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ANALYSE

Le Tchad, un pays sans l'école !


Alwihda Info | Par Freeman Djido - 21 Octobre 2018



Une école au Tchad. Alwihda Info/F.D.
Une école au Tchad. Alwihda Info/F.D.
Les enfants ont droit à l’éducation. Cette maxime populaire bien connue ne doit en principe échapper à aucun père de famille, moins encore à un chef de gouvernement. Nous sommes à deux semaines passées du lancement officiel de la rentrée scolaire 2018-2019, mais le constat est amer. Les portes des établissements publics sont restées fermées, sauf les établissements privés fonctionnent.

Comme un mystère, cette année encore les enfants tchadiens issus des parents pauvres n’auront pas accès à l’école. L’éducation qui est l’une des composantes très importante du développement d’un pays reste le benjamin des soucis du gouvernement tchadien. Les enfants tchadiens sont divisés. Les uns, fils des nantis vont à l’école tandis que ceux des dépourvus sont à la maison sous le regard complice des hautes autorités du pays qui créent une insensibilité aux cris et lamentations de ces enfants qui ont déjà tout perdu. Le mal de ces enfants qui sont aujourd’hui sacrifiés par le président Idriss Déby Itno et son gouvernement est d’avoir des parents pauvres sinon, ils seraient partis ailleurs pour aller à l’école.

Depuis une décennie, le système éducatif tchadien bat de l’aille. Le pire des cas survient ces deux dernières années durant lesquelles le président Idriss Déby Itno a carrément mis l’école tchadienne en bière. L’année dernière, suite aux débrayages répétés des travailleurs revendiquant le reversement de leur indemnité et l’augmentation générale spécifique sur le salaire, les élèves des classes intermédiaires n'ont pas achevé leur programme scolaire. Certaines classes ont passé les examens finaux après deux mois de cours pour ceux des provinces, et trois mois de cours pour ceux de la capitale.

Cette année c’est le chaos. Deux semaines après le lancement de la rentrée scolaire, les enseignements répondent aux abonnés absents, et les portes des établissements scolaires publics sont fermées. Le gouvernement de son côté ne dit rien. D’ailleurs ce qui importe pour le président intégral de la IVème République, c’est l’armée pour conserver son pouvoir. La preuve en est qu’il y injecte suffisamment d’argent. En vingt-huit années de pouvoir, Idriss Déby Itno n’a pas pu créer une école doctorale au Tchad malgré les entrées pompeuses de pétrole, parce qu’il n’en trouve aucun intérêt dans ce secteur. Or du côté militaire, le pays est surarmé. Nous sommes dotés d'armes qu’aucun pays de la sous-région ne dispose. Et pourtant le président Déby n’hésite pas un seul instant à dire que la jeunesse est le fer de lance de la société. Peut-on être fer de lance sans être scolarisé ? C’est grave, Déby doit revoir sa gouvernance qui ne profite qu’à son clan, pour aider le Tchad à sortir de l’auberge. Car disait le président Sénégalais Léopold Senghor : « On ne gouverne pas la cité pour la triomphe d’un clan et la satisfaction de quelques appétits, mais pour que le grand nombre, sinon la totalité des hommes, soient mieux nourris, mieux logés, mieux portants, mieux instruits ».

Une école au Tchad. Alwihda Info/F.D.
Une école au Tchad. Alwihda Info/F.D.
Les politiques déplorent

Le secrétaire général du PLD, Mahamat Ahmat Alhabo, s’insurge : « l'avenir d’un pays c’est sa jeunesse. Ce sont les jeunes qu’on va former pour prendre le relais. Comme vous le savez, aucun pays au monde ne se développe avec une population analphabète. Quand on dépense beaucoup d’argent pour assurer l’éducation et la formation de la jeunesse c’est pour garantir l’avenir du pays. Et donc un pays qui n’a pas d’école est un pays qui n'a pas d’avenir. Malheureusement après 28 ans de règne, on est arrivé à constater que l’école publique est devenue le dernier souci du pouvoir MPS et de son chef Idriss Déby Itno. L’année passée dans les provinces, les cours n’ont duré que deux à trois mois à N’Djaména. C’est sur cette base qu’on a organisé les examens. Ces enfants là sont des enfants handicapés qu’on a formés. Partout dans le monde, l’éducation c’est d’abord les enseignants. Un système éducatif a de la valeur ou n’en a pas selon que les encadreurs sont bien ou mal formés. Mais le pouvoir au Tchad néglige les enseignants. C’est une démarche négative du pouvoir vis-à-vis de l’avenir du Tchad. Il est entrain d’hypothéquer le Tchad. Nous appelons instamment le pouvoir à renouer le dialogue avec les enseignants, leur donner ce qu’ils demandent pour que les cours reprennent. Car nous ne pouvons pas accepter que le gouvernement hypothéquer l’avenir du pays. »

Pour sa part, le Député Béral Mbaikoubou martèle que : « c’est déplorable, c’est triste pour des gouvernants de laisser à la maison une jeunesse qui finalement ne sera pas formé, ne sera pas éduqué et donc sera livré à une forme de pauvreté multiple parce que la pauvreté intellectuelle conduira à la pauvreté sociale et finalement à la précarité matérielle. On a compris que l’éducation n’a jamais été la priorité de nos autorités mais cette fois-ci c’est carrément écrit en relief. C’est une institution dont on n'a pas besoin parce que c’est un régime qui n’a besoin de devenir, pas besoin de transformation de notre société. J’ai comme impression qu’après avoir échoué sur le terrain de la lutte contre la pauvreté, le régime en place décide lutter contre les pauvre parce que les pauvres n’ont que matière grise comme ressource première. C’est d’ailleurs la ressource de développement véritable pour tout pays. Mais lorsque vous liquidez la matière, vous liquidez tout ce qui est intellectuel, vous liquidez les compétences, les intelligences de votre peuple, vous foncez droit vers le sous-développement, la décrépitude et à la longue vers un anéantissement. Nous sommes dans une situation où une très mauvaise courbe a été amorcée et si une thérapie de choc n’est pas administrée pour pouvoir changer de direction, même si on a le plus grand optimisme, il faut se dire qu’il n’y a rien à sauver ».

Le Président du parti AS, Mahamat Bichara, constate qu’on a sacrifié l’école tchadienne à cause de la mauvaise politique du gouvernement. Pour lui, la politique de l’Etat est confondue avec celle des individus. Il poursuit que le gouvernement montre sa mauvaise foi non seulement envers les syndicats mais aussi envers la population qui aussi tributaire de service de ces fonctionnaires qui sont en grève. La population attend qu’ils reprennent pour que leurs enfants patentent à l’école. Que le gouvernement arrête avec cette gestion hasardeuse de l’avenir de nos enfants, conclut-il.

Le Président du parti URD, Felix Niyalbaye, s’interroge : « un pays où il n’y a pas d’éducation est un pays mort. Je me demande qu'elle est la mission du gouvernement de la IVème République. Il est là uniquement pour les adultes seulement ».



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)