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Consultations au Congo Brazzaville : Clément Mouamba de l'UPADS « ne regrette pas"d'avoir discuté avec le président Sassou N'Guesso


Alwihda Info | Par Jonas Mvouanzi - 4 Juin 2015


Alors que Joseph Kignoumbi Kia Mboungou rencontrait le président Sassou N'Guesso en matinée, ce 03 juin 2015, l’ancien ministre, Clément Mouamba, lui, a ouvert le bal des échanges avec le chef de l’Etat dans l’après-midi, au Palais du peuple. Face à la presse qui lui a demandé s’il ne craignait pas d’être sanctionné par son parti, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), dont il est un des membres influents. Clément Mouamba a vidé son cœur : "le secrétaire général du parti m’a déconseillé de venir ici, mais je ne regrette pas d’avoir fait ce déplacement, a-t-il déclaré". Ci-dessous, l’intégralité de son interview.


Question : Quelles sont les préoccupations que vous avez fait savoir au Chef de l’Etat ?

Clément Mouamba : "Les préoccupations ont concerné, notamment les problèmes de l’heure. Dans la convocation ou l’invitation,il a été dit que l'on devrait parler de l’Etat et de la Nation. Cela intègre les questions de l’heure. Il est question que nous tenions le dialogue. J’ai dit au président que le dialogue est une vertu, le dialogue est une question nécessaire, mais pas suffisante. Lorsqu’il y a dialogue et lorsqu’on arrive aux conclusions, il faut celles-ci soient appliquées. Ce qui n’a pas été le cas pour les dialogues d'Ewo et de Dolisie.
C’est une attente, personnellement je suis pour le dialogue. Si le dialogue aboutit à des conclusions consensuelles, il va falloir qu’elles soient appliquées. C’est comme cela qu’on peut faire fonctionner notre démocratie, en essayant d’abattre l’intolérance et l’incompréhension que nous constatons dans un camp comme dans un autre. J’ai également dit que dans ce dialogue, il ne faut pas occulter la lancinante question de la gouvernance électorale. Il faut que, dans notre pays, un élu soit fier de la légitimité populaire, parce qu’il est proprement élu. Et que celui qui n’est pas élu soit également capable de reconnaître, avec dignité son échec. Ce n’est pas une fatalité.Et quand nous aurons atteint ce niveau de démocratie, je crois que le Congo aura fait des progrès, parce que nous balbutions encore. Il va falloir renforcer cette démocratie. Voilà les thèmes essentiels sur lesquels j’ai donné mon avis au Chef de l’Etat.

Sur la constitution

Tout est question des priorités. Un pays peut prioriser ces problèmes. Aujourd’hui, c’est un ordre qui pose problème. J’ai dit au président qu’il y avait une passion autour de cette question. On ne peut pas prendre des décisions dans une période aussi passionnelle. Parce que cette constitution pose effectivement des problèmes. La modifier ou ne pas la modifier, je lui ai dit simplement qu’il y a des camps : le pour et le contre, c’est tout à fait normal. Il faut les réconcilier, il faut aller à un consensus. Moi, à titre personnel, j’ai marqué des réserves sur son changement, surtout par rapport au moment où il faut décider de ce changement. J’ai dit au président, par rapport à une date buttoir, qu’est celle de juin-juillet 2016, pour la prochaine élection. Donc, il faut faire en sorte que tout cela puisse être réglé dans les délais, pour que la bulle que nous sentons dans le pays ne puisse pas éclater dans le désordre.A titre personnel, je ne suis pas partant pour un changement de la constitution, je l’ai exprimé courageusement au président. Je lui ai également suggéré que le dialogue, il faut le poursuivre, même sans cameras. Il faut parler, continuer à parler aux populations, à tout le monde. Personnellement, je lui ai montré que j’étais toujours ouvert au dialogue. C’est ce que je viens de faire.

Il faut briser les glaces. Je suis venu ici et j’assume ce que je fais, je suis citoyen de ce pays. Et j’ai aussi déploré que nous ayons autant d’hommes politiques dans le pays, mais très peu d’hommes d’Etat. Quand on est homme d’Etat on sait avaler sa colère. Dans ma langue, on dit ; « la colère d’un insensé se lit sur sa figure, celle d’un sage est enfouie dans ses entrailles ».

Sur l’économie

On n’a pas parlé d’économie. Puisqu’on quand ont lit la macro économie, les tendances sont bonnes, les taux sont bons ; nos taux de croissance tournent pratiquement autour de 5%, c’est une aubaine, par rapport à ce qui se fait ailleurs. Donc l’économie congolaise, globalement, se porte, relativement bien, même si le pétrole nous joue de sales tours. Là aussi le grand problème, c’est la répartition de la richesse nationale, pour consolider l’unité nationale. Tout le monde doit participer à cet effort et jouir de cette richesse. C’est fondamental.

Sur les raisons d’avoir répondu positivement à l’invitation du Chef de l’Etat

Avant de venir ici, j’ai saisi Tsaty Mabiala qui est le secrétaire général [de l’Upads]. Je lui ai dit que j’avais une invitation et que j’y répondrai. Il me l’a déconseillé, comme le parti avait pris position. Jai dit, à ce moment là, vous me prendrez pour un indiscipliné. Mais, je ne suis pas paniqué pour cela.

J’ai beaucoup travaillé pour l’unité de l’UPADS et je continue à travailler pour l’unité de ce parti. Je ne regrette ni la décision, ni le déplacement que je viens de faire ici [au Palais du peuple]. Vous lisez dans les médias, vous lisez les réseaux sociaux, il parait que quand on vient ici, on vient ramasser de l’argent. Tout cela pour ridiculiser les cadres, on veut les vilipender dans le monde entier, je trouve tout cela, totalement, désolant.

Je n’ai aucun complexe pour venir saluer le Chef de l’Etat, le chef du village. Quelle que soit la nature des problèmes, j’assume ce que je viens de faire. Je parle la tête haute, vous me voyez, ni mes mains, ni dans mes poches ne sont pas pleines d’argent.

Sur la sanction qui pourrait en découler

La sanction, mais je l’assume. J’étais dans ma vie un bon élève, rarement sanctionné, et j’ai fini ma carrière, je n’ai même pas eu un blâme…"



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