
Le récit débute avec la voix d'un homme épuisé, dont les mots résonnent de la dure réalité du chômage et de l'éloignement familial : « Mon parent, je suis fatigué. Cela fait un an que je chôme. Ma femme et mon fils sont au pays et je suis le seul homme dans ma famille. Il faut dire que je suis dans ce pays depuis 1959. J’ai fait vingt ans pleins ici. J’ai été le premier Africain à travailler chez Renault. Je n’ai jamais chômé, sauf en 1975 quand on m’a reproché d’avoir duré au pays; sept mois d’absence après quinze ans d’usine et on m’a refusé le boulot. Mes anciens camarades m’ont dit: débrouille-toi pour travailler vite et gagner ton billet de retour… »
Une vie de précarité et de courage
Pour la majorité de ces hommes, la vie est une lutte constante, marquée par la désillusion, la débrouille et une succession de petits boulots pour survivre et subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. Le livre dépeint crûment les réalités brutales de la précarité, de l'exploitation, de la violence et de l'alcool, illustrant la difficulté immense de s'adapter et de trouver sa place loin de ses racines.
Qu'ils vivent dans des foyers communautaires ou qu'ils parviennent à une meilleure intégration, tous ces immigrés gardent l'Afrique « chevillée au cœur ». Ils y pensent avec une profonde nostalgie, mais continuent de se battre bravement, animés par la détermination.
Le Froid et le piment est un ouvrage touchant par la justesse de son portrait d'une époque et par la sincérité troublante des témoignages qu'il présente.