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AFRIQUE

Mali : la stimulation psychosociale dans le traitement de la malnutrition


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 1 Décembre 2022


StimNut ou comment adapter la stimulation psychosociale pour les enfants malnutris au Mali.


Mali : la stimulation psychosociale dans le traitement de la malnutrition
La malnutrition chez les jeunes enfants peut avoir des conséquences à long terme et potentiellement irréversibles, notamment sur le plan cognitif. Apporter des soins nutritionnels et un traitement médical aux enfants malnutris ne suffit pas, une stimulation psychosociale s’avère aussi nécessaire : c’est l’objet de l’étude StimNut qui vise à adapter cette approche au contexte malien et la mettre en œuvre.

La malnutrition aigüe seule ou en association avec d’autres pathologies - paludisme, diarrhées, maladies des voies respiratoires, infections dites opportunistes -, reste l’une des premières de cause de mortalité des jeunes enfants au Mali. En 2021, la prévalence de la malnutrition aigüe était de 10 % chez les enfants de moins de 5 ans et celle de la malnutrition aigüe sévère de 1,8%, selon les données de l’enquête nutritionnelle anthropométrique et de mortalité rétrospective conduite en décembre 2021 par Instat.

Au-delà de la prise en charge nutritionnelle
La prise en charge des enfants malnutris repose sur un traitement médical et des soins nutritionnels. Mais la malnutrition aigüe sévère (MAS), en particulier au cours des 1000 premiers jours de la vie, entraîne d’autres conséquences graves, à savoir une vulnérabilité accrue aux infections et aux maladies, un accroissement de la mortalité précoce et des déficiences moteurs et cognitives, associées à des troubles du comportement et de la communication. « Ces retards de développement sont dus aux déficits nutritionnels, mais également à un manque de stimulation émotionnelle et psychosociale, précise le Dr Jean-Gilbert NDONG, Coordinateur Médical de Médecins Sans Frontières à Bamako. Une stimulation psychosociale précoce auprès des nourrissons et des jeunes enfants malnutris a d’ailleurs fait preuve de bénéfices à court et à long terme sur le développement cognitif et social. ».

A cette fin, Action contre la Faim (ACF) a développé une intervention de stimulation psychosociale structurée en cinq séances pour les enfants atteints de MAS dans le protocole Follow-Up of Severe Acute Malnourished children (suivi des enfants sévèrement malnutris, FUSAM). Entre 2014 et 2017, ce projet de recherche a été mis en œuvre au Népal afin d'évaluer l'efficacité d'une brève intervention psychosociale sur la nutrition, la santé et le développement de l'enfant : il a montré le bénéfice d'une intervention nutritionnelle et psychosociale combinée (StimNut) par rapport à une intervention basée uniquement sur le traitement nutritionnel chez des enfants âgés de 6 à 23 mois atteints de MAS sans complication admis dans le programme de prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë dans le district de Saptari (2,3). L'intervention psychosociale comportait des séances de communication et de jeu ; de pratiques d'allaitement et d’alimentation ; de besoins en massage, bain, sommeil et relaxation ; et une session de partage en famille.

StimNut : une stimulation psychosociale adaptée aux besoins à Koutiala

La stimulation psychosociale fait partie du Protocole de Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aigüe au Mali. Elle est toutefois rarement proposée aux enfants et à leurs familles en raison d’un manque d’expertise et de moyens, mais aussi de protocoles adaptés. « Avec le soutien de MSF, du Ministère de la santé malien et d’une ONG de développement social local, nous allons adapter les interventions FUSAM au contexte malien et évaluer leur faisabilité et leur acceptabilité à Koutiala pour les enfants âgés de 6 à 23 mois atteints de malnutrition aigüe sévère, » explique Claire Bossard, épidémiologiste à Epicentre et coordinatrice de l’étude. Présent depuis 2009 dans cette région du sud-est du Mali, où la mortalité infantile était très élevée, Médecins Sans Frontières dispense des soins médico-nutritionnels aux jeunes enfants, dans l’hôpital de Koutiala et dans plus de 30 centres de santé communautaires de la région.

La première partie de cette étude qui en compte trois a consisté à décrire les facteurs clés, les perceptions, les normes et les pratiques influençant l'état nutritionnel et le développement précoce des jeunes enfants. « Fort de cet état des lieux, nous travaillons désormais à la deuxième partie de l’étude à savoir l’adaptation du protocole FUSAM, par une démarche de recherche participative impliquant des agents de santé, des gestionnaires de programmes nutritionnels, des parents, des tradipraticiens, des informateurs clés et les chercheurs impliqués dans l'étude », précise Dr Aissatou Diallo, coordinatrice de l'étude à Koutiala. La démarche participative va nous aider à rendre cette intervention à la fois pertinente et culturellement appropriée, afin qu’elle réponde aux attentes des soignants et des intervenants. » Fin 2022, la troisième partie de l’étude – la mise en place de l’intervention de stimulation psychosociale adaptée – sera déployée auprès de 25 à 30 familles. Des séances hebdomadaires entre les parents ou accompagnants d’enfants sévèrement malnutris et des agents psychosociaux, formés pour accompagner les familles, seront dispensées dans les deux centres de santé sélectionnés pour l’étude et le service pédiatrique de l’hôpital MSF de Koutiala. Il s’agira de sensibiliser les parents ou accompagnants à l’importance de la stimulation d’éveil, du jeu et d’une relation d'attachement de qualité entre l'enfant et le parent dans le processus de rétablissement de l'enfant.

L’acceptabilité et la faisabilité de l’intégration de la version adaptée de FUSAM seront ensuite mesurées auprès du personnel de santé impliqué dans sa mise en œuvre et des parents ou accompagnants en ayant bénéficié.

Cette étude pilote pourra ensuite être étendue à un plus grand nombre d’enfants souffrant de MAS dans le district de Koutiala, et elle devrait aussi définir un cadre permettant de l’adapter à d'autres contextes.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)