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L'Egypte ou la tentation de la restauration (très bon article)


Alwihda Info | Par Adil Abou - 18 Juillet 2013


Dans une région où la "complotite" est l'une des maladies les plus mal soignées, le soupçon affleure : l'Egypte vivrait à l'heure de la "restauration". Comme au temps de l'ère Hosni Moubarak (1981-2011), l'armée serait de nouveau au pouvoir. Elle aurait été derrière le mouvement de révolte (Tamarrod) qui l'a conduite à destituer par la force, le 3 juillet, le président Mohamed Morsi.


L'Egypte ou la tentation de la restauration (très bon article)
Les Frères musulmans, la formation de M. Morsi, adhèrent à cette thèse. Pour eux, les manifestations qui ont précédé le coup d'Etat du 3 juillet n'ont été qu'une façade. Elles ont été organisées en sous main par l'arm ée et soutenues par les institutions de l'"Etat profond" restées en place : police, justice, services secrets, complexe militaro-industriel. En un mot, l'ancien régime s'est vengé.
La composition du gouvernement, annoncée mardi 16 juillet, dément cette thèse. Certes, le ministre de la défense, le général Abdel Fattah Al-Sissi, l'homme du 3 juillet, non seulement conserve son poste, mais il s'est aussi attribué celui de vice-premier ministre, comme pour montrer qui est le vrai patron de l'équipe. Mais celle-ci, pour le reste, rassemble un assez large échantillon de l'opposition de gauche et libérale à l'ancien régime (celui de Moubarak).
Pourtant, tout n'est pas faux dans l'approche complotiste. L'armée a bel et bien appuyé Tamarrod, de même que nombre de barons de l'ère Moubarak - qu'il s'agisse d'industriels ou de hauts fonctionnaires.

L'Egypte ou la tentation de la restauration (très bon article)
Autres signes troublants : dès le lendemain du 3 juillet, la police, qui n'assurait plus la sécurité, a repris son travail ; les distributeurs d'essence ont été à nouveau approvisionnés ; les coupures d'électricité sont devenues plus rares. Comme par enchantement ! Comme si l'"Etat profond" s'était, un an durant, soigneusement attaché à torpiller la présidence Morsi - premier chef d'Etat égyptien civil et premier démocratiquement élu.
Et dans la répression qu'elle mène aujourd'hui contre les Frères, l'armée se comporte comme au bon vieux temps. Elle tue des manifestants pacifiques, emprisonne dans le secret, prépare des procès truqués, fait taire les médias qui lui déplaisent.
Seulement, dans l'Egypte compliquée, cette histoire-là non plus ne dit pas tout. Tamarrod a bel et bien été une révolte massive et sincère contre M. Morsi, sans laquelle l'armée n'aurait rien pu faire. Les Frères ont bel et bien été incapables de gouverner - incompétence, maladie du secret, volonté d'hégémonisme - et ont manifesté peu d'égards pour l'Etat de droit. Inaptes à faire confiance à qui que ce soit au-delà de leurs rangs, les Frères ont fait peur, quand il fallait séduire et savoir "penser contre eux-mêmes". Ils ont été les premiers artisans de leur chute.
La nouvelle équipe se doit d'effacer le coup d'Etat du 3 juillet, qui reste son péché originel. En respectant les libertés publiques, y compris celles des Frères. Le Monde



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