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INTERNATIONAL

Enquête de RFI sur le Pool : des faits tronqués par des témoignages orientés


Alwihda Info | Par Claude Dinard Vimond, Analyste politique - 9 Juin 2017


« Congo-Brazzaville : le Pool, les dessous d’une crise qui s’enlise » est le titre de ce reportage de près de vingt minutes diffusé sur RFI, le 25 mai dernier. Une enquêtrice biaisée qui a magistralement ignoré de nombreux faits, pour ne pas noircir ne serait est-ce qu’un point, la page blanche de Ntumi


Hommage de la Force Publique aux soldats tombés dans le Pool en avril dernier

Quand Radio France internationale veut charger un Etat, un gouvernement ou un leader qu’elle ne porte pas en Afrique, elle ne manque pas d’astuces. Pour le cas de la République du Congo, le prétexte est tout trouvé : la situation sécuritaire dans certains districts du département du Pool. Le gouvernement congolais le dit avec insistance : la traque de Ntumi et ses miliciens perdure, parce que la Force publique tient à éviter de faire des victimes civiles innocentes. La journaliste de RFI qui est allée s’acheter des fruits au marché Total de Bacongo, à Brazzaville, a vu en ce lieu le théâtre des opérations sécuritaires. Là, elle a recueilli de nombreux témoignages orientés qui tendent tous à nier l’évidence de l’existence des Ninjas dans les localités du Pool. C’est inédit !
Les Brazzavillois se souviennent de l’émoi créé le 4 avril 2016 par Ntumi et ses miliciens dans la ville. Les bâtiments publics et privés ont été brûlés et pillés, les véhicules privés aussi, des vies humaines perdues. Mais la journaliste de RFI et ses témoins relèguent ces faits au second plan et trouvent les origines de la violence de Ntumi dans la contestation des résultats du scrutin présidentiel du 20 mars 2016.

Ici, les faits qui devaient être sacrés, sont plutôt tronqués. Il reste, alors, une question qui n’a jamais trouvé de réponse, celle de savoir comment un citoyen qui n’a pas été candidat à une élection, peut-il prendre les armes pour contester les résultats du vote ? Puisqu’elle a refusé de poser et de se poser cette question, l’enquêtrice de RFI ne pouvait pas y trouver de réponse. Si non, elle aurait compris que les desseins de Ntumi sont bien ailleurs.

La journaliste de RFI affirme que Ntumi et ses miliciens avaient été désarmés, déduisant ainsi qu’ils ne seraient plus armés et donc ne seraient pas auteurs des troubles meurtriers que Brazzaville a vécus le 4 avril 2016. Ce qu’elle refuse, là aussi, de savoir est que le désarmement qui avait bel et bien commencé n’était jamais arrivé à son terme, notamment, parce que le financement a fait défaut. La banque mondiale qui en était le partenaire avait arrêté son appui financier à ce programme. En tout état de cause, le DDR (démobilisation, désarmement et réinsertion) des ex-combattants ne devait pas concerner un nombre important de miliciens que Ntumi considéraient comme ses proches.

Les témoignages orientés de l’enquêtrice de RFI niaient même que Ntumi soit à l’origine des malheurs que certains districts du Pool sont entrain de vivre aujourd’hui. Pour les créditer, Madame l’enquêtrice a pris soins d’éviter de diffuser un seul témoignage pouvant saluer l’action de la Force Publique qu’elle accuse de tous les maux.

Pendant qu’elle menait son enquête, il y a eu au moins trois embuscades des Ninjas de Ntumi contre les éléments de la Force Publique. Des officiers et sous officiers en sont morts, des bus de transport en commun reliant Brazzaville et Pointe-Noire sont brûlés, des femmes qui n’avaient eu pour seul tort que d’avoir choisi de voyager par route ont été violées. L’enquêtrice de RFI a magistralement ignoré ces faits, pour ne pas noircir ne serait est-ce qu’un point, la page blanche de Ntumi.

Pour en ajouter à sa peinture en noir des autorités de Brazzaville, elle les accuse de ne pas parler des victimes civiles dans le Pool. Le reportage de la journaliste de RFI veut faire croire à ceux qui l’ont écouté que les déplacés du Pool n’ont jamais reçu l’assistance des autorités publiques et qu’il n’y en a qu’à Brazzaville. Pourtant, à Kinkala, chef-lieu du département et dans les localités du département voisin de la Bouenza, il y a des déplacés qui sont assistés par Caritas Congo, avec l’appui financier du gouvernement. Certes, dans leur détresse, cette assistance parait insuffisante, mais l’effacer d’un trait, relève simplement de la mauvaise foi.

Elle n’a, certainement, pas trouvé les produits qu’elle cherchait dans le marché total de Bacongo. De fait, elle a vite fait d’accuser, avec ses fameux témoins, les éléments de la Force publique. On entend ainsi un de ses témoins dire que les coûts des denrées alimentaires ont augmenté, parce que, dit-il « les militaires nous empêchent de transporter la marchandise jusqu’à Brazzaville ».

Sans doute que la journaliste de RFI refusait-elle encore de savoir que les seigneurs de guerre que commande Ntumi ont dynamité des ponts sur la ligne du chemin de fer, dans le Pool. Cette situation paralyse toute la ville de Brazzaville qui est, du rNations unies pour l'Afrique centrale a dit au sujet des forces en présence dans le Pool ce que Florence Morice ne voulait pas nommer : « …le gouvernement n’est pas le seul à intervenir militairement. Il y a aussi les troupes de Ntumi qui sont en état de rébellion et qui tiennent les populations en otage, il faut le dire également …»

L’enquêtrice de RFI minimise les risques d’insécurité, dans le but d’accuser, par la suite, les autorités de Brazzaville, au cas où il arriverait une situation non souhaitée dans les zones où sévissent Ntumi et ses miliciens. Le piège !
 



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