Indicateurs Clés
- Indicateur Politique : 80ème (48.67), contre 86ème (48.73) en 2024.
- Indicateur Économique : 78ème (43.75), contre 93ème (43.49) en 2024.
- Indicateur Législatif : 96ème (59.10), contre 91ème (61.06) en 2024.
- Indicateur Social : 74ème (64.50), contre 84ème (63.10) en 2024.
- Indicateur Sécuritaire : 138ème (43.40), contre 114ème (57.67) en 2024.
L'analyse de Reporters sans frontières met en lumière une situation politique et sécuritaire toujours instable au Tchad, représentant des risques significatifs pour l'exercice du journalisme. L'élection de Mahamat Idriss Déby en 2024, après une transition de trois ans, n'a pas encore conduit à des engagements concrets en faveur de la liberté de la presse.
Paysage Médiatique
Depuis le début du processus démocratique en 1990, le paysage médiatique tchadien s'est diversifié, avec l'émergence d'une presse indépendante. On compte une dizaine de journaux réguliers, quatre chaînes de télévision privées à N'Djaména et une soixantaine de radios sur le territoire. La radio FM/Liberté, créée par des militants des droits humains, est particulièrement populaire dans la capitale grâce à son réseau de correspondants nationaux.
Contexte Politique
Les médias publics restent sous le contrôle du ministère de la Communication, qui nomme leurs responsables ainsi que la majorité des membres de l'organe de régulation (HAMA). Les enquêtes critiques envers les figures du régime, leur entourage ou l'armée sont mal tolérées, et l'accès à l'information officielle demeure difficile. Les relations entre la presse privée et la HAMA se sont détériorées, notamment lors des échéances électorales de 2024.
Cadre Légal
Bien que la liberté de la presse et le droit à l'information soient inscrits dans la loi, et que le Code de la presse de 2010 ait aboli les peines de prison pour les délits de presse (sauf pour la diffamation, passible de trois mois), la loi sur la cybercriminalité de 2019 expose les journalistes en ligne à des arrestations arbitraires. En 2020, plus d'une douzaine de journaux ont été suspendus en vertu d'une nouvelle loi sur la presse exigeant un niveau de qualification minimal pour les directeurs de publication, menaçant la survie de nombreux titres indépendants. En 2024, une tentative de censure de médias a été observée par un ancien conseiller présidentiel.
Contexte Économique
La précarité économique touche particulièrement les médias privés, en raison des coûts d'impression élevés et d'un marché publicitaire limité. L'aide annuelle de l'État à la presse n'a été versée que deux fois depuis 2016 (en 2021 et 2024).
Contexte Socioculturel
La période de transition politique, initiée en 2021, s'accompagne d'une pression sur les journalistes et les médias pour éviter la diffusion de propos haineux et privilégier les messages de paix, ce qui est perçu comme une forme de censure. En mai 2024, la couverture des "tirs de joie" post-électoraux, ayant causé des décès, a été entravée.
Sécurité
L'impunité règne face aux agressions et aux meurtres de journalistes (Idriss Yaya et son famille en mars 2024, Orédjé Narcisse en octobre 2022). Les forces de l'ordre exercent également des violences contre les journalistes couvrant des manifestations, et les arrestations arbitraires et les menaces sont fréquentes en province. Les interpellations de journalistes critiques par les forces de l'ordre et les services de renseignement sont courantes. Des coupures d'internet prolongées ont également été observées, faisant du Tchad l'un des pires pays africains en matière de cybercensure.
En conclusion, la liberté de la presse au Tchad en 2025 est marquée par une régression significative, influencée par une instabilité politique et sécuritaire persistante, un cadre légal perfectible et des défis économiques importants pour les médias.