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ANALYSE

Centrafrique : Quand des armements supplantent désarmement


Alwihda Info | Par Jean-Gualbert Togba - 11 Juin 2014



Par Jean-Gualbert Togba

Jean-Gualbert Togba
Jean-Gualbert Togba
Si je ne m’abuse, la Centrafrique languit, se morfond des autorités centrafricaines et des instances internationales qui n’ont pas la dent dure pour apporter un début de solution dans la crise armée qui secoue le pays depuis le sot coup d’état de Michel Ndjotodia et les Séléka, du dimanche 24 mars 2013.
 
L’anthropophobie, la misanthropie en encore l’androphobie qui est la haine, l’aversion pour les hommes par les hommes déversée par un groupe criminel sur le peuple centrafricain, a suscité une réaction de la haine pour répondre à la haine. En face d’une absence de solution, la Centrafrique se retrouve dans un cul-de-sac. C’est le moins qu’on puisse dire.
 
A fortiori, la Centrafrique est devenue une véritable mer à boire à toutes les autorités confondues tant nationales qu’internationales. Aux nationales on note, manquent de moyens, de crédibilité et de l’absence d’un plan réel de sortie de crise pour les uns d’une part. Et d’autre part pour les autres, pénibilité de s’affirmer et de s’unir afin de dégager une force politique commune et être un contre poids face aux décisions de la communauté internationale. A la communauté internationale c’est tout simplement un manque de réalisme et de pragmatisme malgré tous les moyens mis en œuvre.
 
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a donné mandat pour un DESARMEMENT de tous les groupes armés en Centrafrique et non pour fournir DES ARMEMENTS à ses mêmes groupes criminels qui non seulement, s’entretuent mais aussi massacrent la population et prennent le pays en otage.
 
Alors que les autorités centrafricaines ont reçu une fin de non-valoir à leur demande d’équiper les FACAS (les Forces Armées Centrafricaines) aptes à contribuer efficacement au désarmement et à la sécurisation du pays, la phobie de perte humaine dans les rangs des troupes gagne les force internationales qui à ce jour n’a aucune envie d’appliquer la résolution de l’ONU pour un désarmement forcé.
 
Pendant qu’on évite de désarmer la Séléka, groupe armé hétéroclite qui renversa l’ex président centrafricain François Bozizé, laquelle Séléka a été choyée et accompagnée avec armes et bagages dans le Nord pour prendre possession d’une partie du territoire convoitée à cause de son sous sol riche en pierre précieuse, or et autres ressources ; N’avait-on pas prévu d’éventuelles problèmes liés à la relocalisation d’une bande armée dans cette zone économique vitale pour la Centrafrique ? Face à ce dilemme, se dégage un parfum de suspicion sur la sincérité du désarmement depuis le temps qu’on passait la bande d’annonce du désarmement. Une preuve supplémentaire que la décision de ne pas désarmer était inscrite au programme depuis belle lurette et qu’on essayait de tenir la population en amusement dans des déclarations d’intention pendant que cette même population est jetée en pâture à des assassins. Comme dans un combat de coqs, on arme les groupes armés qui se battent jusqu'à ce que mort s’en suive.
 
L’écho d’arrestation de Noureddine Adam et Abdoulkarim Danzoumi, respectivement chef rebelle et diamantaire, mentionnée dans les journaux centrafricains (Kangbi-Ndara) témoigne de l’existence d’une mafia internationale qui entretient la guerre au besoin du commerce illicite du diamant de sang centrafricain en infraction au processus de Kimberley.
 
Les autorités de transition ont fait le bilan de la journée de désarmement volontaire du dimanche 08 juin 2014 jour de la Pentecôte, avec comme résultat lamentable de quelques machettes, quelques grenades, quelques munitions et quelques minables fusils rouillés dont l’état de marche laisse à désirer. On peut sincèrement se poser la question : qu’est ce qui ne va pas dans ce pays ?
 
A vrai dire, aucun être sérieux ne pouvait penser à l’aboutissement d’une telle piteuse initiative qui n’est rien d’autre qu’une opération de communication pour cacher une carence, un manque de volonté entrainant une incapacité à prendre des mesures drastiques. Mais de là à se féliciter de la réussite de l’opération … !
 
En toute évidence, la France a décidé en tant qu’administrateur de la Centrafrique sous sa tutelle depuis la nuit des temps, que les FACAS n’existent plus. Au risque de voir les militaires de carrières devenir des rebelles pour défendre leur pays agressé. La France s’aligne de ce fait sur la pure ligne politique de la Séléka qui promulgua par le billais de leur chef Michel Ndjotodia la fin des FACAS. Alors que La contestation et la grogne des centrafricains deviennent de plus en plus pressantes et explicitent pour réclamer l’intégration des Forces Armées Centrafricaines dans le processus de la résolution de la crise car la cassure et la perte de confiance deviennent visibles et se lisent au fur et à mesure que cette même communauté internationale rattrapée par leur inertie s’enlise.
 
IL faut prendre en compte les paramètres liés à la stratégie du réarmement qui elle-même obéit à un principe d’enrichissement personnel des acteurs pour finalement admettre que le désarmement volontaire ne pouvait pas avoir l’effet escompté pour la simple raison que les forcenés détenteurs des armes de guerre jouent le DDR pour les raison économiques pécuniaires. Plus on détient les armes, plus le solde financier du DDR est intéressant. Et tous attendent le programme DDR pour s’enrichir.
 
A cet égard, il serait intéressant de s’intéresser de prés sur la nécessite ou non de garder un tel programme.
 
La déclaration tonitruante de Dhaffane Mohamed-moussa, un des chefs de guerre de la Séléka qui veut d’abord la paix avant de passer au DDR, ensuite au désarmement et au cantonnement, est une grave provocation au nez et à la barbe de l’ONU et des troupes internationales en Centrafrique. Prendre le problème à l’envers est non seulement insultant et irréaliste mais est aux antipodes de la paix.
 
Les conséquences du DDR dans les crises armées particulièrement en Centrafrique doit appeler à la réflexion des instances internationales de manière à repenser une nouvelle méthodologie et une nouvelle approche autour d’un débat constructif d’intérêt nationale et humanitaire sur les problématiques sécuritaires liées au DDR.
 
En tout état de cause, le DDR est une mesure incitative en fin d’une crise armée pour encourager les combattants encore en possession des armes de les échanger moyennant finance et/ou un programme d’insertion sociale. Il se trouve que dans le cas de la Centrafrique le DDR encourage à entretenir une mentalité de « va t-en guerre » en cautionnant l’armistice et l’impunité au détriment de la justice. Cette mesure incitative du DDR englobe les deux facettes. D’un coté, le DDR permet la récupération des armes en circulation après un conflit, aspect positif et de l’autre, il incite à la fabrication des conflits armés pour bénéficier du DDR à la fin.
 
Entre désarmement et armements, relocalisation, trafic de diamant de sang, le DDR, la paix peut attendre encore longtemps, aussi longtemps que les mafieux aient fini de se servir.



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