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N’Djamena : Deux poulets pour 20 000 FCFA, le prix du sacrifice social


Alwihda Info | Par Barra Lutter - 26 Décembre 2025


À N’Djamena, la fête de la Nativité 2025 ne laisse plus un goût de cannelle et de partage, mais celui, amer, de l’impuissance. Quand deux poulets s'échangent pour le prix astronomique de 20 000 FCFA, la fête change de nature : elle devient un luxe insolent, une "Nativité plumée" sur l'autel de la vie chère.




  À N’Djamena, la fête de la Nativité se célèbre désormais à crédit… ou pas du tout. L'annonce que deux poulets coûtent 20 000 FCFA choque et révolte, symbolisant l'agonie d'une fête populaire étouffée par la cherté de la vie. Ce qui était autrefois un repas familial ordinaire est devenu le reflet cruel de l’effondrement du pouvoir d’achat.

 

Sur les marchés, la justification de cette flambée des prix est aussi légère qu’une plume : « C’est la fête ». Sous-entendu : payez et taisez-vous. La loi de l’offre et de la demande s’est métamorphosée en une loi du couteau sous la gorge. Si tu souhaites célébrer Noël, alors tu dois payer. Pas de moyens ? Tant pis pour la crèche.

 

Il est important de rappeler qu’un poulet coûtait autrefois 2 500 à 3 000 FCFA. Aujourd’hui, ce prix a été multiplié par cinq, voire six. Pendant ce temps, les salaires stagnent, le chômage augmente et la précarité s’installe durablement. Ce n'est pas simplement de l’inflation, c'est une asphyxie sociale.

 

Le plus grave n’est pas seulement la hausse des prix, mais le silence assourdissant des autorités. Où sont les contrôles des marchés ? Où sont les mesures de régulation promises à chaque crise ? Où est l’État quand les citoyens sont étranglés, même dans leurs moments de fête ? À force de fermer les yeux, le pouvoir semble laisser entendre que Noël, comme d’autres réalités quotidiennes, devient un privilège réservé à une minorité.

 

Cette situation s’étend au-delà du simple cas du poulet. Le prix des produits de base comme le riz, l’huile, les oignons et la viande augmente, alors que les revenus stagnent. Ainsi, la fête, qui était censée créer des liens, exacerbe maintenant les inégalités. Certains festoient, d’autres comptent leurs pièces. Certains partagent, d’autres renoncent. Beaucoup se taisent, faute d’alternative.

 

Deux poulets à 20 000 FCFA ne sont pas un détail de marché. C’est le miroir d’un pays où la vie devient trop chère pour ceux qui en portent le poids. Lorsque même la fête de la Nativité perd son sens, il est grand temps de se poser la vraie question : combien de Noëls faudra-t-il sacrifier avant que la détresse des citoyens ne soit prise au sérieux ?



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)