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AFRIQUE

Force G5 Sahel : le Conseil de sécurité divisé sur la création d’un bureau d’appui de l’ONU


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 16 Novembre 2021


La question de la création d’un bureau d’appui de l’ONU à la Force conjointe du Groupe des cinq pays du Sahel (G5 Sahel), récemment proposée par le Secrétaire général, a été vivement débattue ce matin par le Conseil de sécurité, qui a entendu le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix s’exprimer sur les faits nouveaux survenus dans la région depuis le 8 octobre.


Des soldats tchadiens. Illustration © B.K/Alwihda Info
Des soldats tchadiens. Illustration © B.K/Alwihda Info
M. Jean-Pierre Lacroix a déclaré devant le Conseil, réuni pour examiner l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, que la situation dans la sous-région était restée « très volatile » et que la Force conjointe se trouve « à la croisée des chemins », avec un risque de perdre ses acquis. Parmi les défis importants qui se posent à elle, le haut fonctionnaire a cité le retour des combattants étrangers de Libye, les défis intérieurs et l’incertitude politique, ainsi que des lacunes considérables en matière d’équipements et de capacités. 

Depuis son premier déploiement en 2017, a poursuivi M. Lacroix, la Force conjointe a continuellement renforcé son rythme opérationnel et réussi à le maintenir, malgré d’importants revers. Il a annoncé que le Comité de défense et de sécurité du G5 Sahel approuvera le plan opérationnel 2022-2023 de la Force conjointe, qui prévoit plusieurs opérations majeures dans chacun des trois secteurs de déploiement de la Force conjointe. Le Secrétaire général adjoint a salué l’appui financier de l’Union européenne (UE) et des donateurs, tout en disant sa conviction que seul un bureau d’appui de l’ONU, qui nécessitera la pleine coopération de tous les États du Sahel, pourra apporter un appui pérenne, prévisible et fiable à la Force conjointe. 

Le Conseil était saisi d’un rapport du Secrétaire général, ainsi que d’une lettre datée du 8 octobre présentant les conclusions d’une évaluation menée du 12 juillet au 31 août derniers par une équipe de représentants du Département des opérations de paix, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. 

Dans sa résolution 2584 (2021), adoptée en juin dernier, le Conseil demandait au Secrétaire général de mener un examen approfondi des autres formes de soutien à apporter à la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Tchad. 

Le Secrétaire général propose la création d’un bureau d’appui de l’ONU financé au moyen de contributions mises en recouvrement pour un appui pérenne, prévisible et fiable à la Force conjointe. Cette option, que M. Lacroix a défendue ce matin, permettrait une appropriation régionale et le renforcement de la capacité de la Force conjointe à devenir autonome, grâce également à des mesures supplémentaires des États du G5 Sahel. 

Il suggère en outre, pour la mise en œuvre de la politique de diligence voulue en matière des droits humains, la mise sur pied d’un mécanisme de facilitation de « déconfliction » entre les opérations placées sous drapeau national et celles qui dépendent du commandement de la Force conjointe, et ce, aux fins de déterminer les responsabilités en cas de violations des droits humains. 

Au nombre des membres du Conseil ayant d’ores et déjà appuyé le principe d’un bureau d’appui financé à partir de contributions obligatoires, la France a plaidé pour un soutien prévisible et durable de la Force conjointe du G5 Sahel, tandis que le Mexique l’a conditionné à l’apport de garanties politiques par les pays concernés. 

Exhortant le Conseil de sécurité à entériner « sans délai » la proposition d’un bureau d’appui, le groupe des A3+1 a affirmé que ce choix offre l’avantage précieux de fournir au dispositif un financement prévisible, de renforcer sa capacité de planification opérationnelle et de lui donner un cadre de protection des droits humains. Le Tchad, qui a décrit les efforts de réforme consentis par les pays du G5 Sahel, a vivement appuyé la mise en place d’un bureau d’appui de l’ONU auprès de la Force conjointe, pour en finir, selon ses mots, avec le souci du financement et se focaliser entièrement sur sa mission fondamentale qui est de ramener la sécurité dans la région. 

Opposés à la proposition du Secrétaire général, le Royaume-Uni et les États-Unis ont estimé que l’ONU n’était pas un « véhicule approprié » pour fournir un soutien logistique à la Force conjointe du G5 Sahel. Celle-ci est une coalition de forces de sécurité mandatées pour mener des opérations antiterroristes, principalement à l’intérieur de leurs propres frontières, a rappelé la délégation américaine. Il ne s’agit pas d’une force multilatérale en sol étranger mandatée en tant qu’opération de paix, a-t-elle tenu à préciser. 

Les divergences au sein du Conseil de sécurité ont permis aux terroristes d’étendre leur influence, a déploré l’Inde, qui a soutenu l’avis du Secrétaire général car, selon lui, « si nous ne le faisons pas, nous risquons d’être confrontés à des problèmes sécuritaires plus importants dans les années à venir ». 

Sans se prononcer définitivement sur le bureau d’appui, la Fédération de Russie a fait cependant part de sa disponibilité pour examiner attentivement les alternatives proposées, en soulignant que tout dépendra des sources de financement et des dépenses liées à une telle création. La Russie, qui entend poursuivre ses activités de formation militaire au Sahel, a espéré, d’autre part, que l’élaboration par l’Union africaine d’un concept de déploiement de force permanente portera ses fruits. 

De son côté, la Présidente de l’Antenne du Burkina Faso du Réseau paix et sécurité pour les femmes de l’espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Mme Fatimata Ouilma Sinare, a appelé à encourager le dialogue entre les mouvements armés et les autorités étatiques et régionales pour « faire taire » les armes dans la région du Sahel. Elle a regretté que des femmes et des jeunes filles du bassin du lac Tchad, « manipulées ou convaincues », soient utilisées pour commettre des attentats-suicides.



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