POINT DE VUE

De l'appât du gain ou de « l'esprit de cueillette » dans le corps social centrafricain


Alwihda Info | Par Léon Kidjimalé Grant - 16 Avril 2014



Par Léon Kidjimalé Grant

Des recettes de l'état
 
Il est connu et retenu de tous les étrangers ayant habité la R.C.A ., ou simplement de passage, que beaucoup d'entre nous ont totalement perdu toute pudeur et poussé la mendicité à un point inquiétant : à commencer par des fonctionnaires impayés, les agents de l'état, contrôleurs de prix préférant des arrangements backchichés avec les Libanais, les Yéménites ou le Sénégalais du coin, au lieu d'accomplir rigoureusement son travail, pour que les recettes rentrent dans les caisses du trésor public. Quant à la douane et des douaniers, il y aurait beaucoup à dire.
 
Par ailleurs, savons-nous que la plupart des commerçants informels étrangers ou d'origine étrangère rapatrient des devises en liquide «chez eux»! Il semble que rien que pour les «tchadiens» cela représenterait le tiers des ressources de ce pays !
 
Comme nous le voyons, il s'agit d'une hémorragie financière, si l'on peut parler ainsi.
 
Quant aux dirigeants en question, il convient de replacer leur motivation, leur clientélisme et les «avantages qu'ils s'octroient», ou qu'ils réclament aux investisseurs, en perspective avec ces diverses causes ou situations, qui rendent l'Etat centrafricain exsangue !
 
Le Politique
 
En principe, il incarne la tête du corps social. Celui-même qui préside aux prises de décisions et qui oriente vers plus de prospérité et de bien-être. J'entends par là, un être collectif, avec un esprit ouvert. Malheureusement chez nous, il est absent ou méconnu. Les valeurs étant inversées, il prend la forme d'un être clanique, sectaire, tribal, imbu de lui et plaçant ses us et coutumes au-dessus des qualités citoyennes!
 
Quand on a dit ceci, on a tout dit !
 
Cet « esprit de cueillette » réifie le centrafricain dès le plus jeune âge. C'est donc à l'école que les bases du civisme devront être posées. A l'âge adulte , cela devient problématique ! Nous avons eu un homme qui fut « Gba lé koumou », puis chef d'état, pour subvenir aux besoins de sa famille. Ce fut véritablement en son honneur. Mais dans un pays voisin, comme le Cameroun, il ne viendra point à l'esprit d'un général de l'armée, de se livrer au trafic, car les « soldes »des soldats sont conséquents.
 
En finir avec l'état sauvage, pour une gestion moderne
 
Pourquoi ne pas envisager,à l'instar de certains pays , que l'Armée dispose d'une autonomie financière , avec un budget spécifique voté au Parlement, et des
 
investissements divers et des biens immobiliers ? Ceci pose le problème de des moyens dont dispose l'état pour rétribuer ses agents pour éviter la paupérisation et les dérives que nous vivons...
 
Devrons-nous nous étonner de voir le général devenu Président de la République, surpris en Allemagne en train d'écouler les diamants ?
 
L'accès au Pouvoir est donc purement et simplement un moyen de se mettre à l'abri du besoin et de la pauvreté. Ceux qui y sont aspirent à y rester. Ceux qui n'y sont plus veulent à tout prix revenir aux affaires. Tous les moyens sont bons : rébellion, coups d'état, entrisme, partis politiques de fortune, tribalisme...
 
Le chemin pour une délivrance sera long, voire impossible. Car il s'agit d'un état de corruption avancé, peut-être irréversible (car je crains que le réflexe ne soit pavlovien et compulsif!)
 
Un ami médecin, me disait « il faut faire comme Jerry Rawlings – les fusiller tous! ». Le Ghana qui avait connu des gens de cet acabit a purifié sa classe politique de façon radicale. Depuis, ce pays va mieux...
 
Cet avis n'est pas le mien. Aussi je refuse d'y adhérer. Car je crois qu'une introspection sincère pourra déboucher progressivement à une renaissance. Et tous les textes s'inscrivent dans cet optique à savoir œuvrer pour une prise de conscience individuelle et collective, en vu d'un sursaut patriotique. Il convient d'inscrire l'apprentissage de la citoyenneté dans la la Loi Fondamentale, et que s'en départir relèverait d'un acte délictuel et pénal.
 
L'affaire Glimberg
 
Elle ne doit plus être occultée. Aussi, j'incline mon chapeau à madame Valérie Adam, dans sa réaction à la tribune récente de Fernand-Paul Sadam.
 
Il appartient aux responsables actuels, en vertu de la continuité de l'état, de la « tirer » au clair. Mieux, de réorganiser l'état pour que « l'esprit de cueillette » et l'appât des gains convulsifs, ne conditionnent plus l'accès au pouvoir. Les garde-fous existent, il faut les activer. Le Conseil d’État, la Chambre de commerce. Notre inclination mignonne,( nous l'avons encore vue dans la composition et nomination diverses), qui consiste à loger des proches, doit cesser ! Réfléchissons pour trouver des solutions...
 
Léon K.Grant

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