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AFRIQUE

Les élus locaux africains plaident la cause de la jeunesse


Alwihda Info | Par Abou Saïd - 12 Août 2017


Cette année la Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local (JADDL) de l'Union Africaine qui est célébrée le 10 août, a axé son thème sur la «participation des jeunes». L’organisation des "Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique" (CGLU-Afrique) a saisi cette occasion pour alerter sur les défis et les opportunités que constitue la situation de la jeunesse africaine, et plaider pour des actions visant à créer plus d’opportunités en faveur de cette frange importante de la population du Continent.


Journée Africaine de la Décentralisation et du Développement Local - Par Abou Saïd

Les élus locaux africains plaident la cause de la jeunesse
Les élus locaux africains plaident la cause de la jeunesse
« La persistance des conflits et des guerres sur le continent continue à alimenter l'incertitude dans la détermination des dirigeants africains à s'efforcer et à proposer une vie meilleure pour les jeunes et les générations futures, sans parler de toutes les décisions défavorables à l’égard des jeunes en raison de la mauvaise gouvernance qui prévaut sur le continent », alerte CGLU-Afrique dans un communiqué de presse signé le 10 Aout à Rabat par M. Jean Pierre Elong Mbassi le Secrétaire-Général de l’organisation. Aussi, précise, t-il au niveau des collectivités locales et CGLU-Afrique le thème de l’édition 2017 de JADDL «participation des jeunes» est traduit plutôt par «Investir dans la jeunesse». Ce qui, estime le Secrétaire-Général de CGLU-Afrique n’est qu’une évidence, car selon le Bureau du recensement des Etats-Unis, en 2010 déjà, 63% de la population totale africaine est âgé de moins de 25 ans. « L'âge moyen de la population africaine est de 19 ans. Nous parlons de plus de 300 millions d’âmes qui deviendront 500 millions en moins de 20 ans, à partir de maintenant », relève M. Jean Pierre Elong Mbassi.

Cette situation est-elle une menace ou une opportunité ?

« Une menace si l'on considère que l'Afrique enregistre les pires résultats scolaires dans la tranche d'âge de 6 à 14 ans, avec 51% qui ne sont pas scolarisés », répond tout de go le Secrétaire-Général de CGLU-Afrique. En effet, poursuit-il, cela se traduit par l'émergence du phénomène des «enfants de la rue», dans les villes africaines où de plus en plus d'enfants et de jeunes sont sans abri et vivent et dorment dans les rues. Les chiffres du BIT donnent l’ampleur de la situation, car en Afrique subsaharienne, 3 sur 5 chômeurs sont des jeunes et 72% de la population de jeunes vivent avec moins de 2 $ par jour. Par ailleurs, 10 à 12 millions de jeunes rejoignent chaque année le marché du travail, venant ainsi grossir d’année en année, les rangs des pauvres travailleurs africains. Mais, le constat est que les jeunes africains ne ressentent aucun effet palpable de la déclaration de l’UA qui fait de l’intervalle 2009-2018 «la Décennie de la jeunesse africaine». Beaucoup de maux compliquent le sort de cette jeunesse : la persistance des conflits et des guerres ; la mauvaise gouvernance…

« Evidemment, il n'y a pas de solutions rapides pour régler la situation des jeunes et désamorcer la bombe du chômage, et la réalité est que de plus en plus de jeunes en Afrique perdent l'espoir de pouvoir concrétiser leur rêve sur le continent. Par conséquent, leur lutte désespérée de parvenir à réaliser une meilleure vie en dehors du continent, les pousse à prendre des risques incroyables pour tenter de traverser la Méditerranée au détriment de leur propre vie », déplore le Secrétaire-Général de CGLU-Afrique.

Malgré les inquiétudes l’espoir est permis

L’une des raisons qui fonde à espérer est que l'Afrique représente plus de 30% de la population mondiale des jeunes. Et selon les estimations, au cours des 20 prochaines années, l'Afrique aura l'opportunité de bénéficier d'un «dividende démographique», qui se traduira par une main-d'œuvre importante soutenant moins d'enfants et de personnes âgées, réduisant ainsi le fardeau de la dépendance et libérant des ressources pour le développement et l'amélioration de la productivité. Il y a donc de bonnes raisons d'espérer que les efforts en matière d'éducation peuvent produire des résultats en termes de main d’œuvre qualifiée et de meilleure qualité. Dans ce sens, les jeunes devraient être considérés comme les acteurs clés et uniques pour la transformation structurelle économique et sociale de l'Afrique. Ils constituent l'énergie et la créativité de l’avenir. C’est de là que proviendront le renouveau et la renaissance de l'Afrique.
Une autre raison qui permet encore d’espérer est la détermination des jeunes du continent à prendre le contrôle de leur destin, en créant leur propre emploi dans l'économie populaire, en s’investissant dans l’économie de la technologie en vue d’adapter les nouvelles technologies à la réalité du contexte économique de l’Afrique.

Mais pour que ces opportunités se concrétisent, il faut selon la CGLU-Afrique des mesures positives pour créer un environnement propice à la participation des jeunes dans la société et les collectivités locales devraient être à l’avant-garde de cette entreprise. Dans ce sens le Secrétaire-Général de CGLU-Afrique rappelle la proposition faite par le Réseau des Femmes Elues locales d’Afrique (REFELA) visant à lancer cette année une campagne sur les «Villes africaines sans enfants de la rue» en vue d’aborder ce phénomène émergent avant qu’il n’échappe au contrôle.

Aussi, les collectivités locales doivent être proactives dans la création d’opportunités pour les jeunes en posant des actes concrets bien définis par la CGLU-Afrique. Toutefois, estime M. Jean Pierre Elong Mbassi, pour que les collectivités locales adoptent une position proactive, elles doivent elles- mêmes être habilitées par leurs pouvoirs centraux. En effet, il déplore la non ratification par beaucoup de pays africains de « la Charte Africaine sur les Valeurs et Principes de la Décentralisation, de la Gouvernance Locale et du Développement Local », alors que les Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union Africaine l’ont adoptée lors de leur assemblée de juin 2014 à Malabo, en Guinée Equatoriale. À ce jour, s’indigne-t-il, seuls 11 membres de l'UA l'ont signée et seulement 2 l’ont ratifiée. Le Secrétaire-Général de CGLU-Afrique a relevé également un autre écueil, en dénonçant « les situations où les élections locales ne sont pas organisées régulièrement et à bonne date pour permettre aux populations de choisir démocratiquement leurs dirigeants locaux », et pire encore, les cas où « des élus font actuellement l’objet de remplacement par des personnes nommées pour gérer les collectivités locales ». In fine, pour le Secrétaire-Général de CGLUA-Afrique, « la célébration d'une Journée de la Décentralisation n'aura aucun sens, si les membres de l'Union Africaine ne peuvent même pas honorer des engagements pris par leurs Chefs d'Etat et de Gouvernement ».



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