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EDITORIAL

EDITO : Centrafrique, les paradoxes de l'entretien de la décadence


Alwihda Info | Par Aline M'Pangba-Yamara - 28 Décembre 2014



Par Aline M'Pangba-Yamara
Rédactrice en chef de LNC

Comme au ridicule nul n'est tenu, surtout en RCA, autant à ce jeu là, poursuivre dans la constance de certaines pratiques, originales, pour le moins, absurdes pour le pire.

Très certainement la République Centrafricaine ne peut qu'exister dans un dessin animé ubuesque à la Tex Avery, ou alors, est-elle scénarisée dans un délire des Monty Python, ces humoristiques britanniques devenus célèbres par leur talent excessif dans l'absurde.
Car il n'est pas possible qu'un pays soit aussi arriéré et paradoxal dans le réel, surtout avec les extraterrestres qui sont à sa tête.
On soupçonnerait vite un vice de forme, une erreur de la Nature.

LES DISTRACTIONS DE CSP "LA PRESIDENTE DE BANGUI"

Quand Mama Cathy a des failles en imagination, elle emprunte dans le bréviaire délirant passé d'un de ses prédécesseurs, le sociopathe François Bozizé, pour reprendre une de ses pratiques insolites, à savoir obliger tous les centrafricains à prier un jour en fin d'année.
Une plaisanterie poussée à son extrême, quand un décret idoine fut promulgué à cet effet.
Tant pis pour les athées, tant pis pour les animistes, tant pis pour les fêtards de fin d'année.
Pour Madame Samba-Panza, les centrafricains ne peuvent être TOUS que des croyants.
L'abrutissement religieux est courant en RCA, mais de là à l'instituer...Fallait y penser.
Le ridicule de la chose étant que, le dit décret ne se fonde sur rien de "légal", pour autant que le terme légal ait eu un jour cours dans ce pays pathologiquement dérégulé, la porte ouverte à tous les paradoxes moyenâgeux depuis des éons.
La Centrafrique est laïque, pas une république religieuse.
C'est inscrit encore dans la Charte de la Transition, reprenant les grandes lignes de la Constitution centrafricaine.
Mais ça, c'est dans les papiers des blancs.
Et la bafouer une fois de plus, ce n'est pas cela qui va troubler les nuits de la présidente.
Elle qui déjà a ses méthodes très personnelles de gérer les dons financiers des pays frères.

"Au pays du n'importe quoi, un abus n'est que normalité.
C'est le contraire qui eut été surprenant."

D'un regard froid, qu'en dire, autrement qu'apprécier tout le comique et le puéril de la chose ?
La République Centrafricaine vivant la pire crise à tous les niveaux de son histoire, la solution de l'intérimaire lui servant de présidente, c'est : PRIONS !
Il va falloir une très grosse dose de foi pour que cela marche.
Surtout en y ajoutant l'adage biblique : "Aide-toi et le Ciel t'aidera".
Et de ce côté là, nous ne sommes pas vernis.
Ce serait plutôt : "Suicide-toi à coups de machette et de Kala!"
Le "Aide-toi" attendra.
De tous ces morts inutiles depuis décembre 2012, dont on sait déjà que la très floue communauté internationale a fait son deuil des poursuites de leurs assassins, "Dieu saura reconnaître les siens."
On se console comme on peut.

LES DISTRACTIONS DE KAMOUN LE PM TOURISTE

Il paraît qu'il fallait absolument qu'André Nzapayéké démissionne pratiquement à peine installé à la Primature, afin de favoriser la paix, par son remplacement par un musulman.
Soudainement, il devenait l'obstacle à la paix.
En vérité, les choses furent bien plus simples que cela.
Nzapayéké ne supportait plus les politiques hasardeuses de cheffe de village de la présidente. Et serrer les mains des chefs criminels Séléka et Anti-Balaka dans les bonnes grâces de sa patronne l'horripilait au plus haut point.
Il vient de le dire récemment dans une interview.

Place à un touriste de confession musulmane, juste sorti de dessous les pagnes de CSP.
Mahamat Kamoun, plus malléable que Nzapayéké fera l'affaire.
Comme sa cheffe, il excelle dans la propension à brasser du vent.

Faute de pouvoir faire, il déclame, histoire de s'en convaincre.
Voilà qu'il s'invente une carte pour la route, une fois rendu au milieu du guet.
Il appelle ça "Feuille de route", nomenclaturée en 5 volets :
Politique et gouvernance, Restauration de la Sécurité, Consolidation de la paix, Relance économique et Assistance humanitaire.

Il présentait tout ça le 26 dernier à Bangui devant les conseillers du CNT.
Mais ces derniers, de vrais ingrats, sans reconnaissance du ventre, ne trouvèrent rien de mieux à faire que de la chahuter.
Et quand il s'aventurait à dire que "l’organisation des élections" serait "la solution de sortie de crise", il y 'eut des rires sous cape.

L'un d'entre eux résumait l'ambiance :
"Kamoun amuse la galerie, avec quels moyens et quel argent il va réaliser tout ça ?"
Pour un autre moins amène : "C'est un clown (yama ti ngia)".

Quant aux multiples usines à gaz que le PM se prépare à mettre en place, il ne convainquit personne, surtout pas Alexandre N'Guendet, le grand Mistigri de la place, qui aime Kamoun et Samba-Panza, autant qu'une porte de prison aime ses prisonniers.

PENDANT CE TEMPS LA, AUTRE DISTRACTION.....LE FORUM DE BANGUI

En Centrafrique, chaque nouvelle idée est nécessairement vendue comme la solution définitive à tout.
Quand on ne fantasme pas sur d’hypothétiques élections générales au courant de l'été prochain, on s'amuse entre temps avec un énième de énième Forum de réconciliation nationale.
Tout ce qui pourtant peut sérieusement en sortir, sera que maman souris s'apprête à y accoucher d'une petite souris.
Car chez des gens raisonnables, pas paradoxaux, pas irrationnels, pas décadents; en simple, pas centrafricains, il est évident que ce qui ne fut pas réglé sur le terrain, ne le sera certainement pas par des parlottes sans conséquence.
Parce que, toutes ces gens qui se croient si importantes, imbues d'elles-mêmes (on a la richesse que l'on peut) - et qui vont parlementer entre elles, au nom des centrafricains, qui en passant ne les ont nullement désignées pour cela, n'ont AUCUN POUVOIR DECISIONNEL SUR QUOIQUE CE SOIT.
Pour le moment, la patronne de la RCA c'est la France, cachée sous le faux paravent de l'ONU.
Cette France qui veut tant "ses" élections, et coûte que coûte.
Et pour cause....
Les chinois se bousculent au portillon, il y a le feu - et les entreprises françaises sont en maraude aux frontières de la RCA.
Il ne serait que temps de les satisfaire pour faire main basse sur les dessous tant convoités de la Belle.
C'est déjà fait en Côte d'Ivoire, déjà fait au Gabon, au Sénégal, au Mali, il est temps que la RCA passe également à la casserole.
Et qu'importe si, comme le bon sens peut le laisser deviner, les élections ne seront que mascarades, comme au Mali, pourvu que les apparences soient sauves.
"On est là pour l'humanitaire" disait à Bangui Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères français.
Mais nul n'a oublié le : "La France n'est en Centrafrique que pour y défendre ses intérêts" de François Hollande son président, pourtant de Gauche, mais qui samplait là le DE GAULLE des années 60.

Le plus stupide des politologues le dira: "Des élections présidentielles dans un pays en guerre civile, c'est de la manipulation. Ca ne fonctionne jamais."

En conclusion, les excès de paradoxes, de stupidités politiques, dans un pays, le rendent-il normal à force de contradictions ?
En tous cas, ce ne sera pas la présidente virtuelle de Bangui qui saurait y répondre.

© Décembre 2014 LNC - LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE



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