourquoi ?

Le pire c'est que les responsables de cela ne le savent même pas.

Dès lors, quand on est responsable de la descente de cette horde d'assassins dans le pays, le minimum, c'est de démissionner.

Il m'est impossible d'accorder le moindre crédit politique à Michel Djotodia, tout comme de même à Nicolas Tiangaye, que pourtant je connais bien depuis Orléans (France).

Mais trop c'est trop....

Un trop dans les incompétences diverses et notoires par le fait, un trop dans la cécité à voir la réalité en face.

La sagesse consiste à savoir où commence sa propre limite d'incompétence.

Le réalisme nous oblige à subir la présence de forces étrangères dans notre pays, pour faire ce que nous sommes incapables d'assumer.
En soi, cela me déplaît profondément.

Ziguélé, Tiangaye et d'autres s'en réjouissent, moi pas, car c'est la sanction terrible de notre incompétence et de notre médiocrité à nous prendre nous-mêmes par la main, à assumer la destinée des nôtres par nous-mêmes.

Un politicien centrafricain trouvant cela normal, est un imbécile.

A quoi sert-il dans ce cas ?
Que fit-il pour que nous en arrivions là ?

Maintenant, on promeut des élections pour février 2015, qui l'a décidé ? Des centrafricains ? Même pas.

On subit un chronogramme utopique que nous ne gérons pas.

Car des élections en 2015, c'est impossible.
Je m'en étais expliqué récemment avec un conseiller du président français François Hollande en lui mettant bien dans le crâne qu'il ne fallait pas dire n'importe quoi, et avec arguments.

A mon sens, les centrafricains, survivant déjà dans les urgences de la précarité, ont autre chose à penser qu'à des élections.
Ils ont faim, ils ont besoin de sécurité, d'avoir un toit sur la tête...Certainement pas d'envie d'aller voter, et dans quelles conditions déjà ?
Chaque chose en son temps. Du step by step comme disent les anglais.
La stabilité du pays à tous les niveaux d'abord, le reste suivra.

Et pour cela, il faut corollairement se dire que rien n'est coulé dans le bronze. Des agitateurs sont là, encore jeudi dernier à Bangui, où des fous, des malades sont venus très volontairement tuer des civils, en ce jour symbolique ou la destinée de notre pays pouvait prendre une autre direction plus lumineuse.

Les meurtres des plus de 300 personnes à Bangui consacrent la volonté de certains de maintenir notre pays dans le chaos.
Et il faut être un idiot fini pour approuver cela !

Auparavant, et encore, les Séléka qui tuent impunément dans le pays, qu'en dit Djotodia ? Les coupables sont-ils aux verrous ?

J'ai les chiffres là, plus de 4.000 civils centrafricains assassinés en RCA depuis un an !!! Et pour rien, même pas pour une causalité politique ou autre...Juste tuer pour tuer.

LES LENDEMAINS DE L'OUBANGUI CHARI NE SONT PAS PRETS DE CHANTER

Il ne nous reste aux survivants plus que l'espoir, pour ne pas déchanter.. Et c'est à nous, les soit disant 'qui savent' de donner corps à cet espoir.

Un pays n'appartient pas à qui le dirige, c'est l'inverse, c'est qui dirige un pays qui appartient à ceux qu'il dirige.

Et dans cet espoir, je reste vigilant et actif en coulisse, pour le jour ou, décidant de m'engager, cela soit avec les moyens de faire la différence pour une radicale transformation de notre terre sacrée.

Que le Ciel m'en soit comptable

Prince Magloire Malleboyako Lamine

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