Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
INTERNATIONAL

Le déficit de femmes en Chine affecte le monde entier


Alwihda Info | Par Olufemi Terry - S.A. - 24 Juillet 2019



Les membres d’un gang de trafiquants accusés d’avoir usé de subterfuges pour pousser des femmes au mariage et à l’esclavage en Chine. Photo prise à Islamabad au Pakistan, le 9 mai 2019 (© B.K. Bangash/AP Images)
Les membres d’un gang de trafiquants accusés d’avoir usé de subterfuges pour pousser des femmes au mariage et à l’esclavage en Chine. Photo prise à Islamabad au Pakistan, le 9 mai 2019 (© B.K. Bangash/AP Images)
Le déséquilibre entre les sexes en Chine nourrit la traite des femmes étrangères issues de milieux modestes qui, kidnappées ou amadouées, finissent dans ce pays, où elles sont contraintes de se prostituer ou de se marier pour devenir ensuite des esclaves.

Les trafiquants « arrangent de plus en plus de mariages forcés et frauduleux de femmes et de filles d’Asie du Sud, d’Asie du Sud-Est, d’Asie du Nord et d’Africaines avec des hommes chinois », dénonce le rapport de 2019 sur la traite des personnes* publié par le département d’État des États-Unis.

La Chine compte 34 millions d’hommes de plus que de femmes, sur une population totale de 1,4 milliards de personnes. L’écart des sexes prend de l’ampleur chez les personnes en âge de se marier. En 2018, la Chine recensait 280 hommes de 15 à 29 ans pour 100 femmes du même âge, soit une proportion de 3 contre 1, indiquent les Nations unies.

Cette disparité devrait s’aggraver d’ici 2026, et le déséquilibre devrait durer encore pendant plusieurs dizaines d’années.

(Département d’État)
(Département d’État)
30 000 dollars pour une épouse

D’après le rapport du département d’État, « la politique du gouvernement chinois de limitation des naissances et une préférence culturelle pour les fils » favorisent les avortements sélectifs et contribuent à la disparité entre les hommes et les femmes.

Résultat : les hommes, en particulier ceux qui viennent de milieux modestes ou de zones rurales, ne parviennent pas à trouver de femmes pour se marier. Certains tentent de séduire la future épouse en faisant bâtir des maisons très coûteuses, ce qui fait grimper les prix de l’immobilier.

Selon l’OCDE*, les foyers chinois épargnent aujourd’hui environ 37 % de leur revenus disponibles (contre 7 % pour les foyers américains), soit deux fois plus qu’en 1990. Les chercheurs Shang-Jin Wei et Xiaobo Zhang affirment que la moitié de ce supplément d’épargne correspond à des économies destinées à améliorer les chances d’un fils de se marier. Comptez dans les coûts de mariage d’un fils le « prix de la mariée », une somme versée à la famille de l’heureuse élue, qui peut atteindre 30 000 dollars.

De ce taux d’épargne élevé résulte un niveau de dépenses de consommation faible, ce qui, selon les économistes, contribue au déséquilibre commercial entre la Chine et les États-Unis, rapporte le Washington Post.

Certains Chinois choisissent de payer des sommes élevées à des courtiers spécialisés contre une garantie de mariage avec une étrangère. Beaucoup font ensuite de leur « épouse » des prostituées ou des ouvrières agricoles afin de payer leurs dettes.

L’arrestation récente des membres d’un gang de trafiquants d’êtres humains* au Pakistan confirme l’impact de la pénurie de femmes en Chine sur les autres pays. Les trafiquants ciblaient les femmes de la petite communauté chrétienne, marginalisée au Pakistan. En Birmanie, c’est aux femmes de la minorité des Kachins, principalement chrétiens, que s’attaquent les trafiquants.

D’après le rapport sur la traite des personnes, la police chinoise maintient en détention des étrangères suspectées de prostitution jusqu’à quatre mois avant de les expulser pour infraction à la législation relative à l’immigration. Le département d’État recommande aux autorités d’interroger ces femmes et de chercher à identifier des indicateurs de traite, puis de les orienter immédiatement vers des services de protection des victimes de la traite des personnes.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)