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ANALYSE

Nécessité de la tenue d'un dialogue politique inclusif en Centrafrique


Alwihda Info | Par Bertin BEA - 29 Décembre 2016



Bertin BEA
Bertin BEA
Avec le recul qu’il a, désormais, sur la vie politique et publique de la République Centrafricaine, l’ancien Président François BOZIZE YANGOUVONDA a fait valoir, dans un Mémorandum publié en date du 24 Novembre 2016, que le seul atout, pour une sortie durable et sincère de la crise multidimensionnelle que traverse notre pays, reste et demeure la convergence de tous les acteurs décisionnels centrafricains dans un dialogue qu’il a dénommé : Dialogue Politique Inclusif(DPI) c’est-à-dire un espace ouvert à toutes les filles et à tous les fils, sans exclusive, de la République Centrafricaine.

Il n’échappera à personne que l’ancien Président BOZIZE n’a nullement eu la prétention de définir, à aucun moment, les termes de référence ou le cadre de ce dialogue, qu’il voudrait inclusif, permanent et continu et qu’il appelle de ses vœux. Il recommande simplement un procédé et il appartient aux acteurs intéressés d’en donner le contenu, le sens et les orientations afin de mutualiser la démarche vers la paix.

Est-il besoin de rappeler l’important message, adressé par le Saint-Père, à l’occasion de la Rencontre Internationale pour la Paix organisée par la Communauté Sant Egidio en Septembre 2013, qui est d’une brûlante actualité : "Dans le monde, dans les sociétés, c’est également parce que le dialogue est absent qu’il n’y a pas de paix; on peine à sortir de l’horizon étroit des intérêts personnels pour s’ouvrir à une confrontation véritable et sincère. La paix exige un dialogue tenace, patient, fort, intelligent pour lequel rien n’est perdu.

Le dialogue peut vaincre la guerre, le dialogue fait vivre ensemble des personnes de différentes générations, qui s’ignorent souvent ; il fait vivre ensemble des citoyens de diverses origines ethniques, de convictions différentes. Le dialogue est la voie de la paix ; parce que le dialogue favorise l’entente, l’harmonie, la concorde et la paix. C’est pour cette raison qu’il est vital qu’il grandisse, qu’il s’étende aux personnes de toutes conditions et convictions comme un réseau de paix qui protège le monde et surtout qui protège les plus faibles". Fin de citation.

Or, le débat public du 17 Décembre 2016 de l’émission dénommée PATARA organisée par la Radio NDEKE LUKA sur la proposition du dialogue faite par l’ancien Président BOZIZE, a révélé par la voix du Conseiller Spécial du Président de la République, M. Fidèle GOUANDJIKA, que le Gouvernement Centrafricain n’est pas favorable à donner du sens et du contenu à l’appel au Dialogue Politique Inclusif lancé par l’ancien Président BOZIZE.

A écouter le Conseiller Spécial du Président de la République, qui n’est autre qu’un ancien collaborateur de BOZIZE, en qualité de Superviseur Général de la Convergence KNK et plusieurs fois Ministre jusqu’à l’arrivée au pouvoir des SELEKA en Mars 2013, nos gouvernants sont, en permanence, dans une posture d’amalgames, de positions tranchées et de suspicions entretenues sur des prétendues intentions qu’on qualifie toujours de supposées ou cachées.

Il y a, malheureusement, lieu de constater, que la proposition du dialogue lancée par le Président BOZIZE, devenue nécessaire voire incontournable dans le contexte actuel de notre pays, il est inimaginable qu’elle puisse être rejetée par les adeptes des déclarations diabolisantes et accusatoires qui semblent émerger et gagner progressivement même nos gouvernants.

Comme l’on peut s’en rendre compte, la confirmation de cette ligne politique, intensifiée par les nouvelles autorités se trouve dans l’argumentaire du Conseiller Spécial du Président de la République qui a clairement déclaré que le Gouvernement a choisi, désormais, de bâtir son action politique, en priorisant seulement le dialogue avec les groupes armés à travers la mise en œuvre du DDR-R, tel qu’ils l’ont convenu en leurs seins et non tel que la Représentation nationale ou la concertation politique nationale aurait pu en convenir s’ils y avaient été associés.

C’est dans ce sens, que le Gouvernement, selon les propos du Conseiller Spécial, aurait même déjà obtenu l’adhésion de tous les groupes armés y compris celle de M. Nourredine ADAM qui s’est illustré et continue de s’illustrer comme un criminel patenté et promoteur de l’idée de la partition de la République Centrafricaine.

Comme une cerise sur le gâteau, M. GOUANDJIKA a, même, lors de cette émission, révélé que l’ancien bourreau du Peuple Centrafricain Nourredine ADAM, pourtant sous sanction onusienne et faisant l’objet de poursuites judiciaires, au même titre que l’ancien Président BOZIZE, avant de signer un quelconque acte réconciliateur, voudrait s’assurer que des mesures soient prises pour la garantie de sa liberté. En d’autres termes, il pose des conditions en rapport avec sa personne avant d’envisager d’engager le pays dans la voie de la paix.

Alors, se pose la question de savoir au nom de quelles valeurs, M. Nourredine ADAM peut-il devenir un interlocuteur privilégié du Gouvernement Centrafricain et exprimer des exigences d’une telle nature pour se soustraire de toutes procédures judiciaires et que dans le même temps, l’ancien Président BOZIZE serait irrecevable, dans ses recommandations, lorsqu’il prône les vertus du dialogue inclusif, sans pour autant poser des réserves, des conditions ou des exigences liées à sa personne ?

Il apparait, dès lors, que le Gouvernement Centrafricain, tout en pratiquant une politique discriminatoire et favorable aux bourreaux, opprime les légalistes, en montrant qu’il a fait le choix de ses interlocuteurs qui ne sont autres que ceux-là mêmes qui ont massacré, tué, pillé et violé.

Notre formation politique admet, dès lors, qu’il est tout à fait du droit des nouvelles Autorités de notre pays d’idolâtrer Nourredine ADAM ainsi que les autres criminels et de renier l’ancien Président BOZIZE comme l’a fait, sans état d’âme et sans pudeur, Monsieur NGOUANDJIKA, en déclarant à l’antenne de NDEKE LUKA, "avoir fait partie de ceux qui ont applaudi à l’entrée des SELEKA à Bangui" ; puis d’ajouter avec cynisme : "la prise de pouvoir par la SELEKA est une bonne révolution qui a mal marché’’. Fin de citation.

Si le reniement est dans la nature de l’homme, il est regrettable que l’offre de Dialogue Politique Inclusif faite par l’ancien Président BOZIZE soit reçue avec toutes les suspicions allant jusqu’à lui nier la bonne foi d’un homme dont, pourtant, la prise de parole est incontournable pour l’instauration de la paix en Centrafrique.

C’est ici l’occasion d’apporter quelques précisions d’ordre juridique et constitutionnel pour éclairer la lanterne de ceux ou celles qui continuent de soutenir l’idée selon laquelle, Monsieur BOZIZE, qui serait sous le coup d’un mandat d’arrêt et sous sanction de l’ONU, ne serait pas qualifié pour prendre part à un quelconque dialogue.

Or, ni un mandat d’arrêt, ni une sanction onusienne ne peuvent être ni des sources, ni des causes de déchéance des droits civiques et politiques d’un individu non encore condamné et donc bénéficiant du principe intangible et universel de la présomption d’innocence. C’est dire que l’ancien Président BOZIZE est, bel et bien, apte à participer à un tel dialogue, si tel était le souhait de sa contribution à la consolidation de la paix en RCA.

Le fait de lui interdire le retour dans son pays natal n’est ni plus ni moins un moyen de contraindre ce dernier à l’exil en violation flagrante et grave de la Constitution du 30 Mars 2016 qui stipule en son article 5 alinéa 3 : "Nul ne peut être contraint à l’exil".

S’agissant plus spécifiquement des sanctions contenues dans la Résolution 2196 de l’Organisation des Nations Unies (ONU), il a été prévu des exceptions. En effet, les mesures imposées par le paragraphe 3 de ladite résolution ne s’appliquent pas dans les cas suivants :

1) Lorsque le Comité des sanctions établit, au cas par cas, que le voyage se justifie par des raisons humanitaires, y compris un devoir religieux ;

2) Lorsque l’entrée ou le passage en transit sont nécessaires aux fins d’une procédure judiciaire ;

3) Lorsque le Comité des sanctions conclut, au cas par cas, qu’une dérogation favoriserait la réalisation des objectifs de paix et de réconciliation en RCA et la stabilité dans la région.

La question se pose de savoir en quoi la participation de l’ancien Président BOZIZE au dialogue constituerait-elle un obstacle à l’accomplissement des objectifs de paix et de réconciliation en RCA ?

Or, en dépit de tout et en dernier ressort, il appartient aux Centrafricains et à eux seuls, à travers l’expression politique et patriotique de leurs représentants, de désigner légitimement la nature et l’identité des obstacles à la matérialisation de la paix et de l’unité nationale dans leur pays.

C’est pourquoi, loin d’être un dialogue de trop, et se situant après le Séminaire National de Réflexion de 1980, le Grand Débat National en 1992, le Dialogue de 2003, le Dialogue Politique Inclusif de 2008 et le Forum de Bangui de 2015, le Dialogue Inclusif proposé par le Président BOZIZE, consiste à créer un cadre inclusif, continu et permanent qui serait le nouveau "Contrat Social inter-centrafricain", qui gèrerait les suites de la grave crise que notre pays a traversé et qui préviendrait les dérives ou les difficultés ultérieures qui pourraient survenir contre une sortie de crise définitive et stable.

Notre formation politique est, encore plus, convaincue et déterminée à étendre les vertus et les valeurs du Dialogue Politique Inclusif, permanent et continu, comme seule voie indispensable de règlement de la crise centrafricaine.
Le KNK saisit cette occasion pour lancer un appel à toutes personnes acquises aux vertus du Dialogue Politique Inclusif, continu et permanent, à toutes les organisations nationales et à tous les partenaires souhaitant le retour de la paix et de la convivialité dans notre cher pays, la République Centrafricaine, de se mobiliser, d’exprimer librement et massivement leurs ardents désirs pour la réalisation de cet idéal commun.
Fait à Bangui, le 29 Décembre 2016

Pour le Bureau Politique


Honorable Bertin BEA
Membre du Parlement Panafricain,
Secrétaire Général,
Ancien Ministre.



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