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INTERNATIONAL

Journée de l’Afrique : une célébration sous le signe du leadership et de l’avenir du continent


Alwihda Info | Par Dr Florence Omisakin, journaliste indépendant et humanitaire - 30 Mai 2025


Chaque 25 mai, le monde entier se rassemble pour célébrer la Journée de l'Afrique, un moment qui transcende les cartes et les frontières pour célébrer la beauté, la résilience et les promesses infinies du continent le plus diversifié du monde.


Bannière de la Journée de l'Afrique. Photo : au.int
Bannière de la Journée de l'Afrique. Photo : au.int
Plus qu'une date symbolique, c'est une revendication identitaire, une réaffirmation de l'unité et une reconnaissance de la marche inéluctable de l'Afrique vers un avenir juste et inclusif.

La Journée de l'Afrique trouve son origine en 1958, lors du premier Congrès des États africains indépendants à Accra, au Ghana. Ce fut une assemblée historique de visionnaires déterminés à se libérer des chaînes du colonialisme, et à tracer leur propre destin. De ce rassemblement est née l'idée de la « Journée de la liberté africaine », un moment pour affirmer que le continent ne serait plus défini par les ambitions d'autrui.

Cette idée est devenue un mouvement qui a culminé le 25 mai 1963, avec la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Addis-Abeba. Ce jour a marqué un tournant, non seulement politiquement, mais aussi spirituellement. Elle proclamait la volonté de l'Afrique de s'unir, de parler d'une seule voix et de poursuivre son développement, selon ses propres conditions. L'OUA allait devenir l'Union africaine (UA), une institution qui continue de porter le droit africain de ce rêve originel.

Plus de six décennies plus tard, l'Afrique n'est plus le « continent émergent ». Elle a émergé. Avec des économies en pleine croissance, une jeunesse dynamique et une innovation technologique sans précédent, l'Afrique d'aujourd'hui est méconnaissable par rapport aux caricatures coloniales. Des pays comme le Rwanda, le Ghana, l'Éthiopie et la Côte d'Ivoire ont connu une croissance économique constante, une forte hausse des investissements et une transformation des infrastructures. Une nouvelle génération d'Africains est à la pointe des technologies, des arts, des affaires et de la gouvernance, remodelant les récits mondiaux en temps réel.

Pourtant, ce qui donne tout son sens à la Journée de l'Afrique, ce n'est pas seulement la célébration du progrès. C'est une réflexion plus profonde sur ce que signifie grandir, diriger et construire, surtout face à l'adversité.

L'Afrique est jeune et féminine
Plus de 60 % de sa population a moins de 25 ans, et les femmes représentent plus de la moitié de sa population. Pourtant, en 2024, seuls sept pays africains avaient des Parlements où les femmes occupaient plus de 35 % des sièges. Les initiatives menées par les jeunes ont reçu moins de 1 % du financement mondial du développement. Dans de nombreux États membres de l’UA, les jeunes restent exclus de la co-création des politiques, et leur participation est considérée comme une possibilité future plutôt qu’une nécessité actuelle.

Cette exclusion n'est pas fortuite. Elle est le vestige d'une histoire qui a concentré le pouvoir entre les mains de quelques-uns et promis le progrès dans un avenir lointain.

Même l'histoire a ses rebelles
Des femmes Africaines, comme Funmilayo Ransome-Kuti, Albertina Sisulu, Myriam Makeba et Wangari Maathai n'ont pas attendu le changement. Elles l'ont créé. Elles ont remodelé la contestation, redéfini le leadership et remis en question les normes mondiales. Elles ne sont pas de simples symboles de résistance, mais des stratèges, des penseuses et des architectes d'une Afrique plus libre.

Au lendemain des indépendances, les femmes africaines n'ont pas attendu d'être invitées à la table des négociations. Elles ont construit leur propre avenir. Elles se sont organisées, ont plaidé et ont dirigé. Tout cela avant que l'expression « parité des sexes » n'entre dans le vocabulaire du développement.

Au niveau multilatéral, les femmes africaines ont continué à jouer un rôle de premier plan. Mme Amina J. Mohammed, aujourd'hui vice-secrétaire générale des Nations Unies, a mis à profit son rôle pour repenser la politique mondiale en tenant compte des réalités africaines. Avant elle, Mme Asha-Rose Migiro, de Tanzanie, avait occupé le même poste. À l'UA, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma est entrée dans l'histoire en devenant la première femme présidente de la Commission de l'UA, établissant de nouvelles normes en matière de réforme institutionnelle et d'inclusion.

En politique nationale, l'histoire est tout aussi remarquable. Mme Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente démocratiquement élue d'Afrique, n'a pas seulement dirigé le Liberia. Elle a réinventé le leadership. Par l'intermédiaire du Réseau des femmes leaders africaines (AWLN), elle continue de soutenir et d'encadrer les nouvelles générations de femmes africaines, en politique et en gouvernance. Un effet d'entraînement a touché l'Afrique. Depuis lors, des femmes ont dirigé des pays comme l'Éthiopie, la Tanzanie, la République centrafricaine, l'île Maurice et la Namibie.

Mais le leadership ne se résume pas à la question de savoir qui occupe le poste. Il s'agit de savoir qui définit la vision.

Mme Bineta Diop, ancienne envoyée spéciale de l'UA pour les femmes, la paix et la sécurité, a mené la charge pour l'adoption de la Convention sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles en Afrique. Il s'agit de bien plus qu'une simple politique. C'est une promesse de sécurité, de dignité et de justice. Un acte de réparation nécessaire dans un continent trop souvent défini par ses blessures plutôt que par sa volonté.

Cet esprit de justice se reflète désormais au plus haut niveau de la direction de l'UA. M. Mahmoud Youssouf, récemment élu président de la Commission de l'UA, est père de six filles. Sa vision est fondée sur l'équité, l'inclusion intergénérationnelle et la redistribution des chances. Sous sa direction, l'UA devrait mener des réformes qui mettent l'accent sur la voix des Africains ordinaires, et pas seulement sur celle de l'élite.

Parallèlement, la jeunesse africaine s'élève avec audace, force et sans complexe. Des militants pour le climat au Sahel aux pionniers de la fintech à Nairobi et Lagos, les jeunes Africains n'attendent pas qu'on les sollicite. Ils bougent, innovent et dirigent. Ils sont las des discours creux. Ils veulent l'accès. Ils veulent du capital et ils ont raison.

Le monde doit réagir non pas par de nouveaux panels et de nouvelles promesses, mais par un changement structurel. Cela implique d'instaurer des quotas de jeunes dans la Fonction publique, un financement direct et sans restriction pour les organisations locales, dirigées par des jeunes et des femmes, et de reconnaître que le leadership ne doit pas commencer à 40 ans, mais se développer grâce au mentorat, à l'expérience et à la vision dès le plus jeune âge.

Il s'agit également de comprendre que les réparations ne concernent pas seulement le passé. Il s'agit de restaurer des avenirs, des avenirs niés par les systèmes d'exclusion. Une véritable justice exige que l'Afrique redistribue l'accès à l'espace économique, politique et social. Si l’Afrique veut vraiment progresser, elle doit aussi se préoccuper de savoir qui est capable de progresser, qui l’obtient et qui décide. À l'ère du numérique, la Journée de l'Afrique a également évolué.

Sur tout le continent et dans la diaspora, les gens se rassemblent non seulement dans des salles et des auditoriums, mais aussi en ligne, utilisant des hashtags comme #AfricaDay pour partager des histoires, de la musique, de l'art et des idées. Aux festivals culturels, conférences publiques et expositions s'ajoutent des fils Twitter et des vidéos TikTok qui amplifient l'excellence africaine auprès d'un public mondial. L'Afrique n'attend pas d'être documentée ; elle se documente elle-même.


La Journée de l'Afrique ne se limite pas à ce que l'Afrique a survécu. Elle s'intéresse à ce que l'Afrique construit : un continent où les jeunes filles mènent des révolutions, où la jeunesse façonne les politiques et où la justice n'est pas abstraite, mais réelle et ressentie. L'Afrique n'attend pas d'être incluse. L'Afrique est là pour se transformer.

Photo : Victor Audu/Bureau de l’Envoyé de la Jeunesse.
Photo : Victor Audu/Bureau de l’Envoyé de la Jeunesse.

Célébration culturelle de la Journée de l'Afrique à Abuja, au Nigeria. Photo : environewsnigeria.com
Célébration culturelle de la Journée de l'Afrique à Abuja, au Nigeria. Photo : environewsnigeria.com



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