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AFRIQUE

La grande majorité des petits exploitants ouest-africains ne sont pas touchés par l'industrie des semences


Alwihda Info | Par AMA - 11 Avril 2019


Le nombre croissant d'entreprises locales est positif, mais trop peu ont actuellement un programme d'amélioration végétale.


La grande majorité des petits exploitants ouest-africains ne sont pas touchés par l'industrie des semences
DAKAR, Sénégal - Une nouvelle étude révèle un manque important de recherche et développement par le secteur privé pour développer de nouvelles variétés de cultures en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale. Ce n'est que dans seulement un tiers des pays que les entreprises ont mis en place des activités d'amélioration végétale, permettant de développer des variétés à rendement plus élevé. Celles-ci aident les agriculteurs à faire face aux défis du changement climatique et à soutenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région.

L'indice de l'accés aux semences 2019 pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, présenté aujourd'hui à Dakar, a évalué les activités de 23 entreprises de semences dans la région afin d'améliorer l'accès à des semences de qualité pour les petits exploitants agricoles. Bien que des signes clairs montrent que les nouvelles entreprises africaines locales redoublent d'efforts aux côtés de leurs homologues internationaux, la plupart des petits exploitants de la région ont encore du mal à se procurer des semences de qualité et de nouvelles variétés de cultures, les ventes et les programmes de formation étant concentrées sur une poignée de pays.

Le Sénégal est l'un des principaux pays pour les entreprises de semences dans la région. Sur les 23 entreprises évaluées, 14 sont présentes au Sénégal. Deux d'entre elles, Tropicasem et SEDAB, y ont leur siège. Au total, trois entreprises y ont investi dans l'amélioration et quatre dans des activités de production de semences. Le pays se distingue également par un solide réseau de coopératives de production de semences.

L'étude de la fondation Access to Seeds, basée à Amsterdam, présente un classement comparant les activités des sociétés semencières dans la région. Basé au Nigéria, Value Seeds est en tête de l'indice. Il se distingue par ses «kits abordables» pour le maïs et le riz, des packages d'intrants tout-en-un conçus pour les petits exploitants. En outre, il propose des activités de renforcement des capacités ciblant spécifiquement les femmes et les jeunes agriculteurs. Cependant, comme la plupart des autres entreprises de l'indice de la région, Value Seeds opère exclusivement dans son pays d'origine.

Technisem, basé en France, occupe la deuxième place et a le plus vaste réseau de distribution de la région. Elle couvre 17 pays et offre une formation dans 13 d'entre eux. La société montre aussi l'exemple par la création de la Novalliance, qui utilise le potentiel local des sociétés de semences africaines. Tropicasem du Sénégal, Semagri du Cameroun et Nankosem du Burkina Faso font partie de ce groupe et se classent parmi les meilleures entreprises du classement. Ensemble, leur travail sur l'amélioration végétale a permis de constituer la gamme de cultures la plus moderne de la région, avec un nombre élevé de variétés nouvellement commercialisées.

En effet, Tropicasem, du Sénégal, possède l'un des plus anciens programmes d'amélioration végétale de la région, axé sur les légumes-feuilles nutritifs, et innove en développant des micro-jardins dans les zones urbanisées. Il s'efforce également de réduire les importations d'oignons en provenance d'Europe en développant des variétés d'oignons compétitives.

« Value Seeds et Technisem représentent l'importance des partenariats pour améliorer l'accès aux semences dans la région », a déclaré Ido Verhagen, directeur exécutif d'Access to Seeds. « Dans le cas de Value Seeds, son partenariat avec l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) a porté ses fruits puisque son soutien, basé sur des subventions, a permis à la société d'améliorer ses produits et d'intensifier ses relations avec les petits exploitants. »

Pour la plupart des entreprises, les variétés à pollinisation libre dominent toujours dans la région, contrairement à l'Afrique de l'Est et à l'Asie du Sud. Le maïs constitue la seule exception pour laquelle des variétés hybrides sont plus couramment disponibles. En outre, des recherches ont montré que pour près de la moitié (48%) des cultures, la variété la plus récente est âgée de plus de cinq ans, et seulement un cinquième (21%) a une variété de moins de trois ans. L'absence de variétés nouvellement développées a de sérieuses répercussions sur la résilience au changement climatique et aux maladies et ravageurs émergents, qui réduisent les rendements.

Comparé à la douzaine d'entreprises actives au Nigéria et au Sénégal, une seule est active en République centrafricaine, en Guinée équatoriale et en Guinée-Bissau. « Notre étude montre le potentiel des entreprises semencières locales. Cependant, la plupart n'opèrent que sur leurs marchés nationaux, ce qui entraîne des déséquilibres géographiques dans le développement du secteur des semences », a déclaré M. Verhagen. « Cela signifie également que les activités de renforcement des capacités proposées par les entreprises ne touchent que les agriculteurs de quelques pays. Cela limite l'adoption de nouvelles technologies par les agriculteurs des pays négligés », a-t-il ajouté.

« La pertinence de l'accès aux semences et à l'amélioration végétale ne doit pas être sous-estimée », a déclaré Verhagen. « Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a atteint environ 821 millions en 2017 - il est en augmentation. Le changement climatique et les conditions météorologiques extrêmes ont été identifiés comme l'une des principales raisons de cette augmentation. L'industrie des semences a un rôle essentiel à jouer pour aider les agriculteurs à s'adapter aux défis climatiques tout en augmentant leurs niveaux de production ».

Selon la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté ces dernières années en Afrique de l'Ouest et en Afrique subsaharienne. L'Afrique de l'Ouest a vu la sous-alimentation grimper à 15,1% de la population en 2017, contre 10,4% en 2010. 

L'indice Accès aux semences 2019 est l'un des premiers indicateurs de référence des objectifs de développement durable (ODD) publiés par la World Benchmarking Alliance. Cette alliance a été lancée en septembre 2018 lors de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. L'indice Accès aux semences a été créé avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates et du gouvernement des Pays-Bas. L'indice d'accès aux semences de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale se concentre sur 23 grandes entreprises de semences de cette région. Récemment, trois autres classements de l'industrie ont été publié : en Afrique de l'est et Afrique australe, en Asie du Sud et du Sud-Est, ainsi qu'classement des sociétés de semences mondiales.



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